Opérations Forestières

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Éditorial – La patience est de mise, mais…

Selon un rapport de la Banque TD publié à la fin septembre, la patience est toujours de mise pour l’industrie forestière au Canada. Selon ces observations, une reprise de l’industrie devrait montrer le bout de son nez quelque part à la fin de 2013

22 mars, 2013  par Mariève Paradis


Depuis les dix dernières années, l’industrie forestière s’est amaigrie, conséquence d’une compétition féroce et d’une diminution de la demande. La crise économique aux États-Unis a, pour certains, planté le premier clou dans la tombe de l’industrie forestière canadienne. Or, la demande croissante de la Chine est venue à la rescousse de la filière bois, notamment dans l’ouest du Canada. Les exportations canadiennes de bois vers la Chine ont grimpé de 100 % en 2010 et jusqu’à 140 % pour 2011. La Chine compte maintenant plus de 20 % de son bois des importations canadiennes, alors qu’elles n’étaient que de 1 % en 2006. La Chine a même dépassé le Japon à la fin de l’année dernière comme le deuxième marché en importance du Canada après les États-Unis. Et cette demande de la Chine continuera d’augmenter selon la TD. Les analystes estiment une croissance de la demande chinoise de 10 % par année jusqu’en 2015.

Mais les États-Unis représentent encore le marché principal pour l’industrie forestière canadienne, soit 60 % de toutes les exportations canadiennes en 2010. Les mises en chantier au pays de l’Oncle Sam sont donc encore intrinsèquement liées à la santé de la filière bois canadienne. Or, le marché de la construction de maisons aux États-Unis se trouve dans des bas-fonds record alors que le prix des maisons continue de chuter et que l’offre des maisons sur le marché augmente.

Au Canada, la demande en bois reste stable, soit 45 % du marché. À court terme, l’augmentation de la demande ne semble pas être au programme. Les foyers canadiens présentent un taux d’endettement important, ce qui n’encouragera pas les Canadiens à rénover leur maison.

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Bien que les nouvelles à court terme ne soient pas très reluisantes, il ne faut pas attendre les bras croisés, en espérant une baisse des coûts de transport vers la Chine, une reprise des mises en chantiers aux États-Unis ou d’une envie collective des Canadiens pour la rénovation.

J’ai pu le constater moi-même lors du Carrefour Forêt Innovations en octobre dernier, l’industrie forestière canadienne et québécoise, a quelque chose à se mettre sous la dent. Il y aura certes des défis de restructuration avec le nouveau régime pour les entreprises traditionnelles travaillant dans le bois d’œuvre, mais les nouveaux produits (et ses nouvelles applications) permettront certainement à l’industrie de se trouver de nouveaux marchés. Il faut savoir faire confiance en ces innovations, ces nouveaux produits et accepter que la place du 2 X 4 n’est peut-être plus à l’avant de l’industrie. Il y aura certes encore des besoins de bois de construction, mais l’avenir et la rentabilité sont dans la diversité des produits à offrir à différents marchés.

Le rapport de TD mentionne également que les entreprises qui réussiront à garder le fort ouvert jusqu’en 2013 pourront vivre une croissance importante. Certes la patience est de mise, mais les plus créatifs, ceux qui regarderont plus loin que ce qu’ils ont fait dans les 50 dernières années seront prêts à attaquer de nouveaux marchés. Et pour ce faire, il faut retenir notre main-d’œuvre qualifiée et spécialisée dans l’industrie forestière.

Martin Fournier, du CFP de Forestville mentionnait lors de la Semaine du bois qu’avec le Plan Nord, beaucoup de jeunes délaissent l’industrie forestière pour aller travailler pour les entreprises minières. L’industrie forestière reste donc sur sa faim. La compétition est forte et les forestiers ont une bonne réputation (consciencieux, prudent, responsable, travaillant).

Les compagnies minières ont le bras long et viennent chercher les meilleurs pour travailler dans leur entreprise. On voit d’ailleurs déjà des problèmes de main-d’œuvre importants, entre autres sur la Côte-Nord à Fermont, Schefferville et Sept-Îles. Plusieurs entrepreneurs forestiers peinent à trouver des opérateurs pour leur machinerie, et même certains centres de formation éprouvent de la difficulté à recruter des professeurs. M. Fournier croit qu’il faut savoir retenir la main-d’œuvre qualifiée et inspirer les jeunes à se joindre à l’industrie forestière. Ce serait trop bête de voir l’industrie se remettre de la pire crise de son existence, en pleine pénurie de main-d’œuvre!

Mariève Paradis
Rédactrice en chef
mparadis@annexweb.com


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