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Lettre à une jeune forestière

7 mars, 2024  par Marie-Eve Sigouin, ing.f. M.Sc., Enseignante en technologie forestière au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue


Marie-Eve SigouinMarie-Eve Sigouin

Depuis septembre 2023, j’embrasse une nouvelle carrière en foresterie : celle d’enseignante en technologie forestière au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Il y a de cela une trentaine d’année (oui déjà!), j’étais moi-même assise sur les mêmes bancs d’école en place et lieu de mes étudiantes et étudiants. C’est donc pour moi un retour aux sources, là où s’est développé ma passion pour le milieu forestier. Je dis développé, car oui, m’inscrire à la technique en aménagement forestier n’était pas une idée qui m’était venue d’emblée avant d’arriver au Cégep et (attention divulgâcheur qui suit) a été plutôt le fruit d’une suggestion de l’orienteur devant mon indécision sur mon choix de carrière.

Marie-Eve Sigouin et ses élèves

Marie-Eve Sigouin et ses élèves

Une histoire de passion

Je me rends compte avec les années que les chemins qui mènent à la foresterie sont nombreux et les motivations des aspirants.es-forestiers.ières très diversifiées. Cependant, un point nous rassemble : l’amour de la forêt. Contrées sauvages ou paysages aménagés, avec toujours en premier plan, les arbres, les écosystèmes et leurs habitants, mais aussi le matériaux bois. Invariablement, l’environnement forestier est notre sanctuaire.

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Sur les bancs d’école, j’étais intéressée par tout ce qu’on m’enseignait et totalement investie dans mes études. Je vois cet intérêt et cette détermination dans les yeux de certains de mes étudiants. Je suis particulièrement fière quand je vois l’étincelle dans les yeux de l’une de mes étudiantes. Nostalgie… peut-être.

Pour avoir fait mon petit bonhomme de chemin en foresterie au niveau de la recherche, du transfert technologique, la certification forestière ainsi que l’aménagement des forêts publiques avec tout ce que cela implique (consultations, contrats, opérations, relations industrie-ministère-autochtone-public), j’ai eu l’opportunité de côtoyer divers milieux de travail et établir des liens solides avec de nombreux partenaires provenant de divers organismes. Alors le statut de femme en foresterie, dans un métier non-traditionnel, je le porte depuis trente ans et j’ai parfois (même souvent) eu à le défendre.

Ce que je ne dirai pas à mes étudiantes

L’intégrité et l’équité ont toujours été deux valeurs chères à mes yeux. J’évalue les travaux de mes étudiants.es sur la même base et ne fait certainement pas de distinction selon le genre. Mais comment dire à mes étudiantes que le milieu de travail ne les traitera peut-être pas équitablement (Oh, peut-être pas intentionnellement ou oui, parfois. Peut-être pas de façon flagrante, mais différemment, certainement). Que dans une ère qui se targue de diversité et d’inclusion, leurs paroles et leurs idées seront parfois ignorées, ou non sollicitées, qu’elles devront parfois insister pour se faire entente. Qu’elles devront lever les coudes et bousculer un peu pour faire leur place.

Ce que je dis à mes étudiantes

Au fil des 30 dernières années, j’ai vu les femmes tranquillement investir le milieu forestier et y apporter des points de vue complémentaires à celui « des monsieurs ». Les femmes, par leur façon unique d’embrasser la complexité, sont bien outillées pour traiter des multiples dimensions de l’aménagement forestier durable. Elles peuvent être, elles aussi, des leaders dans la profession dans des postes de direction par leurs compétences diverses et leur vision élargie.  Alors ce que je souhaite à mes étudiantes, c’est embrasser le métier et d’y mettre tout leur cœur et d’affirmer haut et fort leurs idées. « Les filles, votre engagement vous fera rayonner et sera un premier bouclier pour quiconque tentera de vous faire sentir que vous n’êtes pas à votre place. »

Affectueusement,

Marie-Eve


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