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45 000 postes seront à pourvoir dans l’industrie forestière canadienne d’ici 2020, dont 15 000 au Québec.

6 novembre, 2015  par Guillaume Roy


Association des produits forestiers du Canada

45 000 postes seront à pourvoir dans l’industrie forestière canadienne d’ici 2020, dont 15 000 au Québec.

En 2010, l’Association des produits forestiers du Canada (APFC) lançait l’initiative « La main-d’œuvre la plus verte » dans le but de recruter 60 000 travailleurs dans l’industrie. Après cinq ans, près de 15 000 nouveaux travailleurs font maintenant partie de l’industrie, grâce à d’importantes campagnes pour faire connaître les nouveaux métiers de la forêt. Mains il reste encore beaucoup de travail à faire.

Il manque près de 815 technologues en transformation du bois au Québec et il y a deux fois plus de départs à la retraite que de nouveaux diplômés en génie forestier. Pendant ce temps, les entreprises en aménagement forestier perdront jusqu’à 35 % de leur main-d’œuvre au cours des prochaines années. Bref, les opportunités d’emplois pullulent dans l’industrie forestière.

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Des entreprises qui embauchent

Produits forestiers Résolu (PFR) compte remplacer 30 % de sa main-d’œuvre d’ici 2020, ce qui représente 300 emplois en forêt, 300 emplois dans les usines et 70 postes en gestions et en administration. Pour pallier au manque de finissants dans les domaines du sciage PFR a pris les grands moyens. « Pour répondre à nos besoins de main-d’œuvre, nous avons démarré des programmes de formation en sciage et en gestion de la production », souligne Janic Gaudreault, directeur des ressources humaines pour PFR. C’est ainsi que 10 jeunes employés ont reçu un diplôme d’études professionnelles en sciage au CFP d’Alma et que 8 contremaîtres ont été formés au Cégep de St-Félicien.

Pour sa part, Rémabec compte embaucher plusieurs centaines de personnes pour combler les départs à la retraite et répondre aux besoins d’expansion, note Pierre-Olivier Lussier, directeur des communications de l’entreprise basée à La Tuque et qui compte plus de 2000 employés.

La manque de main d’œuvre a aussi été identifié comme étant un facteur limitant la récolte en forêt privée par Domtar. « Alors que la possibilité forestière diminue en forêt publique, elle est passée de 12 à 16 millions de m3 en forêt privée. Pourtant, nous ne récoltons que 40 % de ces volumes de bois pour l’instant en Estrie », note André Gravel, directeur des approvisionnements en fibre, qui souhaite augmenter ce taux de récolte à 50 % d’ici trois ans. Pour recruter des jeunes, l’entreprise souhaite redorer l’image de l’industrie en changeant la perception populaire en misant sur l’aspect technologique du travail et la protection de l’environnement. Au total, Domtar et ses sous-traitants recruteront près de 250 travailleurs pour la récolte et le transport au cours des prochaines années, en plus d’embaucher une centaine de travailleurs à l’usine de pâte et papiers.

Choc démographique

Avec une population vieillissante, tous les secteurs de l’économie canadienne entrent en compétition pour recruter la main-d’œuvre qualifiée et performante. Entre 2005 et 2010, les fermetures d’usine ont créé un grand vide dans les institutions d’enseignement et les jeunes se sont désintéressés des métiers de la forêt, mentionne André Tremblay, PDG du Conseil de l’industrie forestière du Québec. « On voit poindre un problème de main-d’œuvre très important », dit-il.

Réjean St-Arnaud, directeur général de Formabois, le Comité sectoriel de main-d‘œuvre de la transformation du bois, abonde dans le même sens. « Faute de main-d’œuvre qualifiée, on retrouve des gens qui ont moins de qualification dans plusieurs usines, ce qui ralentit la productivité », dit-il. 

Pour renverser la vapeur, le CIFQ, les associations forestières, les comités sectoriels et les entreprises travaillent ensemble pour raviver la flamme forestière. Chaque année, 3000 étudiants du secondaire 3 à 5 sont initiés aux métiers de la forêt lors des journées Viens vivre la forêt, organisée aux quatre coins du Québec.

Des ateliers scientifiques conçus par Formabois sont également présentés à plus de 10 000 jeunes du secondaire dans toutes les régions. « Nous travaillons maintenant à mettre en place cet atelier au Jardin botanique de Montréal afin de rejoindre une plus grande clientèle », mentionne Réjean St-Arnaud.

Le Comité sectoriel de la main d’œuvre en aménagement forestier (CSMOAF) travaille pour sa part sur un projet afin de mieux intégrer les nouveaux travailleurs dans leur milieu de travail. « Sans expérience, il est difficile d’être productif en commençant. Les employeurs hésitent parfois à embaucher un jeune qui peut briser leur machine qui vaut plusieurs centaines de milliers de dollars », remarque Annie Beaupré, directrice générale du CSMOAF.

La lumière au bout du tunnel

Ces différentes initiatives et la reprise de l’industrie semblent porter fruit pour certains programmes. Par exemple, le nombre total d’étudiants en génie forestier et en génie du bois à l’Université Laval est passé de 149 en 2009-2010 à 333 en 2014-2015. Malgré ces statistiques encourageantes, il existe encore une pénurie d’ingénieurs même si le taux de placement frise le 100 % et que les salaires sont excellents.

Dans les Centres de formation professionnelle, la situation s’est également améliorée à plusieurs endroits, grâce à différentes initiatives de partenariat avec les entreprises ou à des campagnes pour faire connaître les besoins de l’industrie.

Dans plusieurs formations, comme le programme de Classement des bois débités offert à l’école de foresterie et de technologie du bois de Duchesnay, les 12 étudiants inscrits sont envoyés et payés par des entreprises comme Goodfellow.

Ces initiatives sont fort intéressantes, mais il faudra aussi convaincre les conseillers en orientation que les carrières en transformation du bois offrent de belles opportunités d’emploi pour que les jeunes s’inscrivent d’eux-mêmes dans ce genre de programme, croit Mario Welsh, professeur à Duchesnay. « Ils ne connaissent pas la réalité des métiers d’aujourd’hui. On est loin des bucherons et des usines du passé », estime ce dernier.

Attirer et recruter

En plus des métiers traditionnels de récolte et de transformation du bois, de nouvelles opportunités d’emploi voient le jour dans les domaines de la chimie verte et de l’énergie, souligne Robert Laroche, directeur principal, environnement et marché du travail pour l’APFC. « Plus de 15 projets sur des nouveaux produits comme les filaments de cellulose, la nanocellulose cristalline ou encore la lignine verront le jour d’ici la fin de 2016, ce qui devrait créer près de 20 000 emplois au Canada », ajoute-t-il.

C’est bien beau d’entendre parler de toutes ces opportunités, mais comment un jeune fait-il pour trouver un emploi en forêt ou en usine ? « Il manque d’information sur le marché du travail et c’est pourquoi nous lancerons un nouvel outil au printemps 2016 pour présenter toutes les informations sur les emplois dans le secteur forestier, mais surtout les emplois disponibles par région, d’un océan à l’autre », explique M. Larocque. Non seulement sera-t-il possible de connaître les emplois disponibles lors de la recherche, l’outil permettra aussi  voir les perspective d’emploi par région dans un, deux ou cinq ans.


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