Opérations Forestières

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ÉDITORIAL: Pour un partage plus équitable

Avec la hausse du prix du bois, il est grand temps d’augmenter les tarifs payés aux entrepreneurs forestiers.

19 août, 2021  par Guillaume Roy


Les tarifs payés aux entrepreneurs forestiers stagnent depuis quelques décennies. Au mieux, ils ont légèrement augmenté, notamment grâce à un plus grand pouvoir de négociation qui a émergé avec l’arrivée des mises aux enchères.

Bien sûr la productivité a augmenté en flèche pendant la même période et les entrepreneurs forestiers ont été en mesure de demeurer en vie. Les meilleurs arrivent à dégager de maigres profits, mais ils sont souvent trop petits que ce à quoi pourrait s’attendre une entreprise qui doit faire des investissements aussi grands.

Pour qu’une entreprise soit en santé, les économistes parlent souvent d’une marge de profit d’environ 10%. Un tel montant permet de compenser pour la hausse du coût de la vie (environ 2% par année), d’investir dans la machinerie et dans la modernisation, de bien rémunérer ses employés, de payer des bénéfices marginaux, et de faire un travail de qualité.

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Ce principe s’applique aussi aux transformateurs de bois. Quand le prix du bois est bon, comme en ce moment, ces derniers engrangent de bons profits. Mais quand le prix du bois baisse, comme ce fut le cas à certaines périodes en 2018 et 2019, les profits se font plus rares, et quand les prix sont au planchger, comme en 2009, les scieries perdent de l’argent. Dans les temps de vaches maigres, les scieurs demandent parfois à leurs sous-traitants, comme les entrepreneurs forestiers, les camionneurs et les producteurs de bois, de geler ou de réduire les tarifs. La plupart du temps, ces derniers acceptent de faire leur part pour aider leur client à passer à travers la tempête.

Lorsque le prix du bois est à la hausse, les entrepreneurs et camionneurs sont en droit de s’attendre à ce que leurs clients, les scieries, les récompensent pour les avoir aidés pendant les périodes difficiles. Le prix devrait donc grimper. Avec les prix records et les prévisions d’une hausse structurelle du marché du bois, il est grand temps de mieux partager les revenus du bois avec toute la chaîne d’approvisionnement.

Le marché du bois est cyclique. Par moment, les industriels font de très bons profits et à d’autres moments, ils doivent accepter de lourdes pertes. Il faut tenir en compte ce marché cyclique, car les industriels doivent se refaire une bonne santé financière avant de dégager des montants supplémentaires pour les entrepreneurs forestiers.

À l’heure actuelle, plusieurs entrepreneurs forestiers sont au bord du gouffre financier. La structure de prix ne permet pas de générer suffisamment de bénéfices pour payer la maintenance et de dégager un profit décent, qui justifie les nombreuses heures passées en forêt. Être forestier, c’est un mode de vie. Ça vous suit tout le temps, même à la maison, car les machines doivent être prêtes à fonctionner à plein régime à chaque début de semaine. 

La situation est critique et une hausse de tarif sera nécessaire pour permettre aux entrepreneurs de souffler un peu. 

Selon des pourparlers avec des acteurs de l’industrie, les négociations ont déjà débuté et les industriels savent qu’ils doivent bouger s’ils veulent garder leur monde. Comme les entrepreneurs forestiers sont à la base du réseau d’approvisionnement, ils jouent un rôle essentiel, qui doit être reconnu et être rémunéré décemment. 

Pour éviter des conflits, un calcul de partage des profits pourrait être élaboré en fonction du prix du bois. Quand le prix du bois est bon, tout le monde fait plus de profit. Quand le prix est moins bon, tout le monde se serre la ceinture.

Il faut bien sûr tenir en compte la prise de risque et partager les revenus selon le degré de risque pris par chaque joueur dans la chaîne d’approvisionnement. Sans compter qu’il faudrait aussi établir un prix plancher pour que les opérations demeurent rentables.

Le prix du bois atteint des sommets et il est grand temps que tout le monde en profite. Sans forestiers, il n’y a pas d’industrie et il est grand temps qu’ils obtiennent leur part du gâteau. 


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