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Trier le bois pour créer plus de valeur

Tirer le maximum de valeur de chaque bille. Tel est le mot d’ordre d’Antoine Langlois depuis qu’il a créé l’entreprise Forex Langlois en 2005.

24 juin, 2020  par Guillaume Roy


Forex-Langlois récolte environ 300 000 mètres cubes par année, dont 200 000 mètres cubes pour le Groupement forestier Mauricie, qu’il a formé pour optimiser les opérations des industriels qui ont un plus faible volume de récolte que les géants forestiers.

Tirer le maximum de valeur de chaque bille. Tel est le mot d’ordre d’Antoine Langlois depuis qu’il a créé l’entreprise Forex Langlois en 2005.

En cette fin janvier, trois entrepreneurs forestiers sont à l’œuvre pour récolter 30 000 m3 de bois dans le secteur du lac à Beauce en Mauricie, un territoire de coupe qui a été laissé de côté pendant plusieurs années par l’industrie.

« Le secteur est difficile d’accès, mais une fois rendu sur le plateau, le bois est de belle qualité, explique Antoine Langlois, le propriétaire de Forex Langlois, l’entrepreneur général en se rendant sur le chantier. On devrait être capable de sortir 10 000 m3 de plus que prévu au départ ».

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En arrivant sur le secteur de coupe qui surplombe le lac à Beauce, la taille des arbres empilée au sol est impressionnante. Bobby Lemieux, copropriétaire de Forestier Lemieux avec son frère David, ébranche les grosses billes de bois feuillu et résineux avec sa machine John Deere 2154 équipée d’une tête d’ébranchage Propac. « Bobby travaille comme un chef d’orchestre, remarque Antoine Langlois. Il ne taponne pas avec les arbres ».

Pour Bobby Lemieux, il n’y a pas de temps à perdre à taponner ou à réparer de vieux équipements. « On change nos machines aux deux ans pour être plus productif », dit-il. En plus d’améliorer la productivité, les technologies dernier cri permettent aussi de faire d’importantes économies de carburant. En changeant de modèle d’abatteuse Tigercat, pour une X822D en 2019, la consommation de carburant est passée de 56 à 36 litres à l’heure… tout en produisant davantage. Une économie d’énergie qu’il constate aussi avec son transporteur Tigercat 635.

« J’aime autant faire 12h sur le siège que 8h de mécanique, dit-il. Selon notre expérience personnelle, ça coûte le même prix d’opéré des équipements nouveaux que des vieilles machines, mais la production est beaucoup plus stable, ce qui fait que le boss et les camions ne manquent pas de bois. »

Un peu plus loin, l’équipe de travail de Sébastien Létourneau, le propriétaire d’Entreprises forestières SL, opère avec une technique de récolte originale. Une abatteuse avec une tête à scie Tigercat 570 abat les arbres de jour, alors que deux abatteuses multifonctionnelles Tiger 870C suivent pour couper le bois en longueur de jour comme de nuit, avant d’être charriées à l’aide de deux transporteurs.

« Les opérations sont plus simples comme ça parce que ça permet de faire moins d’erreurs et moins de bris la nuit et d’avoir une production plus égale dans le temps », soutient l’entrepreneur qui a calqué le modèle d’opération d’amis il y a deux ans.

Selon Antoine Langlois, cette technique a beaucoup amélioré la qualité du bois sorti tout en répondant au manque d’opérateurs d’expérience. « C’est dur de former de bons opérateurs qui peuvent travailler de nuit dans les coupes partielles », dit-il, avant d’ajouter que 60% des volumes qu’il récolte se font en coupe partielle.

Sébastien Létourneau a commencé à travailler pour Forex Langlois il y a un an, lorsqu’Antoine Langlois lui a proposé un meilleur tarif de récolte. « On doit gérer plus de paquets, mais ça en vaut le coup », dit-il. (1800-2000 par semaine.)

C’est justement le triage du bois qui permet de générer plus de valeur et ainsi augmenter la rémunération des entrepreneurs forestiers, soutient Antoine Langlois.

Trier le bois est d’ailleurs le modèle d’affaires sur lequel ce dernier a bâti son entreprise. C’est en 2005 qu’il a lancé son entreprise et démarré les opérations avec une scie à chaîne et une débusqueuse. Dès le départ, il vise à tirer le maximum de profit avec chaque bille de bois. « Pour tirer de meilleures marges, je ne veux pas faire de la saucisse », lance Antoine Langlois, qui a toujours trié 100% du bois pour générer de meilleurs revenus. Par exemple, certaines billes ont été réservées pour faire des pianos, à 1500 $/ m3 et de belles billes de pins ont été vendues pour faire des poteaux d’Hydro-Québec.

« Ça prend beaucoup de travail pour vendre le bois à sa pleine valeur, mais c’est mon modèle d’affaires », ajoute ce dernier. Pour réussir à vendre un lot de bois, il a même négocié la vente de copeaux de la Scierie Leduc à une certaine époque. Et s’il n’arrive pas à obtenir un prix juste avec des clients de proximité, il n’hésite pas à vendre son bois en Beauce, ou les scieurs sont plus habitués à négocier la juste valeur marchande, estime ce dernier.

L’avantage du transformateur
Pour maximiser ses opérations et créer davantage de valeur avec la fibre de qualité, Antoine Langlois a décidé de lancer une nouvelle entreprise de transformation, Xylo-Carbone, qui produit du charbon de bois (voir texte en page 16).

Derrière l’idée de créer plus de valeur, se cachait toutefois une autre idée : celle de regrouper les industriels de la région pour mieux trier le bois. Après avoir reçu une garantie d’approvisionnement de 20 000 m3, il a créé le Groupement forestier Mauricie (GFM), avec Domtar, Commonwealth Plywood, Scierie Dion, Scierie Adélard Goyette, Spécialistes du bardeau de cèdre et Xyloi-Carbone, des industriels qui recherchent différentes essences ou qualité de fibre. Avec un volume total en garantie d’approvisionnement (GA) de plus de 200 000 m3, GFM a octroyé le contrat clé en main à Forex Langlois, qui s’occupe de la planification, de la construction de chemin, de la récolte, du transport et du triage, une bonne façon d’optimiser les opérations. En plus des GA de GFM, Forex Langlois récolte environ 100 000 m3 supplémentaires avec les enchères réalisées par le Bureau de mise en Marché des bois.

Pour séparer le bois entre les bénéficiaires de GA et pour envoyer le meilleur bois au meilleur endroit, Forex Langlois a aménagé une première cour de triage de 4 hectares à Saint-Tite, dans la cour à bois de Xylo-Carbone. Une deuxième cour de triage sera aménagée cet été dans un secteur hors route au Lac-aux-Sables. Ce tri permet à chaque industriel d’éviter le transport inutile de bois qu’il ne désire pas dans sa cour à bois.

« La garantie d’approvisionnement nous permet d’avoir une relation directe avec le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs et d’avoir accès à leur donnée de planification forestière », remarque Nikita Touchette, le directeur des opérations de Forex Langlois. Par exemple, l’entreprise a accès à la banque de forêts qui seront mises aux enchères par le BMMB, ce qui permet de faire de la prospection, de prévoir les chemins en conséquence et d’offrir un bon prix pour obtenir le lot, dit-il.

« C’est un game-changer pour nous, parce que ça permet d’amener Forex dans la cour des grands », renchérit Antoine Langlois, car ces données permettent de mieux planifier les opérations. « On sait précisément ou on va aller pour les 5 prochaines années et on a une bonne idée pour les 10 prochaines années », soutient l’entrepreneur, qui a construit un chemin forestier de 250 000 dollars, à Lac-aux-Sables, pour accéder aux morceaux qu’il récoltera au cours de la prochaine décennie. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’il a érigé un camp forestier, construit avec les équipements de Roulotte RL, ainsi qu’un garage et un bureau administratif, un projet d’environ un million de dollars.

Ce regroupement permet à tous les bénéficiaires d’avoir accès à la fibre à un meilleur prix, car l’entrepreneur général peut réaliser des économies d’échelle. Et le volume d’affaire de Forex Langlois a doublé en trois ans.

Depuis 2005, le chiffre d’affaires de l’entreprise, qui embauche 75 personnes, est passé de 60 000 à 17 millions de dollars. Selon Antoine Langlois, le Bureau de mise en Marché des bois (BMMB), qui met aux enchères 25% des superficies à récolter, a été une opportunité d’affaire pour son entreprise, qui récolte environ 100 000 m3 de bois gagné au BMMB par année et sur les terrains privés. Avec des coûts d’opération qui augmentent constamment, ce dernier estime que l’avenir de la foresterie passe inévitablement par la création de plus de valeur avec chaque arbre récolté.

Forex Langlois en bref…
Forex Langlois offre un service clé en main, de la planification en passant par la construction de chemins et le transport.

Chaque année, l’entreprise réalise 150 km de chemins. Voici les équipements qu’elle opère :

  • Excavatrice Komatsu PC210
  • Excavatrice Komatsu PC290
  • Excavatrice Cat326F
  • Liebherr LH30
  • 2 sableuses Western
  • Camion Articule JD300D
  • Tracteur sur chenille Komatsu DR39
  • Chargeuse Rotobec 220
  • Loader WA380
  • Loader WA320
  • Niveleuse CAT 160M
  • Niveleuse Volvo 740

Forex Langlois récolte près de 300000 m3 par an. Les entrepreneurs forestiers qui opèrent pour l’entreprise utilisent :

  • 2 abatteuses multifonctionnelles Eltec
  • 1 porteur Éléphant King
  • 1 porteur JD 1910
  • 2 têtes à scie TigerCat
  • 1 abatteuse multifonctionnelle TigerCat
  • 3 Ébrancheuses JD
  • 1 grapple Tigercat
  • 1 grapple Cat
  • Liebherr 934
  • 25 camions de transport


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