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Un peu de souplesse pour récolter le bois aux enchères

11 juin, 2020  par Guillaume Roy



Pour aider les entreprises du secteur forestier, le Bureau de mise en marché des bois (BMMB) a aménagé des mesures d’allégement question d’offrir un peu plus de souplesse. Ainsi, les contrats se terminant en 2020 pourront être prolongés d’une année et les entreprises n’auront plus à déposer des sommes pour les garanties d’exécution au moment de la signature des contrats avec le BMMB jusqu’au 31 mars 2021.

« On essaie d’être le plus flexible possible pour aider les entreprises, tout en gardant en tête le conflit du bois d’œuvre avec les Américains, explique Vincent Auclair, directeur de la tarification et des opérations financières au BMMB. On veut trouver des solutions qui ont le moins d’impact négatif sur le conflit ». Les mesures temporaires faites par le BMMB ont été présentées vendredi dernier aux transformateurs forestiers.

C’est pour régler les sempiternels conflits sur le bois d’oeuvre que le système de mise aux enchères a été mis sur pied lorsque le nouveau régime forestier a vu le jour en 2013. Pour l’instant, la stratégie québécoise n’a pas complètement fonctionné, car les Américains ont préféré analyser l’industrie forestière canadienne comme un tout, sans analyser la spécificité du Québec. « On se retrouve avec le pire des deux mondes, parce qu’en plus de payer 20% de taxes aux Américains, le nouveau régime forestier fait en sorte que les industriels doivent payer le bois plus cher à l’État », remarque Michel Vincent, économiste du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ).

Ce dernier se réjouit toutefois de l’écoute du BMMB. « Après plus de sept ans avec le système d’enchères, le BMMB sait maintenant avec qui il fait affaire et ces mesures montrent qu’il a confiance dans la rigueur et le professionnalisme des entreprises ayant remporté des lots », dit-il, avant d’ajouter que la rallonge de la période de récolte permettra aux entreprises de mieux s’arrimer aux marchés pendant cette période d’incertitude économique.

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Les prix montent

L’implantation du nouveau système forestier n’a pas été sans heurt, car toutes les mesures prises pour améliorer l’aménagement écosystémique des forêts tout en reflétant la juste valeur des bois sur le marché ont fait gonfler les coûts de 30 % à l’usine, renchérit Alain Paradis, le directeur général de Produits forestiers Petit-Paris. « Environ la moitié de cette augmentation est due au manque de prévisibilité et l’autre moitié à l’augmentation du coût du bois », dit-il.

Interviewé avant l’annonce des allégements du BMMB, ce dernier revendiquait justement des modifications pour améliorer la prévisibilité, car une entreprise a deux ans pour récolter du bois gagné aux enchères. « Parfois, on a payé très cher pour gagner une enchère pour avoir du bois en banque, et je dois le récolter même quand le prix sur le marché n’est pas bon », avait-il dénoncé. Ce dernier aimerait que le délai de récolte soit allongé pour permettre de mieux équilibrer les secteurs de coupe, et ainsi optimiser la construction de chemins et le transport.

Le BMMB demeure ouvert à faire des ajustements à plus long terme et il travaille de concert avec le CIFQ améliorer le système de mise aux enchères, assure Vincent Auclair. « On cherche toujours à trouver le juste milieu, dit-il. Si on laisse cinq ans pour récolter les lots aux enchères, on pourrait avoir des problèmes de spéculation sur le prix de vente. »

Ce dernier ajoute que l’extension de la période pour la récolte des lots aux enchères fait partie des discussions. « On pourrait rallonger les contrats pour récolter le bois dans les secteurs sains et raccourcir les délais de récolte dans les peuplements affectés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette », dit-il avant d’ajouter que le BMMB permet assez de souplesse pour trouver des solutions intéressantes.

COMMENT CALCULE-T-ON LA VALEUR MARCHANDE DES BOIS SUR PIED?

Lors d’une mise aux enchères, le BMMB lance la mise avec le prix estimé de la valeur marchande des bois sur pied, qui est calculé selon différentes variables, dont le volume de bois, la difficulté du terrain, le prix du bois sur le marché, les coûts de transport, et les revenus d’usine, pour n’en nommer que quelques-uns.

Plus il y a de compétiteurs dans un secteur donné, plus les enchérisseurs offriront un prix élevé pour obtenir le lot, selon les règles économiques de l’offre et de la demande. S’il y a au moins trois soumissionnaires, le lot peut être vendu sous le prix estimé. Sinon, le prix estimé devient le prix de base pour vendre le lot. Il existe aussi un tarif minimum, parfois supérieur à la valeur marchande, qui permet au MFFP de financer les coûts de remise en production des secteurs après la récolte. De 2013 à 2018, 81% des lots ont été vendus lors du premier tour de la mise aux enchères.

« Depuis 2013, on se sert uniquement du prix des enchères pour établir la valeur marchande des bois sur pied (VMBSP) pour les garanties d’approvisionnement », explique Vincent Auclair, directeur de la tarification et des opérations financières au BMMB. Ce sont donc les prix des lots de bois vendus aux enchères qui permettent de fixer les prix du bois vendu aux industriels sous la forme de garantie d’approvisionnement, qui représente environ 75% des besoins des usines de sciage.

La valeur marchande des bois n’est toutefois pas uniforme au Québec, car il existe 191 zones de tarification, où les prix sont ajustés selon les différentes caractéristiques du terrain.


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