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Vitesse record dans les Maritimes

Avec des investissements de 11 millions de dollars et une nouvelle attitude, la scierie de Fornebu est passée d’une simple usine de copeaux au détenteur du record de vitesse de sciage en trois ans.

25 février, 2013  par Scott Jamieson


La ligne de sciage HewSaw R200 MSA inclut six moteurs de 200 chevaux qui permettent à Fornebu de scier à la vitesse de l’éclair. Les plus petites sortent à une vitesse de 800 pieds par minute.

Fornebu Lumber Company se trouve à Brunswick Mines, à environ 45 minutes au nord-est de Miramichi au Nouveau-Brunswick. Cette scierie peu connue dans cette ville inconnue opère actuellement l’une des lignes HewSaw les plus rapides du monde. Cet exploit est d’autant plus impressionnant par le fait que, jusqu’à il y a quelques années, l’usine était mieux connue comme un fournisseur de copeaux pour les usines de pâte de la région.

« Nous étions fondamentalement une usine de copeaux », dit le chef de la scierie et de l’entretien, Claude Paulin, alors que nous marchons dans la cour à bois où se trouvent des montagnes de billots. M. Paulin  fait référence à la contribution de la scierie à l’héritage du papier et de la pâte à papier de la région de Miramichi, plus récemment sous l’empire UPM, et auparavant sous l’égide de Repap.

Les changements ont débuté en 2009, lorsque les opérations de coupes et de scierie ont été achetées par le géant norvégien de l’énergie renouvelable et du transport Umoe, sous la filiale Umoe Forest. À l’origine attirée par la région dans la perspective de construire une usine de panneaux solaires, l’entreprise s’est vue confrontée à un marché inondé par les pièces photovoltaïques, ce qui l’a conduite à s’intéresser à la foresterie. Malgré un marché alors en baisse, le propriétaire a vu que le bois avait un avenir à long terme pour satisfaire la reprise de la construction résidentielle américaine.

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Au moment où M. Paulin nous guide vers la ligne 200 HewSaw MSA ajoutée en 2010, il semble évident que le temps de l’usine à copeaux est révolu. La ligne travaille sur les plus petites billes de l’usine, produisant un seul 2×4. Les billots passent à une vitesse aveuglante, avec des écarts d’un peu plus de 18 à 24 pouces. À 700 pieds/min, j’attends le blocage qui n’arrive jamais. Après quelques minutes de ce rythme effréné, le bac est à sec et la ligne se déplace vers certains billots relativement plus imposants produisant quatre 2×6.

« Notre vitesse la plus lente est de 450 pieds/min », explique Tim Beaulieu, vice-président et directeur général de la scierie. À ce rythme, l’usine fait des 2×6 et des 2×4 de plusieurs de ses plus gros billots de 10 à 12 pouces de diamètre. Pourtant, la courbe de distribution d’alimentation des billots montre que la grande majorité du bois de Fornebu mesure de 5 à 8 pouces. M. Beaulieu fait remarquer que la scierie a été mise à jour avec cette idée de diminution de la grosseur des billots à l’esprit.

« Certaines personnes nous ont suggéré d’inclure une ligne pour les grosses billes, mais quand vous regardez la distribution des billes actuelle, nous n’en avons pas besoin. Nous avons examiné les prévisions pour les cinq à dix prochaines années et j’ai vu qu’un grand pourcentage de notre approvisionnement sera issu d’une forêt gérée, ce qui signifie que les billes deviendront de plus en plus petites. Nous ne pouvions pas justifier d’ajouter deux millions de dollars pour la mise à niveau. Au lieu de ça, nous sommes une scierie à une seule ligne de petits billots. Nous pensons que nous pouvons réussir comme ça. »

La fibre d’abord
Alors que la ligne HewSaw est le centre des opérations, le succès de sa grande vitesse repose sur la récolte. Fornebu reçoit 100 % de ses billes coupées en sections de 8 et 9 pieds. Un petit tour dans la cour à bois révèle une excellente qualité des billes avec un minimum de défaut. On y constate aussi une planification intelligente dans le tri préliminaire.

« Nous faisons un premier tri dans le bois », explique M. Beaulieu. « Tout est séparé en deux groupes : les billes de 5 à 7 pouces de diamètre (culée), et celles de 8 à 10 pouces. Les plus grosses billes sont échangées à des scieries de la région en échange de plus petites billes, afin de toujours obtenir le profil de billes dont nous avons besoin. »

La scierie se concentre sur le marché des 8 et 9 pieds, laissant le marché des 10 pieds aux scieries voisines. Ce premier tri permet de diviser les billes en 14 modèles de coupe différents bien qu’il n’y ait que sept bacs à billes devant la ligne HewSaw. Cela permet à la scierie d’alimenter la ligne en lots avec des temps d’écart et de préparation réduits au minimum, une nécessité pour la survie du sciage d’aussi petites billes. 

« Nous avons examiné le positionneur de billes HewSaw », se rappelle M. Beaulieu. « Nous ne pouvions pas voir le retour sur l’investissement avec notre alimentation de petites billes. Particulièrement quand on fait dans la petite bille, il est préférable de faire un tri préliminaire le plus précis possible pour diminuer l’écart entre les billes et alimenter en lots grâce à l’alimentation mécanique. »

Une paire de chargeurs Liebherr 934 sur roues alimentent la scierie. De là, un Caterpillar M322MH charge les deux tables d’entrée S. Huot. Deux transferts à pallier ravitaillent les deux écorceuses haute vitesse Nicholson A5B 17, ce qui donne à la scierie un écorçage efficace suffisant pour alimenter la seule ligne de sciage.

À partir de là, un système ProLogic trie les billes selon le modèle de coupe et elles sont déposées dans l’un des sept bacs Hollins International, qui à leur tour alimentent la ligne HewSaw R200 MSA.

« La ligne HewSaw est non seulement unique à cause de sa vitesse, mais aussi parce qu’elle fonctionne avec six moteurs de 200 chevaux, ce qui en fait le R200 le plus puissant que nous avons jamais construit », mentionne M. Beaulieu.
Cette puissance supplémentaire a été suggérée par HewSaw après que le fournisseur a pris connaissance de la vitesse de fonctionnement que souhaitait Fornebu.

Les principaux investissements
Mis à part la table de classement, une grande partie de la scierie reste inchangée, malgré l’achat de la ligne de sciage. Le bois se déplace jusqu’à une chute menant à un chargeur PLC, grâce à un optimiseur de coupe Autolog suivi par une paire d’ébouteurs et de bacs de tri Carbotech, et il se rend finalement à l’empileuse d’origine.

Le séchage se passe dans six séchoirs MEC, dont deux séchoirs à bois mous qui ont été ajoutés depuis le changement de propriétaire. Avec une capa-cité de 100 millions de pmp, la scierie est prête à augmenter sa production, mais les coûts de séchage sont aussi une préoccupation, comme l’explique M. Beaulieu. « Nous sommes encore au propane, ce qui entraîne des coûts de séchage que nos concurrents, qui utilisent d’autres types de systèmes de combustion d’écorce, n’ont pas. C’est un désavantage concurrentiel. »

Pour contrer cela, la scierie a installé un système d’énergie au bois prêt à démarrer alors que nous étions sur le site à la fin mars. Livré clé en main par MEC, basé à Victoriaville, ce système dispose d’un système de combustion de 600 chevaux de Ideal Combustion, qui fournit de l’air chaud plutôt que de la vapeur pour alimenter les séchoirs.

« Cela signifie que nous n’avons pas besoin d’un ingénieur en thermodynamique sur le site », dit M. Beaulieu, un défi pour de nombreux moulins, mais particulièrement pour les sites éloignés comme Fornebu. Ideal Combustion est bien connu dans le secteur de la biomasse, mais c’est l’une des premières incursions du fournisseur dans les applications de séchage du bois. Une percée bien accueillie, selon M. Beaulieu, car elle permet aux petites et moyennes scieries d’utiliser l’air au lieu de la vapeur.

Le système consomme des écorces et d’autres résidus, les brûlant à 1800 °F. Des ventilateurs soufflent alors de l’air pour le refroidir à 600 °F avant de l’envoyer vers les séchoirs. La scierie compte sur la mise en place progressive de ce système, un séchoir à la fois au cours du printemps, afin d’éliminer l’utilisation du propane qui coûte très cher. « Ce système va réduire nos coûts de séchage à des niveaux très compétitifs et il a été un investissement clé pour nous », conclut Beaulieu.

En ce qui concerne les investissements futurs, la scierie pense à une nouvelle usine de rabotage. Un modèle bien conçu des Industries Guerette (maintenant DK Spec) est présentement à l’œuvre, mais il demande plus travail que les nouvelles lignes. Toute la production doit passer par deux classeurs manuels, une mise en place qui pose certains défis, admet M. Beaulieu.

« Ce sera le prochain investissement. Nous cherchons un système de classement optimisé pour suivre le rythme d’augmentation de la production de la scierie et pour améliorer notre performance de classement. Nous envisageons d’envoyer de 40 000 000 à 50 000 000  pmp par classeur. Ce n’est pas possible de le faire à long terme avec les installations qu’on a. »

Un classeur automatisé permettrait également à la scierie d’optimiser le rendement vu que le rabotage serait mieux positionné pour détecter les défauts. Le rendement a augmenté de plus de 20 % avec la nouvelle ligne HewSaw, mais un meilleur rendement dépendra des améliorations faites aux installations de rabotage.

Les autres améliorations qui se trouvent sur la liste de souhaits de ce gestionnaire sont l’optimiseur de coupe, dont le logiciel sera bientôt dépassé, et un empileur à haute vitesse, vu qu’il y a ralentissement dans la ligne de production à cette étape.

Pourtant, la production continue de grimper avec les investissements déjà réalisés. Fornebu a fait 70 millions de pmp en 2011 sur une seule ligne, en dépit des petites billes et de la fermeture de l’usine durant trois mois. L’objectif pour 2012, si l’approvisionnement reste constant, est de 100 millions de pmp.

Et le moulin fait encore des co-peaux — beaucoup de copeaux, comme M. Beaulieu l’explique.

« Le rendement s’est nettement amélioré, mais nous sommes également capables d’entrer plus de billots en une seule journée, nous avons donc dû ajouter un autre tamis à copeaux pour maintenir la qualité des copeaux. »

La scierie peut maintenant compter sur quatre clients pour ses copeaux et envoie la majeure partie en vrac via la voie ferrovière du CN qui part de l’usine. Cette façon de faire permet à la scierie de ne pas être dépendante d’un seul client, un changement bien accueilli par M. Beaulieu. « Nous avons eu quelques mauvaises expériences en nous appuyant trop sur un seul client de copeaux, alors la diversité des clients et l’option ferroviaire sont importantes. »

Plus de 80 % du bois d’œuvre sortant de Fornebu va aux États-Unis et la quasi-totalité de cette cargaison s’y rend également en train.

Battre des records
De retour dans le bureau de M. Beaulieu, ce dernier  sort un article un peu usé venant du bulletin d’information de HewSaw. Cet article met en évidence une scierie en Suède qui, au moment de la publication, était présentée avec la ligne de HewSaw la plus rapide. Le directeur de la scierie admet que les Suédois détiennent encore quelques records, mais il ajoute avec un sourire que des Canadiens en ont pulvérisé plusieurs.

Après moins de deux ans d’opérations avec un approvisionnement provenant de forêts naturelles, la scierie des Maritimes détient le record pour le plus de billes par mois, bénéficiant d’une moyenne de 1847 billes/h (7 % au dessus du précédent record), et le meilleur quart de travail de 2386 billes/h. Au moment de mettre sous presse, la scierie atteignait la vitesse de 800 pieds/min pour les plus petites billes. Pourtant, M. Beaulieu affirme que l’équipe n’est toujours pas satisfaite.

« Notre objectif avec les plus petites billes est d’atteindre 850 pieds/min. Lorsqu’on fait un seul 2×4 par bille, il est impossible de réussir si on n’est pas très rapide. Sans cette nouvelle ligne, nous n’aurions pas pu passer à travers 2011 en sciant ce genre de bois. Et nous devons encore apprendre à être meilleurs. »


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