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Se diversifier pour croitre

Pour garder ses employés à l’emploi plus longtemps, Becar, d’abord spécialisé en transport forestier, a su développer de nouveaux marchés et faire croitre l’entreprise.

14 juin, 2017  par Guillaume Roy


Un godet sur mesure de Rotobec a été installé sur une machine Caterpillar 330 pour transborder les copeaux arrivés d’Abitibi par train dans la cour de l’usine Westrock.

Dans la cour de l’usine de pâte et papiers WestRock, à La Tuque, une pelle transborde les copeaux arrivés par train, en provenance des usines de l’Abitibi, dans un camion. Après quelques minutes, le camion est plein et il va ensuite décharger sa cargaison un peu plus loin dans la cour, pour être transformé en carton éventuellement. Cinq camions de Bécar, une filiale de Rémabec (voir encadré) travaille ainsi à temps plein dans la cour de Westrock pour faire plus de 400 voyages de camions par semaine, déchargeant près de 90 wagons.

« Ce qui est dur pour un travailleur forestier, c’est que la saison ne dure que neuf mois, lance Mario Morin, actionnaire et dirigeant de Bécar. C’est pourquoi on a décidé de diversifier nos opérations, entre autres dans le transport de copeaux, pour travailler à l’année ».

Le contrat que Bécar a décroché avec Westrock démontre bien le chemin parcouru par l’entreprise latuquoise. D’abord spécialisée dans le transport forestier et la construction de chemin en forêt, lancée il y a plus de 25 ans, Bécar a misé sur le développement du marché du bouleau pour se diversifier.

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« Quand Westrock a commencé à prendre du feuillu, on trouvait que le transport du bouleau n’était pas évident. Mais c’est ça qui nous a mis sur la map », témoigne Mario Morin. Et lorsque le bouleau est rentré au site Vallières, un centre de valorisation du bouleau partagé entre plusieurs entreprises, Bécar a décroché plusieurs contrats, d’abord pour alimenter l’usine de John Lewis, juste à temps, puis le transport des produits finis vers Montréal. L’entreprise a par la suite décroché le contrat de transport de copeaux, broyés au site Vallières, vers Westrock.

« Le transport de copeaux nous a permis d’offrir des contrats à l’année à nos employés », ajoute M. Morin. Il y a deux ans, Bécar a décroché un autre contrat à partir du site Vallières, pour acheminer le bouleau à Savco, qui fabrique du bois de palette. Un contrat qui occupe deux camions à plein temps.

« Cette diversification nous permet de garder notre personnel à l’année, soutient Stéphane Boilard, actionnaire dirigeant de la relève chez Bécar. C’est la clé de la réussite chez Bécar, car si tu perds tes chauffeurs, tes camions ne servent plus à rien. »

Malgré son dynamisme, l’entreprise a tout de même dû refuser quelques contrats, faute de main-d’œuvre, note Mario Morin. « Ce n’est pas toujours facile de trouver de la main-d’œuvre dans le secteur de La Tuque. Et c’est pourquoi j’ai dû refuser un contrat de 8 camions. Quand tu n’es pas capable de livre, c’est mieux de te tasser. »

Pour former la relève, particulièrement pour les nouveaux contrats, l’école de camionnage  de Charlesbourg donne des cours tous les deux ans à La Tuque. Toutefois, cette année, aucun étudiant ne s’est inscrit au programme. Une formation pourrait voir le jour Wemontaci pour former de jeunes autochtones au camionnage, souligne Pierre-Olivier Lussier, directeur des communications chez Rémabec. Généralement offerte de février à juin, cette formation est très bien adaptée au milieu professionnel, souligne Stéphane Boilard.

Aujourd’hui, Bécar embauche donc une trentaine de chauffeurs qui travaillent presque tous à l’année grâce à une flotte de 18 camions, dont 7 sont destinés au transport de copeaux, 4 pour le bois long, 3 pour le transport interusine, 2 chargeuses forestières, une niveleuse et une chargeuse.

Une flotte adaptée aux besoins
Pour chaque type d’utilisation, les entrepreneurs de Bécar veulent choisir et améliorer les équipements pour qu’ils soient le plus efficaces possible. La philosophie derrière tout ça : un camion qui est bon pour tout n’est en fait bon rien.

De plus, la flambée du coût du pétrole, des pièces et des pneus nécessite une attention particulière pour réduire les coûts.

Par exemple, Bécar travaille avec le concessionnaire Western Star à Saint-Prime pour les camions forestiers pour réduire le poids du camion au maximum, et ainsi réduire la consommation de carburant. En forêt, ce sont des chargeuses Liebherr qui font le travail.

L’entreprise travaille aussi avec Deloupe, Trailex et Manac pour alléger le poids des remorques, sans affecter la durabilité. « On a fait arrondir les coins pour enlever un peu d’acier. Au lieu de peser 20 000 livres, nos camions en pèsent 18 000 », lance fièrement Mario Morin.

Pour le transport interusine, Bécar a opté pour les camions Volvo, plus légers et agréables à opérer. Depuis deux ans, l’entreprise a aussi fait un test en utilisant des plus petits moteurs de 13 litres (au lieu de 15 litres) avec une transmission automatique. « Il y avait beaucoup de réticence des chauffeurs au début, mais on réalise de bonnes économies de carburant et de pneus », souligne l’actionnaire, qui a aussi choisi les remorques bi-train au lieu des 4 essieux, permettant d’augmenter les charges à transporter, tout en demeurant légal. « On transporte plus pesant avec des plus petits moteurs. L’équation semble bizarre, mais ça fonctionne. »

Pour le transport des copeaux, les remorques ont été modifiées par Fericar à Chambord, pour optimiser le temps et les manœuvres de l’opérateur. « On ne va jamais plus loin que 20 km et on fait beaucoup de voyages par jour. C’est pourquoi on a automatisé les opérations pour sauver du temps. »

Et ce n’est pas tout, car Bécar a aussi installé une balance dans ses camions et un système de positionnement GPS, avec des équipements SPOT. « Ça nous permet de savoir où sont nos camions en temps réel et d’optimiser l’utilisation de nos ressources humaines, sans demander à nos chauffeurs de faire plus de 12 heures », note Mario Morin.

Les camions sont aussi vérouillés pour de pas dépasser 92 km/h. « Ça nous permet d’économiser sur le carburant et les pneus, ajoute-t-il. C’est juste une manière différente de travailler. »

En bref, Bécar tente d’optimiser toutes ses opérations pour augmenter ses profits et rendre le travail des opérateurs plus facile et agréable. Peu importe le partenaire, Bécar mise sur sa flexibilité pour y parvenir. Reste à voir quelles autres opportunités de développement se présenteront à eux au cours des prochaines années.

Rémabec : développer des entrepreneurs à travers ses filiales
Au fil des ans, Rémabec a diversifié ses activités pour couvrir le domaine du transport, du sciage, de la récolte en forêt, de voirie forestière, de gestion de cour et plus encore. Cette philosophie permet l’essor de jeunes entrepreneurs, mais elle permet aussi à Rémabec de bien connaître les couts de chaque opération sur le terrain, note Pierre-Olivier Lussier. « Ça aide quand vient le temps de négocier des contrats avec d’autres entreprises », dit-il. À chaque fois, l’entreprise, qui demeure l’actionnaire majoritaire, s’associe avec une équipe de gestionnaires spécialisés dans leur domaine pour innover et développer les marchés.  

Et c’est exactement ce qui s’est passé lors de la création de Bécar en 1985. Au fil du temps, de nouveaux gestionnaires ont pris la relève. Mario Morin, qui a d’abord été embauché comme mécanicien, est rapidement devenu gestionnaire il y a plus de 25 ans. En 2012, c’est Stéphane Boilard, 45 ans, qui s’est joint à l’équipe d’actionnaire pour assurer la relève entrepreneuriale.

Non seulement Rémabec fournit-elle l’expertise pour supporter les entrepreneurs, mais la maison-mère fournit aussi du mentorat et plusieurs services administratifs, comme la gestion de la paye.  « Ça permet de nous concentrer sur nos opérations », note Mario Morin. De plus, la force du groupe donne aussi un pouvoir d’achat important qui permet de réaliser des économies d’échelle. Bécar réalise près de 60% de ses activités pour les entreprises du groupe Rémabec et 40% pour d’autres clients.


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