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Les clés du succès

Tout passe par une main-d’œuvre qualifiée selon une étude suédo-lettone

19 janvier, 2023  par Louis Dupuis, économiste forestier et ancien banquier



Une récente étude de Janis Gercans, Kalvis Kons & Thomas Kronholme, publiée le 18 juillet 2022 dans le International Journal of Forest Ingineering, s’est penchée sur les facteurs de réussite en affaires des entrepreneurs forestiers suédois et lettons. 

Afin de réaliser cette étude, Gercans, Kons & Kronholme (GKK) ont effectué un sondage auprès de 110 entrepreneurs forestiers lettons (55) et suédois (55).

Pour votre compréhension, la Lettonie et la Suède sont parmi les pays européens avec le plus grand couvert forestier. Ainsi, la forêt recouvre 71,5% de la superficie de la Suède (281 000 km²), et 54,8% en Lettonie. Dans les deux pays, l’activité économique générée par l’industrie forestière est importante.

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Au Québec, la forêt couvre 905 800 km², soit 54,3% de la superficie totale du territoire québécois, pour 2% des forêts mondiales (1). L’activité économique générée par l’industrie forestière au Québec est également significative avec une contribution au PIB de la province de 17,8 G$ (2).

Par ailleurs, selon deux autres études déjà réalisées auparavant, le nombre de machines détenues par les entrepreneurs forestiers lettons serait de 2.7 (3), et en Suède il serait de 2.1-2.5 machines en fonction de la localisation géographique (4). Ces données sont sensiblement comparables à la situation au Québec: un sondage effectué en 2020 par Wood Business (5) rapporte en effet que les entrepreneurs forestiers québécois possédaient en moyenne entre 1 et 3 machines.   

L’importance de la main-d’œuvre qualifiée
Selon l’étude de GKK le principal facteur de réussite des entrepreneurs forestiers repose sur la présence et l’embauche d’opérateurs qualifiés. 

Bien que de bonnes relations avec les partenaires d’affaires (industriels), une tarification adéquate et l’investissement dans de la nouvelle machinerie soient toutes des facteurs importants, l’étude démontre clairement que l’élément crucial du succès est la présence d’employés qualifiés. 

D’autre part, en analysant les principaux facteurs de succès, nous pouvons constater que cinq des dix ingrédients de la réussite reposent sur le capital humain et des facteurs internes à l’entreprise, soit; les opérateurs qualifiés (#1), le travail d’équipe (#2), le traitement équitable des employés (#4), le travail de qualité (#7) et l’expérience dans le domaine (#10). 

Également, deux facteurs de réussite sont d’ordre financier, soit la tarification adéquate (#8) et l’investissement dans la nouvelle machinerie (#9).

Seulement deux facteurs de réussite sont complètement hors du contrôle de l’entreprise, soit : la demande de bois d’œuvre (#5) et les conditions météorologiques (#6).

A contrario, dans les facteurs de non-réussite, la cause première d’insuccès est le manque d’opérateurs qualifiés (#1). 

Qui plus est, six des dix facteurs d’échec sont reliés à des éléments hors du contrôle de l’entreprise, soit : les conditions météorologiques défavorables (#2), l’instabilité de l’environnement d’affaires (#3), la faible demande de bois d’œuvre (#4), la concurrence déloyale (#5), trop de bureaucratie (#7) et la difficulté à trouver du financement (#9). À la rigueur nous pourrions même rajouter à cette liste la machinerie désuète (#10), qui est souvent reliée à la difficulté de trouver du financement (#9).

Seulement deux facteurs sont, en tout ou en partie, de contrôle interne, soit : la tarification inadéquate (#6) ainsi que la mauvaise planification et organisation du travail (#8).

Vers la réussite
La présence dans l’entreprise d’opérateurs qualifiés et la difficulté de recruter des employés qualifiés sont donc possiblement les facteurs principaux de la réussite, et de l’échec sur les performances des entrepreneurs forestiers de la Suède et de la Lettonie.

Si on en juge par les nombreuses annonces de recrutement d’opérateurs qualifiés apparaissant sur les médias sociaux fréquentés par les entrepreneurs forestiers du Québec, les opérations de séduction sur ces publications et la surenchère des conditions salariales directes ou indirectes, nul doute que la situation est la même au Québec, et que la clé du succès passe par l’embauche d’une main-d’œuvre qualifiée.

Ceci est encore plus déterminant dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre généralisée que nous vivons, car le bassin de candidats intéressants est encore plus restreint.

Cela met encore plus en lumière la nécessité fondamentale d’offrir une formation adaptée aux réalités et aux besoins des entrepreneurs forestiers d’aujourd’hui, afin de développer une relève suffisante, qualifiée, motivée et performante. Force est de reconnaitre que nous avons beaucoup d’améliorations à apporter au Québec à nos programmes de formation pour l’industrie forestière de la récolte afin de répondre à la demande, et aussi d’être attractifs à la nouvelle génération de travailleurs. 

L’auteur est économiste de formation, associé et consultant depuis deux ans à la firme S. Guy Gauthier Évaluateur, et possède plus de 30 ans d’expérience en financement commercial auprès de trois importantes institutions financières, où il était un spécialiste en financement de machinerie lourde, notamment pour l’industrie forestière. 

(1) Chiffres-clés du Québec forestier – Édition 2020

(2) Étude sur les retombées économiques de l’industrie québécoise du bois en 2021 – PWC

(3) Mederski et al. – 2021

(4) Mederski et al. – 2021

(5) Contractor Survey: Regional View – Quebec – 2020


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