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Des talons aiguilles aux caps d’acier

Gabrielle Minville a troqué les talons aiguilles pour les caps d’aciers il y a cinq ans. Depuis ce temps, elle embrasse le métier d’entrepreneure en foresterie.

18 mars, 2022  par Guillaume Roy



Le soleil se lève au-dessus du massif de montagne des Chic Chocs alors que les couleurs rosacées jaillissent dans le ciel. Il fait -25°C et il vente à près de 40 km/h alors qu’une flotte d’abattage est au travail dans le secteur Cédrico, entre Grande-Vallée et Murdochville. 

En cette rude matinée hivernale du mois de janvier, Gabrielle Minville est venue inspecter le chantier avec son responsable des opérations forestières, Yanick Bélanger, et Steve Leblanc, le vice-président des approvisionnements du Groupe de scieries GDS.

« C’est beau de voir toute la vaillance de ces guerriers », lance Gabrielle Minville, qui pris la relève des Entreprises forestières Clairence Minville. « J’adore le travail en forêt, dit-elle. Pour moi, c’est synonyme de défis, de liberté et de nouveauté à tous les jours ».

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Clairence Minville a lancé son entreprise forestière en 1979 et quand est venu le temps de prendre sa retraite, il pensait passer le flambeau à son fils. En 2016, ce dernier avait d’autre plan de carrière et Clairence a proposé à sa fille Gabrielle si elle était intéressée à prendre les rênes de l’entreprise familiale. 

À cette époque, Gabrielle Minville était fonctionnaire pour le gouvernement provincial à Gaspé et elle a été surprise par l’offre de son père. « Dans l’espace d’une soirée, j’ai changé de vie en troquant les talons aiguilles pour les caps d’acier », se souvient-elle aujourd’hui. Non seulement a-t-elle changé de chaussures, mais elle a complètement transformé son mode de vie, délaissant le bureau pour la forêt, un monde de femme pour un monde d’homme. 

« J’ai pris cette décision sur un coup de tête, parce que j’étais à la recherche de nouveauté, souligne la femme de 41 ans. Je voulais continuer ce qu’il a construit et faire une différence. »

Cinq ans après avoir fait un changement de carrière, Gabrielle ne regrette rien. « C’est une des meilleures décisions de ma vie », dit-elle. « J’adore le volet humain du travail ». 

Selon cette dernière, le métier de forestier est une vocation, plus qu’une profession, car ça implique de passer de longues heures de travail en forêt et de faire certains compromis. « Il faut que tu aies ce travail dans le sang », ajoute-t-elle en parlant des hommes de cœur qui l’entoure. 

Avec près de six kits d’abattage, son entreprise emploie aujourd’hui une trentaine d’employés. Gabrielle s’occupe principalement des tâches d’administration et de gestion mais elle monte en forêt deux à quatre jours par semaine. « Je monte le plus souvent possible, parce que c’est le volet du travail que j’aime le plus », note l’entrepreneure. 

Son objectif est de poursuivre le legs de son père tout en continuant de faire évoluer l’entreprise familiale. Au passage, elle y apporte bien sur une touche féminine. 

Entre autres changement, elle a fait passer la semaine de travail de 4,5 à 4 jours par semaine. « Ça fait une meilleure conciliation avec la famille et la vie personnelle », dit-elle. « Ça fait quand même 48 heures de travail par semaine et j’y trouve mon compte en gagnant sur l’efficacité de maintenance ». 

Tous les vendredis, les trois mécaniciens de l’entreprise font la maintenance de la flotte de machines. « L’équipe de Gabrielle peut compter sur un des meilleurs mécaniciens forestiers au Québec avec Yanick Bélanger », remarque Steve Leblanc.  

Une grosse flotte en action
Parmi la flotte d’équipement, on compte huit abatteuses, dont sept en action. Du nombre, il y a quatre abatteuse Landrich avec une tête Ponsse H7HD, une Tigercat 855C, avec une tête Logmax 6000 (refaite à neuf en HD en 2021 chez Logmax Amqui), deux Tigercat 855C, une avec tête Ponsse H7HD et une autre avec une SP Maskiner 661, achetée à la fin janvier, puis une abatteuse une Eltec 277 avec tête Ponsse H7HD,  

Un des abatteuses Landrich sera remplacée par une Eltec 277 2021 qui sera livrée en juillet prochain, qui sera munie d’une tête SP Maskiner 661. « On renouvele nos équipements quand le coût de réparation devient trop élevé et que ça devient plus avantageux d’acheter une neuve », note Gabrielle, qui compte sur l’entretien préventif, et une solide équipe de mécanicien, pour bien optimiser la durée de vie des machines. 

En ce qui a trait au choix des machines, l’entreprise se base sur la fiabilité des équipements, le service, mais aussi les préférences des opérateurs, souligne Yanick Bélanger. 

En ce qui a trait aux transporteurs, l’entreprise opère trois Komatsu 890.3 (dont deux en opération) et trois John Deere 1910E.

Le chargement des billes est géré par le Groupe de scierie GDS qui possède une Liebherr LH-26.

Toute cette flotte permet à l’entreprise de récolter de 5000 à 7000 mètres cubes de bois par semaine. La très vaste majorité du temps, toutes les machines travaillent au même endroit pour maximiser la force de frappe. Dans le secteur Cedrico, il y a plus de 80 000 mètres cubes de bois à récolter, dont près de 20 000 mètres cubes proviennent du Bureau de mise en marché des bois (BMMB). 

Comme partout ailleurs au Québec, un des principaux défis est de trouver la main-d’œuvre spécialisée pour opérer sur les machines efficacement. Même si l’entreprise compte sept abatteuses à l’heure actuelle, elle n’a que 5,5 opérateurs à plein temps pour opérer sur les deux chiffres de travail, quatre jours par semaine. 

« Je me considère chanceuse parce que nos employés sont fidèles depuis longtemps, note Gabrielle. On prône aussi une vision à long terme en formant nous-même nos employés, en assumant le coût de formation et la perte de productivité ». Pour faciliter l’intégration, ces employés travaillent sur des terrains plus simples. De plus, des machines sont dédiées à la formation, ajoute-t-elle. 

« On s’en tire assez bien quand même, parce qu’on est capable de garder notre monde », renchérit Yanick Bélanger. Selon ce dernier, les changements apportés par Gabrielle ont fait progresser l’entreprise pour le mieux. 

« Je prône beaucoup le calme et le respect dans les relations de travail », souligne Gabrielle, en parlant de la touche féminine qu’elle a ajoutée.

Toutes les opérations des Entreprises forestière Clairence Minvile sont destinées à l’usine de Grande-Vallée du Groupe de scierie GDS. « GDS c’est le moteur économique du village et on est fier de participer à sa réussite », souligne Gabrielle, en ajoutant que son père s’est affilié à GDS en 1994. 

Pour l’instant Clairence Minville est toujours présent au sein de l’entreprise même si Gabrielle a racheté toutes les parts l’an dernier.  


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