Opérations Forestières

Nouvelles Nouvelles de l’industrie Biomasse Granules
Un projet communautaire

L’usine de granules de La Granaudière devrait entrer en service six ans après le début du projet

7 juin, 2021  par Ellen Cools Traduit par Guillaume Roy



À deux heures et demie au nord de Montréal, à Saint-Michel-des-Saints, une nouvelle usine de granules de bois entre discrètement en service, car l’usine La Granaudière, est en gestation depuis six ans, explique le PDG Yves Crits.

Saint-Michel-des-Saints est un petit village d’environ 2 500 habitants, avec deux industries principales: la foresterie et le tourisme. Dans le passé, il abritait des opérations d’exploitation forestière, une scierie et une usine de panneaux à copeaux orientés (OSB). Mais en 2006, Louisiana-Pacific (LP) a fermé la scierie locale et l’usine de panneaux OSB en raison des coûts élevés du bois et du transport, ainsi que de la baisse des prix des panneaux OSB à l’époque.

Ce fut un coup dur pour le village, qui est situé près de la forêt publique avec une récolte annuelle autorisée de 700 000 à 800 000 mètres cubes, dit Crits.

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Mais en 2014, Crits est venu au village pour ouvrir une cabane à sucre et il a le maire, qui avait travaillé pour Louisiana-Pacific en tant qu’entrepreneur forestier. Ils ont échangé quelques idées sur la manière de redonner vie à l’industrie forestière dans le village.

Crits, qui a 20 ans d’expérience dans l’industrie de la biomasse, a vu une opportunité. Il a mené une étude de faisabilité qui a prouvé qu’il y avait un potentiel pour une usine de granules de bois à Saint-Michel-des-Saints.

À partir de là, le travail a commencé. De 2014 à 2019, Crits a travaillé sur la logistique de l’usine, en concluant un accord de prélèvement à long terme avec la multinationale Engie pour l’exportation de granules vers l’Europe.

Le financement a été bouclé à la fin du mois d’août 2019 et la construction de l’usine a commencé en septembre 2019, indique Crits.

L’usine devait débuter ses opérations en septembre 2020, mais COVID-19 a forcé la suspension temporaire de tous les travaux de construction pendant deux mois plus tôt ce printemps. La construction de l’usine a repris au début de mai, lorsque le gouvernement du Québec a commencé à assouplir les mesures sanitaires. Désormais, l’usine devrait commencer la production en octobre 2020.

Approvisionnement en fibre
Mais d’où proviendra la fibre pour produire les granules de bois? La majeure partie proviendra d’arbres de faible qualité de la forêt publique voisine et du marché aux enchères, explique Crits.

La Granaudière sera responsable de l’exploitation d’une partie de la forêt publique, en confiant les opérations d’abat-tage aux entrepreneurs locaux.

« D’ici la fin de l’hiver 2021, nous prévoyons de bûcher et de stocker environ 150 000 mètres cubes de bois, car nous devons créer un inventaire pour la saison printanière lorsqu’il est difficile d’aller en forêt avec les machines », explique Crits.

De manière unique, l’usine pourra fonctionner avec différentes fibres – à la fois du bois rond et du bois dur. Il pourrait également fonctionner avec des résidus de scierie, mais étant donné le marché difficile, Crits ne s’attend pas à utiliser ce type de matériau au cours des 12 prochains mois.

La société cherche également à récupérer des branches de la forêt pour réduire les émissions de CO2 et le carburant pour les incendies de forêt, dit Crits.

« Nous prévoyons d’utiliser un pourcentage de branches, soit 15 à 20 %. Quand on calcule le fait que l’on enlève les branches de la forêt, on évite des émissions importantes de méthane et de CO2 par décomposition de ces branches », explique-t-il. « De plus, ça permet de défricher beaucoup de terres pour replanter des forêts.»

Selon ses calculs, bien qu’ils n’utilisent qu’un pourcentage limité de branches, cela éliminera un million de tonnes de CO2 de l’atmosphère.

Procédé de granulation
Lorsque l’usine aura atteint sa vitesse de croisière, La Granaudière produira 200 000 tonnes de granules de bois par an.

Le processus de production de ces granules est assez similaire à celui observé dans d’autres usines du genre. Crits s’est tourné vers des fournisseurs importants, ainsi que des partenaires locaux pour l’équipement de l’usine.

Les billes iront de la cour à bois à l’usine via un chargeur fixe Tanguay, puis seront écorcées par un écorceur Kadant.

De là, les billes iront à « ce que nous appelons l’île verte – la partie de l’usine produisant les copeaux de bois », explique Crits. Celui-ci sera construit par S.Huot Inc. de Québec, qui conçoit et fabrique des équipements pour les usines de transformation du bois. La Granaudière utilisera également des déchiqueteuses de Brunnette Machinery et Kadant à ce stade du processus.

Les copeaux de bois verts passeront ensuite dans deux lignes de séchage fournies par Player Design Inc. Une fois séchés, les copeaux seront affinés dans les broyeurs à marteaux Andritz. Ils iront ensuite dans l’un des sept broyeurs de granulés Andritz LM26. De là, les granules sont acheminées vers un refroidisseur Law-Marot-Milpro.

La sécurité d’abord
Tout au long du processus de conception et de construction de l’usine, la sécurité est restée au cœur des préoccupations de La Granaudière.

« Notre premier employé était le directeur de la santé et de la sécurité, raconte Crits. Je pense que c’est vraiment un signal que partout la sécurité est la priorité. »

L’entreprise a également effectué des évaluations des risques et des dangers afin d’installer les équipements en toute sécurité, en y intégrant tous les équipements de protection nécessaires dès la phase d’ingénierie, dit-il.

Des équipements Flamex seront installés dans toute l’usine, ainsi que d’autres équipements de petits fournisseurs, pour surveiller les niveaux de poussière et réduire le risque d’explosion.

« En matière de sécurité, nous avons dépensé plus d’un million de dollars », ajoute Crits. L’étude des dangers à elle seule a duré plus de cinq mois. « Nous considérons la sécurité comme notre principale préoccupation», ajoute-t-il.

Faire un retour
Une fois que les granules ont traversé l’usine, ils iront dans deux silos pour être stockés. Ces silos ne contiendront que 2 000 à 3 000 tonnes de granules, une conception sur mesure.

L’entreprise a mis sous contrat une flotte de camions d’entreprises de transport locales qui circuleront six jours sur sept, 24 heures sur 24, pour transporter les granules jusqu’au port de Québec. Les granules seront stockés au port et chargés dans le navire par Arrimage Québec (QSL), puis expédiés en Europe, explique Crits.

« Nous essayons d’optimiser le recours aux entrepreneurs locaux », dit-il. Ceci est dû à la grande quantité d’expérience et de connaissances des opérations forestières dans le village, grâce à son histoire d’exploitation d’une scierie et d’une usine de panneaux OSB.

Avec l’ajout de La Granaudière, l’industrie forestière de Saint-Michel-des-Saints fait un retour en force. En 2017, une scierie locale a repris les activités. Avec la nouvelle usine de granules, « nous allons récupérer le même niveau de production qu’il y a 15 ans », déclare Crits. « Nous allons revenir à environ 700 000 à 800 000 tonnes de matières premières traitées par la scierie et par nous. »

« Au début de ce processus, c’était une affaire commerciale, mais année après année, c’est presque un projet communautaire, car le but principal était de ramener une activité économique pour relancer le village », poursuit-il.

Il y a quelques années, Saint-Michel-des-Saints envisageait de fermer son école. Mais La Granaudière créera 180 nouveaux emplois et apportera une activité économique indispensable. « Dans un village de 2 500 habitants, c’est beaucoup », dit Crits.

Mais, pour l’avenir, Crits est préoccupé par l’impact à long terme du COVID-19.

« Avec les incitatifs économiques offerts par le gouvernement et la peur du COVID-19, allons-nous trouver des gens pour faire fonctionner l’usine? Je ne sais pas », dit-il.

Seul le temps nous dira quel sera l’impact du COVID-19. Mais entre-temps, les progrès de la plus récente usine de pellets du Québec se poursuivent.


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