«Il existe déjà des chemins forestiers pour récolter une partie du bois brulé», lance Steeve Saint-Gelais, le président du Groupe Boisaco. La décision de ne pas permettre la récolte du bois brûlé prise par le MRNF l’inquiète. Ce secteur fait partie du territoire où Boisaco tire la majorité de son approvisionnement en bois.
«Le MRNF a effectivement informé la compagnie Boisaco que le bois du feu 353 ne sera pas récupéré, soutient Marie-Joëlle Côté, conseillère en communication pour le MRNF par courriel. Ce feu se situe majoritairement à l’intérieur du projet d’aire protégée soumis par la communauté de Pessamit au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). À la suite de plusieurs tentatives d’harmonisation, la communauté est défavorable à la récupération du feu 353. Dans ce contexte, les autorités du MRNF ont pris la décision de ne pas procéder à la récupération des bois brûlés pour le feu 353.»
Cette dernière ajoute qu’une partie du secteur est également concernée par des mesures intérimaires de protection de l’habitat du caribou forestier.
Au MELCCFP, la relationniste de presse Sophie Gauthier mentionne que «la proposition d’aire protégée Pipmuacan est actuellement en analyse afin d’évaluer sa contribution potentielle à l’atteinte des cibles en aires protégées».
La Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards, mise sur pied par le gouvernement du Québec, a également recommandé la protection de ce territoire à l’été 2022.
Récolter pour régénérer plus rapidement
Les représentants de Boisaco ont été informés de la situation, mais Steeve St-Gelais se demande pourquoi la zone qui se trouve en dehors du projet d’aire protégée et hors du secteur sensible pour les caribous ne peut pas être récoltée.
«Si on ne récolte pas, ça prendra plus de temps à la forêt pour se régénérer.»
— Steeve St-Gelais
En récoltant les arbres morts, il aurait été possible de reboiser les superficies permettant à la forêt de reprendre ses droits plus rapidement, permettant un retour plus rapide des caribous dans ces secteurs, estime ce dernier.
Le feu 353 a brûlé 16 700 hectares de forêt et 20% de cette superficie aurait pu être récupérée selon Boisaco, ce qui représente 350 000 mètres cubes de bois. Steeve St-Gelais s’inquiète de l’impact de la décision du MRNF sur l’approvisionnement forestier. «On ne sait pas quand les possibilités seront recalculées, mais c’est sûr qu’il y aura des impacts», dit-il.
«Ça ne fait pas de sens qu’on ne favorise pas la régénération en récoltant un maximum de superficies incendiées. On comprend la sensibilité pour le caribou et on aurait pu faire de l’aménagement forestier différent, notamment en fermant les chemins forestiers, pour permettre le retour de la forêt le plus vite possible».
Alliance forêt boréale déplore elle aussi la décision du MRNF de ne pas autoriser la récolte de bois brûlé dans le feu 353 au nord du réservoir Pipmuacan. «Les feux de cet été ont dévasté 1,5 million d’hectares de forêt, ce qui a contribué à l’émission de tonnes de CO2. Si, en plus, il n’est pas possible de récolter ce qui est encore récupérable, cela devient une catastrophe pour nos communautés», affirme, par voie de communiqué, le président d’AFB et préfet de la MRC du Domaine-du-Roy, Yanick Baillargeon.
L’alliance interpelle directement la ministre des Forêts et des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, pour qu’elle reconsidère sa décision qui a des conséquences néfastes sur la forêt ainsi que pour les communautés qui dépendent de cette industrie.
Malgré des demandes d’entrevue, il n’a pas été possible d’obtenir une réaction des élus de Pessamit à ce sujet.