Opérations Forestières

Nouvelles Nouvelles de l’industrie
Agir maintenant pour assurer l’avenir de nos forêts

15 février, 2024  par Guillaume Roy. Initiative de journalisme local


Les changements climatiques transforment nos forêts. Avec les feux de forêt plus fréquents, les erreurs de régénération pourraient faire disparaître de grandes superficies forestières, selon le Forestier en chef. Comme piste de solution, il propose d’accentuer le reboisement, de favoriser la migration des espèces et de créer des zones pour spécifiques pour les différentes utilisations de la forêt.

Si la stratégie d’aménagement actuelle est maintenue, la possibilité forestière connaîtra une forte baisse, car avec les feux plus fréquents, il y aura plus d’erreurs de régénération. C’est du moins ce que laisse présager un modèle présenté le Forestier en chef, Louis Pelletier, avec un réchauffement modéré, de 1,6 à 4,2 °C pour la période de 2071 à 2100.

C’est dans le cadre de l’assemblée générale annuelle de l’Association forestière du Saguenay-Lac-Saint-Jean que ce dernier est venu faire une présentation de ses réflexions sur l’aménagement forestier en cette ère de changements climatiques.

Advertisement

Le Forestier en chef a calculé que les feux de forêt de l’été 2023 ont eu un impact majeur, réduisant la possibilité forestière de 850 000 mètres cubes. Cette baisse est notamment causée par les superficies qui se régénéreront mal après le feu sans intervention. «Selon nos travaux, il y aura 148 000 hectares en échec de régénération et près de 200 000 hectares où il y aura des déficits de régénération», a-t-il mentionné.

Avec les feux de forêt plus fréquents prévus avec les changements climatiques, les impacts cumulatifs de ces erreurs de régénérations seront énormes, car la possibilité forestière chute graduellement avec le temps. «On aura beaucoup plus forêts de forêts non stockées, c’est-à-dire des forêts ouvertes ou des landes forestières», note Louis Pelletier.

Pour atténuer de tels impacts, le reboisement systématique des sites les plus productifs après perturbation, que ce soit un feu ou la récolte, permet de compenser partiellement la réduction de la possibilité forestière. «La sylviculture intensive et l’enrichissement en essences feuillues permettent de pallier les effets sur la possibilité forestière», note Louis Pelletier, qui tient à ajouter des mises en garde à toutes les modélisations présentées, car elles ont été effectuées selon des scénarios précis et que plusieurs facteurs peuvent influencer les résultats.

La sylviculture intensive et l'enrichissement des arbres feuillus permettront d'atténuer les impacts des changements climatiques selon les modèles du Forestier en chef.

Les forêts en perdition même sans récolte

La récolte forestière n’est pas le facteur prédominant dans la baisse de la possibilité forestière, car ce sont les erreurs de régénération causées par les feux qui ont le plus grand impact.

Selon un autre scénario évalué sans intervention humaine, la forêt québécoise reculerait encore davantage que dans le scénario avec récolte et reboisement, souligne le forestier en chef, car les erreurs de régénération seraient plus fréquentes.
Plus de 180 personnes ont assisté à la présentation du Forestier en chef, dans le cadre de l'assemblée générale de l'Association forestière du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Agir maintenant

La structure et la dynamique des forêts évolueront avec les changements climatiques, mais les mesures d’adaptation permettront de compenser au moins partiellement à la diminution de productivité des forêts dues, estime le Forestier en chef.

Il faut toutefois commencer les actions dès maintenant, car les impacts de l’aménagement forestier sont limités, dit-il. Au Québec, on récolte 0,9% des 42 millions d’hectares de forêts chaque année. De plus, 28% des forêts récoltées sont reboisées et la balance repousse par régénération naturelle. Il faut donc agir maintenant pour influencer l’avenir des forêts, en reboisant des espèces mieux adaptées aux conditions futures, alors que les impacts des changements climatiques sont bien présents.

«Le statu quo de nos pratiques n’est pas une option pour avoir une forêt en santé, mieux adaptée aux conditions du futur», remarque Louis Pelletier.

Ce dernier se réjouit que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, ait accepté sa proposition de lancer une réflexion sur l’avenir des forêts. Ce sont d’ailleurs les Tables de réflexion sur l’avenir des forêts, qui permettront de développer une vision commune et de trouver des solutions pour préserver la biodiversité, les services écosystémiques ainsi que les avantages socio-économiques associés à la forêt, estime le Forestier en chef.

Après s’être doté d’une vision, il faudra faire des choix de société pour allouer les montants nécessaires pour réaliser cette vision, poursuit-il.

Des zones pour chaque utilisation

Pour favoriser l’acceptabilité sociale, Louis Pelletier propose notamment d’implanter des zonages spécifiques pour différentes utilisations de la forêt, comme la protection de la biodiversité, l’utilisation multiusage de la forêt et la production de bois intensive. «Le zonage en fonction des priorités aiderait à clarifier les objectifs liés au territoire, à savoir qu’est-ce qu’on fait sur ce territoire-là, ce qui est permis et vers quoi on s’en va», a-t-il mentionné.


Imprimer cette page

Advertisement

Stories continue below