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Avenir de la forêt: le statu quo est intenable

7 février, 2024  par Guillaume Roy. Initiative de journalisme local



À l’aube des premières rencontres des Tables de réflexion sur l’avenir de la forêt, une vingtaine d’acteurs forestiers de différents horizons s’unissent pour demander des changements importants au régime forestier, notamment en ce qui a trait à la gouvernance et à la prévisibilité.

C’est à la suite du congrès de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec (OIFQ), en novembre 2023, que plusieurs acteurs se sont regroupés pour entamer une réflexion sur l’avenir de la forêt québécoise et de la gouvernance et ce avant même que la ministre des Ressources naturelles et de la Forêt, Maïté Blanchette Vézina, ne lance les Tables de réflexion sur l’avenir de la forêt.

Parmi le regroupement, on retrouve des organisations forestières (CIFQ, AETSQ, FPFQ, FQCF), mais aussi des syndicats (Unifor, CSD, FIM-CSN), des organismes environnementaux (Nature Québec, Conservation de la nature Canada), ainsi que ZECs Québec, la Fédération des pourvoiries du Québec, Producteurs et productrices acéricoles du Québec et Alliance forêt Boréale, et autres.

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Malgré la diversité des acteurs, ces derniers s’entendent sur un constat commun, mentionne François Laliberté, le président de l’OIFQ. «Le statu quo est inacceptable», dit-il, optimiste à l’idée que les parties prenantes se concertent. «On est toujours en train de régler des problèmes quand on ne peut pas travailler ensemble et la confrontation, c’est épuisant», ajoute-t-il, précisant qu’aucun acteur ne veut arrêter de récolter la forêt.

Selon le regroupement, les enjeux principaux à revoir seront la gouvernance, la planification et la prévisibilité, car en s’attribuant plusieurs nouvelles responsabilités comme la planification forestière et la réalisation des travaux sylvicoles, le MRNF a bouleversé le système. La rigidité et la lourdeur administrative ont rendu plusieurs tâches inefficaces et ce problème est exacerbé par le travail en silo au sein du ministère.

«Il y a un sérieux problème de planification et on doit trouver des solutions structurantes, souligne Annie Beaupré, la directrice générale de la Fédération des coopératives forestières du Québec. Avec le nouveau régime en place depuis 2013, il y a trop de travail en silo et on voudrait faire éclater ça en travaillant davantage avec une vision de développement d’un territoire».

Il faut bien sûr des orientations nationales, mais il faut se doter d’outils pour donner plus d’autonomies à des entités régionales. «Il faut moins de décisions téléguidées du central et plus de place initiatives régionales ou locales», mentionne François Laliberté.

Le processus de consultation du MRNF doit aussi être revu, remarque Mathieu Béland, analyste forêt chez Nature Québec. «On s’attend à des gestes et à des changements importants dans la loi », dit-il, en commençant par la façon dont sont consultées les Premières Nations. «On doit ramener la paix sociale en forêt».

Yanick Baillargeon, le président de l’Alliance forêt boréale abonde dans le même sens. «Il faut prendre en compte la réalité de tous les acteurs et des Premières nations», dit-il. Selon ce dernier, le ministère doit miser sur la décentralisation des pouvoirs pour permettre une gestion plus efficiente. «Il faut délaisser les solutions mur à mur pour prendre des décisions en fonction de la réalité sur le terrain, qui est différente d’une région à l’autre», ajoute-t-il.

Tous les acteurs exigent aussi une meilleure prévisibilité, et ce même s’il y aura moins de bois de disponible à cause de la protection du caribou forestier et l’ajout d’aires protégées. «Peu importe la quantité de bois disponible, c’est plus facile de planifier quand tu sais la quantité de bois que tu vas avoir pour les 10 prochaines années comme c’est le cas en Ontario», note Yanick Baillargeon.

L’État devra aussi investir massivement pour limiter les impacts sur la possibilité forestière, remarque Annie Beaupré. Dans le cadre des consultations prébudgétaires, la FQCF a notamment demandé au gouvernement d’injecter 944 millions de dollars supplémentaires pour remettre en production les superficies où des erreurs de régénération sont prévues après feu. Les sommes supplémentaires pourront être chiffrées lorsque le Forestier fera connaître ses analyses plus fines sur d’autres secteurs où la régénération est affectée, mais dans une moindre mesure.

La première table de réflexion commencera le 13 février

Pour l’instant, il semble que la première rencontre en lien avec les tables de réflexion sur l’avenir de la forêt se tiendra le 13 février dans le Bas-Saint-Laurent, selon les informations recueillies.

La ministre Maïté Blanchette Vézina a soutenu que tout était sur la table pour réfléchir à l’avenir de nos forêts.

Le régime forestier en entier est remis en question par certains acteurs. «La base du régime forestier mis en place en 2013 était de contrer la surtaxe américaine, mais ça n’a pas donné de résultat, à part de faire gonfler le prix du bois et d’ajouter plein de contraintes», mentionne Yanick Baillargeon.

Pour Nature Québec, le maintien de l’aménagement écosystémique est toutefois de mise. «Il ne faut pas reculer du côté environnemental», dit-il, en mentionnant que les cibles de conservation des vieilles forêts doivent être maintenues.

D’importantes discussions devront être faites pour faire des compromis, mais Yanick Baillargeon craint un essoufflement de certains acteurs, car les consultations sur le plan de rétablissement du caribou forestier, qui devrait être divulgué en février, seront lancées pratiquement en même temps que les tables de réflexion sur l’avenir de la forêt.


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