Opérations Forestières

En vedette Nouvelles Nouvelles de l’industrie Femmes en foresterie Sciage Scierie
Petit joueur, grandes ambitions

La direction de Boismax a tout misé pour offrir de nouveaux services et maximiser ses performances. Avec succès.

20 septembre, 2023  par Maxime Bilodeau


Philippe Côté et Jessy Gendron, les propriétaires de Boismax PHOTOS: Maxime bilodeau

La fortune sourit aux audacieux, le succès que savoure Services Boismax en est la preuve. L’entreprise familiale spécialisée dans la transformation de bois d’œuvre de Scott, aux portes de la Beauce, a dépensé plus de 12 millions de dollars depuis 2018 pour moderniser ses installations. Une somme considérable pour ce petit joueur de la deuxième transformation – 90 % de son chiffre d’affaires provient de contrats de sous-traitance, donc non garantis.

« C’est le projet de notre vie ! On nous trouve fous d’avoir pris ce pari », affirme Jessy Gendron, directrice exécutive de Services Boismax, qui a « troqué les talons hauts pour les bottes à cap d’acier » il y a quelques années pour se consacrer à l’entreprise de son conjoint, Philippe Côté. « Nous avons investi plus ce que nous valions pour doubler la superficie de notre usine », souligne celle qui travaillait auparavant dans l’industrie pharmaceutique.

Nouvelle ligne
Le vaste chantier s’est ouvert avec l’aménagement d’une seconde ligne de production en collaboration avec Machinage Piché et BID Group. C’est elle qui permet aujourd’hui à Services Boismax de continuer à tirer son épingle du jeu. « Nous nous spécialisons dans les produit mal-aimés, comme le deux-par-trois. On cogne à notre porte pour bénéficier de la flexibilité de nos installations », indique Jessy Gendron. Bien que variable, le volume quotidien de production de l’entreprise est de 300 000 à 500 000 pmp.

Advertisement

Fait intéressant : Services Boismax n’a jamais mis ses activités sur pause tout au long de ses rénovations. Les vieilles installations, manuelles, ont en effet continué à fonctionner en parallèle. Une décision heureuse, raconte-t-elle : « Pendant que nous connaissions des problèmes de démarrage prévisibles, mais non moins frustrants, nous continuions à engranger des revenus. » L’ancienne ligne opère d’ailleurs toujours, a constaté Opérations forestières sur place.

La mise en place de la seconde ligne de production s’est poursuivie en 2021 avec l’ajout de deux raboteuses haute vitesse fabriquées par Les Produits Gilbert et Atelier Fabrication RY. Puis, elle s’est conclue l’année suivante avec l’arrivée d’une machine de classement MSR Ecoustic, qui « fonctionne à des vitesses allant jusqu’à 380 planches par minute, offrant une fiabilité constante », peut-on lire sur le site Web du fabricant. L’installation a été réalisée par BID Group.

« Dès le départ, nous avons multiplié les visites auprès de clients avec qui nous faisons affaire. Sur place, nous les interrogions sur ce qu’ils aiment dans leur usine et, surtout, ce qu’ils changeraient », raconte Jessy Gendron, qui recommande chaudement de procéder ainsi. Et pour cause : cette stratégie leur a permis de mieux définir leurs besoins et d’ainsi prendre des décisions éclairées. « Nous avons par exemple prévu de l’espace supplémentaire pour augmenter nos capacités de classage. »

Séchoir déplaçable
Tout n’a cependant pas été clé en main pour l’état-major de Services Boismax. En 2020, l’entreprise a acquis et installé le premier séchoir à bois déplaçable sur rails encastrés dans un plancher radian en béton au Québec. Le tour de force réside dans l’adaptation de cette technologie européenne à notre climat nordique ; un système au glycol maintient la température des rails de fer au-dessus du point de congélation de sorte que la glace ne s’y forme pas.

« Nous avons dû nous impliquer pour concrétiser cette innovation. Comme le séchoir fonctionne au gaz naturel et à l’électricité, il a par exemple fallu trouver une solution pour protéger les entrées des conduites qu’il faut obligatoirement débrancher avant de l’opérer », se souvient Jessy Gendron. La solution finalement retenue – de banals murs séparateurs – est celle qui a été privilégiée.

Cet investissement dont le coût global s’élève à plus de 1,5 million de dollars permet à Services Boismax de compléter son offre de services. « Au lieu de remplir et vider le séchoir, ce dernier se déplace par lui-même. On a l’impression qu’il s’agit d’un gros monstre qui mange un lot de bois [l’équivalent de quatre remorques pleines de 53 pieds] », explique-t-elle. Résultat : des économies significatives de temps de manutention, de l’ordre de plusieurs dizaines d’heures par année.

Consolidation
Au moment d’écrire ces lignes, à la fin mai dernier, Service Boismax avait mis le point final à ses efforts de modernisation. Ce faisant, elle confirmait sa place de « plus gros parmi les petits, voire de plus petits parmi les gros », lance Philippe Côté, président et cofondateur de Services Boismax. « Une entreprise qui n’investit plus est condamnée à péricliter », rappelle celui qui fait partie de la quatrième génération de la famille Côté à œuvrer dans l’industrie du bois.

L’automatisation d’une bonne partie des opérations de Services Boismax la place l’abri des enjeux de main-d’œuvre. Car, fait rare dans l’industrie ces temps-ci, sa trentaine de postes est comblée. « Comme les tâches sont moins exigeantes sur le plan physique, nous embauchons des catégories de personnel non traditionnelles, comme des femmes et des semi-retraités », détaille Jessy Gendron. La centaine d’heures hebdomadaires de production a en outre été fragmentée pour accommoder un maximum d’employés.

En attendant une éventuelle reprise du marché du bois, Services Boismax s’évertue à consolider ses acquis. « Si le passé est garant de l’avenir, il est très difficile de se prononcer sur ce que nous réserve la suite des choses. Cela dit, on s’attend à une augmentation de la demande dans le secteur de la construction résidentielle dans les prochaines années, tant au Canada qu’aux États-Unis, prévoit-elle. En 2024 ? Ou en 2025 ? Ça reste à voir. » 


Imprimer cette page

Advertisement

Stories continue below