Près de 350 000 hectares de forêts sont en danger de connaître un échec de régénération selon les calculs faits par le Forestier en chef, Louis Pelletier, qui a présenté ces chiffres lors d’une conférence de presse faite par téléconférence. Autrement dit, la forêt produira beaucoup moins de bois que par le passé sur ces territoires.
«En voyant l’impact des feux sur la régénération, on a décidé d’agir immédiatement dans certaines unités d’aménagement, dit-il. J’ai appliqué le principe du 75%, sur la base qu’il reste de l’information à venir. » Par exemple, la caractérisation détaillée des feux, le taux de récupération du bois brûlé et le plan d’investissement en sylviculture du gouvernement restent à faire.
«La recommandation que je fais à la ministre est d’abaisser la possibilité forestière de 619 400 mètres cubes à partir du 1er avril 2024», a mentionné Louis Pelletier. La possibilité forestière sera à nouveau ajustée à l’automne 2024, lorsque toutes les données auront été intégrées pour faire le calcul.
La majorité de cette baisse touchera le Nord-du-Québec (-512 200 m³) et l’Abitibi-Témiscamingue (-88 700 m³), ainsi qu’une petite partie en Mauricie (-9500 m³).
Des impacts concentrés dans certaines régions
Les feux de forêt historiques de l’été 2023 ont touché 1,3 million d’hectares de forêt, dont 920 000 hectares se trouvaient sous aménagement forestier, c’est-à-dire qu’ils entraient dans les calculs du Forestier en chef.
Plus de 80% des superficies brûlées se retrouvent dans 17 unités d’aménagement qui se trouvent dans le Nord-du-Québec et en Abitibi-Témiscamingue, et en Mauricie. Le Forestier en chef a concentré ses efforts sur 13 de ces unités d’aménagement, considérées préoccupantes, où plus de 5% des forêts ont brûlé.
L’impact des 20% de forêts brûlées hors de ces secteurs sera calculé lors du prochain calcul de la possibilité forestière du Forestier en chef pour la période 2028-2033. Ainsi, la possibilité forestière n’est pas affectée pour l’instant au Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord.
La baisse de 618 500 mètres cubes représente environ 2% des volumes récoltés au Québec par année sur un total de 34 916 800. Le problème vient du fait que les baisses sont concentrées dans seulement quelques régions.
« Les impacts sociaux seront concentrés dans certaines régions, particulièrement dans le Nord-du-Québec, une région fortement dépendante de la transformation du bois et de l’aménagement forestier, remarque Louis Pelletier. La baisse de près de 500 000 mètres cubes sur un volume de bois de 4 millions de mètres cubes, c’est important ».
En termes précis, ça représente une baisse de la possibilité forestière de 13% pour le Nord-du-Québec et de 2,1% pour l’Abitibi-Témiscamingue. Une seule unité d’aménagement est touchée en Mauricie et la baisse est de 0,2%.
Pour l’instant, il n’est pas possible de savoir quelles entreprises subiront les impacts et dans quelle proportion, car c’est le ministère des Ressources naturelles et des Forêts qui fera l’attribution et la planification forestière au cours des prochains mois.
« Ces informations seront pertinentes pour les décideurs, pour évaluer l’ampleur des superficies à reboiser pour les prochaines années en vue d’établir leur plan d’investissement », a remarqué Louis Pelletier, tout en remarquant qu’il faut revoir et réfléchir à notre aménagement forestier en fonction des défis liés aux changements climatiques. Ce dernier souligne que les investissements de l’État auront un impact non seulement sur la possibilité forestière, mais aussi sur notre capacité de maintenir nos forêts pour les générations futures.