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Vente de Résolu: des investissements en vue, prévoient les économistes

7 juillet, 2022  par Le Quotidien


En faisant l’acquisition de Produits forestiers Résolu (PFR), Domtar deviendra la plus grosse entreprise forestière du Québec. Selon les économistes forestiers, cette transaction rime avec des investissements à venir, qui permettront d’accélérer la conversion des usines de papier journal.

« Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais les investissements majeurs sont inévitables », lance Michel Vincent, économiste en chef au Conseil de l’industrie forestière du Québec. « C’est une excellente nouvelle de voir que des entreprises s’intéressent aux actifs au Québec. Domtar n’achète pas des actifs pour rien, c’est pour investir ».

Le président directeur général du CIFQ, Jean-François Samray, voit aussi d’un bon œil cette acquisition, d’une valeur estimée à 2,7 milliards de dollars américains. « C’est normal de voir des phases de concentration », dit-il, ajoutant que Domtar a le moyen de ses ambitions pour créer davantage de valeur ajoutée au Québec.

Même son de cloche du côté de Louis Dupuis, économiste forestier chez S.Guy Gauthier Évaluateur. « Globalement, je pense que c’est une bonne nouvelle, parce que Domtar a une vision de développement différente de celle de Résolu, plus axée sur la production de produits innovants », note-t-il.

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À l’heure actuelle, PFR opère plusieurs vieilles usines construites dans les années 1940-1950 pour la production de papier journal, à une époque où il fallait de la fibre de qualité pour faire du papier. « Résolu est un des plus gros producteurs de papier journal en Amérique du Nord, mais c’est un produit en décroissance, en chute libre », souligne Louis Dupuis.

« Il faut que la vision change, parce que c’est le secteur du sciage qui doit compenser les pertes dans le secteur du papier, dit-il. Les belles années du papier journal ne reviendront pas et Domtar pourrait accélérer la conversion de certaines usines papier journal vers des produits plus environnementaux, notamment des produits pour remplacer les emballages et les plastiques. » Il cite en exemple les papiers et cartons spécialisés pour l’alimentation.

Michel Vincent souligne que la pandémie a accéléré la chute du papier journal et que certaines usines sont dues pour passer à autre chose. « Les usines sont encore en très bon état, mais le plus important, c’est que la main-d’œuvre et la connaissance sont toujours présentes, dit-il. C’est un bon moment pour les acheter et faire quelque chose d’autre avec ».

De plus, Domtar a développé une expertise de développement de produits innovants, avec sa filiale Celluforce, qui commercialise de la cellulose nanocristalline. Cette expertise pourrait aider au développement de marché de filaments de cellulose à l’usine de Kénogami. «  »


« Domtar est définitivement plus axée sur les produits innovants et durables. L’entreprise a accès à plus de capitaux pour permettre la conversion d’usine. »
 Louis Dupuis

Le représentant national du syndicat Unifor, Daniel Cloutier, a pris acte de la nouvelle présentée ce matin, saluant au passage l’annonce de Domtar de conserver le siège social à Montréal ainsi que le niveau d’emploi. « On a beaucoup d’intérêt pour la transformation de l’usine de Gatineau, mais on constate qu’il n’y a aucune mention des usines fermées à Amos et à Baie-Comeau, ce qui amène un point incertitude », dit-il.

En théorie, la transaction semble intéressante, car elle peut permettre une consolidation et des investissements. « On se demande en quelle mesure tout ça va se réaliser et on souhaite rencontrer la direction rapidement pour en savoir plus », dit-il.

Rapatrier Domtar au sein du CIFQ?

Il y a quelques années Domtar avait décidé de quitter le CIFQ, car il existait des divergences de vision entre les deux entités. L’achat de PFR par Domtar et l’évolution de certains dossiers pourrait toutefois mener à des rapprochements. « On travaille sur plusieurs projets conjoints et la division du sciage de PFR demeure au sein du CIFQ », note Jean-François Samray.

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Des élus confiants

Les élus de la région ont appris la nouvelle de l’acquisition de PFR par Domtar dans les médias. Luc Gibbons, le maire de Saint-Félicien note qu’aucun indice ne laisse présager des pertes d’emplois et il demeure positif pour l’avenir des usines.

Le préfet de la MRC Maria-Chapdelaine, Luc Simard, souligne pour sa part que Domtar a déjà été le propriétaire de l’usine de pâtes et papiers de Dolbeau-Mistassini entre les années 1960 et 1990. « On espère que ça amènera de nouveaux débouchés dans le secteur des pâtes et papiers et qu’il n’y aura pas de fermetures causées par une concurrence entre les usines de Domtar sur les mêmes produits », dit-il.

Étant donné que Domtar n’est pas présente dans le secteur du sciage, le préfet attend d’avoir une rencontre avec l’entreprise pour en connaître davantage sur leurs plans d’avenir.


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