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Sondage exclusif : L’âge avant le profit

Un sondage exclusif révèle que les entrepreneurs québécois travaillent moins que leurs collègues du reste du Canada, et ils sont beaucoup plus jeunes.

12 octobre, 2016  par Scott Jamieson



Alors que les entrepreneurs du reste du Canada continuent d’en arracher avec des taux de récolte stagnants, des coûts d’opération qui grimpent et des problèmes de recrutement, ceux du Québec sont confrontés à des défis et des opportunités uniques.

Voilà ce qui ressort d’un sondage national réalisé auprès des entrepreneurs forestiers le printemps dernier par les magazines Canadian Forest Industries et  Opérations forestières. Voici les principaux constats qui frappent au Québec.

Taux et profits
Quand vient le temps de parler des tarifs payés aux entrepreneurs, le Québec semble être le pire endroit pour négocier de meilleurs taux au cours des trois dernières années. Dans le reste du Canada, 41 % des entrepreneurs ont vu leur taux augmenté au cours pendant cette période. Ce n’est pas une tendance, mais c’est encore pire au Québec, où seulement 17 % d’entre eux ont négocié un meilleur taux depuis 3 ans !

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Pour ce qui est des profits, le Québec se situe dans la moyenne, avec 17 % d’entrepreneurs qui déclarent n’avoir fait aucun profit l’an dernier, le même pourcentage que dans le reste du Canada. Avec ces chiffres, le Québec demeure devant l’Ontario 31 % sans profit) et devant la Colombie-Britannique (21 % sans profit).

Les entrepreneurs Québec sont aussi dans la moyenne en ce qui a trait à la profitabilité pour les activités de récolte, où, malheureusement, 46 % d’entre eux ont vu leur profits diminuer depuis trois ans (la moyenne canadienne est de 41 %). Du même souffle, c’est au Québec que l’on retrouve le deuxième plus faire pourcentage d’augmentation des profits. Seule l’Alberta, à 13 %, a vu moins de forestiers augmenter leurs profits, au même moment où l’industrie pétrolière chutait.

Salaire des opérateurs
Évidemment, le salaire horaire payé aux opérateurs varie d’une région à l’autre, avec des endroits très compétitifs font augmenter les tarifs, comme c’est le cas en Alberta ou en Colombie-Britannique. Malgré tout, le Québec demeure la seule province de l’est ou certains opérateurs font plus de 30 $/h (excluant les bénéfices). C’était le cas de seulement 13 % d’entre eux, comparativement à 50 % ou plus dans l’ouest, mais cette donnée sort tout de même du lot.

La très grande majorité des opérateurs gagnent entre 21 $ et 25 $/h, soit des salaires plus élevés que ce que l’on retrouve dans les maritimes, ou 80 % des opérateurs gagnent moins de 20 $/h. Avec près de 26 % des opérateurs qui gagnent moins de 20 $/h, le Québec penche tout de même dans les endroits les moins bien payés au pays. Chez nos voisins ontariens par exemple, 62 % des opérateurs gagnent entre 21 et 25 $/h alors que le reste gagne entre 26 et 30 $/h.

Les bénéfices marginaux liés à l’emploi présentent des tendances similaires, avec 50 % des entrepreneurs qui payent de bénéfices à leurs employés, comparativement à 44 % dans l’Atlantique, 54 % en Ontario et près de 90 % en Colombie-Britannique.

Volume de travail
Si les entrepreneurs et les opérateurs québécois penchent du mauvais côté de la balance en termes de revenus, c’est aussi parce qu’ils travaillent moins d’heures que les forestiers dans le reste du pays. Seulement 38 % des entrepreneurs québécois déclarent travailler plus de 55 heures par semaine ou plus, comparativement à 75 % en Colombie-Britannique ou 77 % en Ontario. Dans l’Atlantique, où les marges de profits sont encore plus faibles, 63 % des entrepreneurs travaillent 55 heures ou plus par semaine.

Malgré tout, ce n’est pas comme si le travail de récolte au Québec était de tout repos. Près du quart des entrepreneurs travaillent entre 51 et 55 h/semaine, ce qui veut dire que 53 % d’entre eux travaillent beaucoup plus qu’une semaine de travail typique. La conciliation travail/vie peut être meilleure au Québec qu’ailleurs au pays, mais ça n’apporte pas de munitions pour attirer la prochaine génération de forestiers.

Taille des entreprises
Dans cette catégorie aussi, le Québec penche du côté des petits, avec 54 % des répondants possédant une ou deux machines, et 30 % qui en ont entre trois et cinq. En Ontario, 46 % des entrepreneurs possèdent entre trois et cinq machines. Alors qu’aucun répondant n’a dit posséder entre 6 et 10 machines au Québec,  l’Ontario avait 16 % de répondants dans cette catégorie, et on en retrouvait 30 % dans l’ouest. Fait à souligner, 4 % des entrepreneurs québécois ont dit posséder 11 machines ou plus !

Un portrait similaire émerge lorsque l’on regarde les volumes récoltés, reflétant sans doute la taille des entreprises et la taille des arbres. Près de 50 % des forestiers québécois récoltent 50 000 m3 ou moins, alors que 15 % des forestiers ontariens entrent dans cette catégorie, et seulement 6 % en Colombie-Britannique.

Âges des entrepareneurs
La plus grande surprise du sondage réalisé cette année : l’âge (relatif) des entrepreneurs forestiers québécois. Seulement 13 % des répondants ont dit avoir 56 ans ou plus, comparativement à 46 % en Ontario, 44 % en Colombie-Britannique et 36 % dans les maritimes, des régions ou les besoins de relève sont urgents !

De plus, un impressionnant 42 % des entrepreneurs québécois ont moins de 35 ans. La province la plus près est l’Ontario avec seulement 18 % d’entrepreneurs dans cette catégorie. Dans le reste du Canada, à peine 10 % ou moins sont aussi jeunes, ce qui fait du Québec le leader de la relève en forêt.

Une autre surprise provient des plans de retraite au Québec. Malgré le jeune âge des entrepreneurs, 48 % des forestiers espèrent prendre leur retraite d’ici 10 ans, un pourcentage plus faible qu’ailleurs au pays, mais plus élevé que ce qui était anticipé. Peu importe ce que le Québec a fait pour attirer autant de jeunes entrepreneurs dans l’industrie, le travail doit continuer à se faire pour encore quelques années.

Ce sondage a été réalisé en avril 2016 pour les magazines Canadian Forets Industries et Opérations forestières par la firme Bramm & Associates. Au total, 300 forestiers ont répondu au sondage au Canada, dont 75 provenaient du Québec. Merci à nos commanditaires qui ont permis de faire cette recherche – Hultdins, Stihl, Tigercat et Ponsse.


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