«Non, il n’y a pas de surexploitation de la forêt au Québec», répond Louis Pelletier, le Forestier en chef, qui est responsable de s’assurer une récolte durable des forêts de la province.
Possibilité forestière réelle
Si on oubliait tous les lois et règlements, on pourrait théoriquement récolter 53 millions de mètres cubes de bois par année au Québec, mais la possibilité forestière est plutôt de 35 millions de mètres cubes.
«Avec tous ces éléments, on arrive une possibilité forestière de 35 millions de mètres cubes par année pour une période de cinq ans», soutient le Forestier en chef. Ce chiffre représente la quantité de bois maximale que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts peut attribuer aux industriels, sauf s’il y a des perturbations importantes, comme une épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette ou des feux de forêt.
Dans de tels cas, des plans d’aménagement spéciaux de récupérations des bois sont réalisés pour récolter le bois affecté ou mort, plutôt que le bois vivant, avant qu’il ne pourrisse. De nouveaux calculs sont faits par la suite pour voir si les perturbations affectent la possibilité forestière.
Par exemple, les feux historiques de 2023 ont fait baisser la possibilité de 850 000 mètres cubes selon les données préliminaires.
De plus, tous les bois ne sont pas attribués par la ministre, note Louis Pelletier, et certains bois attribués ne sont pas récoltés. C’est notamment le cas lors de fermetures d’usines qui transforment des essences feuillues.
Le Forestier en chef mentionne aussi que l’on récolte seulement 0,9 % des 23,6 millions d’hectares de forêts aménagés, alors que l’on retrouve 42 millions d’hectares de forêts publiques au Québec.
Pas de surexploitation, mais…
Les experts s’entendent pour dire qu’il n’y a pas de déforestation au Québec. Des études, dont certaines réalisées par le Forestier en chef, ont toutefois démontré que les niveaux de récolte ont transformé le paysage forestier, notamment en rajeunissant l’âge moyen des forêts.
«L’aménagement forestier peut entraîner une raréfaction des vieux peuplements et une surabondance de peuplements en régénération. Le maintien d’une structure d’âge des peuplements se rapprochant de celle des paysages naturels constitue un enjeu en aménagement écosystémique», peut-on lire dans le Manuel de détermination des possibilités forestières 2018-2023 du Forestier en chef.