«On demande à la Sûreté du Québec de lever le blocus forestier du km 59», soutient Luc Simard, le préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine, qui a été interpellé par plusieurs villégiateurs et travailleurs forestiers à cet effet.
«C’est inacceptable que quelques individus prennent en otage l’économie forestière de la région», dit-il, en précisant que les Innus qui tiennent le barrage n’ont pas le soutien de Mashteuiatsh.
Le 1er août, la kukum innue Denyse Xavier a pris le relais, pour revendiquer un plus grand pouvoir sur la gestion des ressources naturelles sur le territoire familial. Au mois d’octobre, cette dernière s’est retirée, alors que des tensions ont émergé avec des gens qui l’appuyaient.
À ce moment, ce sont les frères Alex et Akim Grenier, présents aux côtés de Denyse Xavier depuis le début, qui ont repris la mainmise sur le blocus forestier. Ces derniers demandent notamment un meilleur processus de consultation sur leur territoire familial. Ils contestent également la signature éventuelle du traité Petapan par Mashteuiatsh.
La majorité du temps, les deux hommes limitent la circulation des camions de bois.
«Nous ne pouvons ni transporter ni récolter au-delà du km 59 et nous devons faire des détours pour éviter le barrage afin de transporter à partir d’autres secteurs», confirme Louis Bouchard, vice-président aux affaires publiques pour Produits forestiers Résolu (PFR), la principale entreprise œuvrant dans le secteur.
Depuis près de six mois, les chantiers sont constamment réorganisés et bien souvent, le transport est détourné sur plus de 100 kilomètres pour sortir le bois de la forêt.
«Il y a des impacts financiers majeurs. Ils sont chiffrés, mais nous ne divulguons pas ce montant. Cela limite notre capacité de récolte de façon importante.»
— Louis Bouchard, porte-parole de PFR
Le blocage fait en sorte que plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes de bois ont été laissés au sol, car le transport nécessiterait un détour de 250 kilomètres à l’aller et au retour.
«On risque de perdre ce bois à cause qu’une route publique est bloquée, remarque Louis Bouchard. Ça ne fait plus de sens ». Si la route n’est pas rouverte d’ici le printemps, le bois brûlé récolté se dégradera rapidement, ce qui va à l’encontre des objectifs d’aménagement durable», ajoute-t-il.
«On ne peut plus continuer à vivre comme ça, en privant les gens de leur gagne-pain, ajoute Luc Simard. On respecte les droits ancestraux, mais dans ce cas-ci, la communauté n’est pas d’accord avec les revendications des manifestants. À l’avenir, on veut que ce genre de dossiers puissent être réglés rapidement, pour éviter qu’une poignée de personnes paralysent l’économie de la région. On ne tolère pas ça.»
PFR accueille favorablement la demande de la MRC de Maria-Chapdelaine, car l’entreprise demande une levée de ce barrage depuis près de six mois.
La sécurité des usagers, principalement des villégiateurs, est aussi en jeu. Faute de pouvoir circuler avec ses camions, PFR n’a pas entretenu le chemin. C’est la MRC de Maria-Chapdelaine qui a dû défrayer des montants avoisinant 7000 dollars pour la réfection partielle du chemin, car la route présentait un danger imminent selon le préfet.