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Le dernier mot: Un problème de volonté politique?

Et si le problème en était plus un de vision, d’objectifs et surtout de volonté politique?

2 août, 2022  par François laliberté ing.f., Ph.D.


Récemment, sous la pression de certains groupes, le gouvernement du Québec s’est dit ouvert à étudier le renvoi des secteurs Faune et Parcs au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques. La raison invoquée : le MFFP ne prêterait pas suffisamment d’attention aux dossiers de ces secteurs et favoriserait constamment les dossiers forestiers à caractère économique. Certains groupes préconisent également le retour du secteur Forêts au ministère des Ressources naturelles. On espère ainsi que les dossiers Faune et Parcs bénéficieront d’un meilleur rapport de force et d’une meilleure écoute auprès des politiciens. Avouons que du point de vue de l’opinion publique, cette solution paraît attrayante.

Je crois qu’il s’agit là d’une fausse bonne idée. Rappelons que cette formule a déjà été appliquée. Mentionnons également que les acteurs des secteurs Faune et Parcs tentent depuis longtemps de faire reconnaitre leur contribution économique pour contrebalancer celle du secteur Forêts. Scinder ces secteurs n’éliminerait pas les guerres internes au gouvernement, bien au contraire. Nous n’avons qu’à nous rappeler le dossier récent des aires protégées ou celui encore plus d’actualité de la norme sur le nickel.

Et si le problème en était plus un de vision, d’objectifs et surtout de volonté politique? Faire du milieu forestier un milieu riche de biodiversité et pourvoyeur de services environnementaux et de biens renouvelables; un milieu qui contribue à la lutte aux changements climatiques et au bien-être des communautés et des humains qui les composent.

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Une telle vision rassembleuse passe nécessairement par une gestion collaborative. C’est ce que propose l’OIFQ depuis plusieurs années en mettant de l’avant le concept d’aménagiste désigné. Il s’agit d’une instance de gestion du milieu forestier ancré dans le territoire et regroupant des décideurs locaux de toutes provenances. Cette instance serait supportée par une équipe de professionnels agissant en complémentarité pour permettre une synergie des expertises de chacun. Bien que redevable au gouvernement en fonction d’objectifs et d’orientations générales, l’aménagiste désigné devrait pouvoir établir ses propres objectifs locaux et les moyens de les atteindre. Il aurait également le devoir d’être autosuffisant financièrement, et même d’assurer un partage des bénéfices entre les parties prenantes.

Cette proposition de l’OIFQ n’est pas une approche complètement nouvelle, puisque des modèles similaires sont implantés ailleurs dans le monde, notamment en Scandinavie, en Nouvelle-Zélande et plus près de nous, en Ontario. Rappelons également qu’une formule similaire avait été proposée dans le livre blanc de feu le ministre Claude Béchard.

Il est temps de tenter une approche différente de celles qui ont été mises en place dans le passé, puis abandonnées. Revenir en arrière serait de la folie. Cette folie est déjà à l’œuvre à en juger par les débats parfois violents et toujours stériles qui ont cours à propos de l’aménagement de nos forêts. Cette folie atteint des sommets en ce moment avec l’enjeu de la protection du caribou forestier. Si nous continuons à gérer les problèmes en utilisant la même approche, nous ne devons pas nous attendre à des résultats meilleurs. Avec l’accélération des changements dus aux contextes climatique, économique, géopolitique et social, les problèmes seront toujours plus nombreux et les perceptions toujours plus clivantes. Il est temps de créer des lieux où les parties prenantes peuvent discuter et trouver des solutions pour lesquelles elles assumeront des responsabilités et s’engageront dans la voie de la réussite.

En cette période préélectorale, le moment ne serait-il pas opportun pour créer un lieu de réflexion des forces vives du milieu forestier afin d’offrir au prochain gouvernement des pistes de modifications significatives du cadre de gestion forestière québécois ? Je crois que nous sommes rendus à ce carrefour. 


François laliberté ing.f., Ph.D.
Président de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec


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