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Tordeuse des bourgeons de l’épinette: une lutte de 37 millions $

4 juillet, 2019  par Guillaume Roy


En 2019, la Société de protection des forêts contre les insectes et maladies (SOPFIM) dépensera 37 millions de dollars pour traiter 447 000 hectares de forêts dans le but de lutter contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE), soit le plus gros montant de son histoire. Le but : diminuer les populations de l’insecte avec un insecticide biologique afin de protéger la valeur marchande des arbres.

Dans la base temporaire de la SOPFIM aménagée à l’aéroport de Saint-Méthode, situé entre Saint-Félicien et Dolbeau-Mistassini, au Lac-Saint-Jean, neuf avions n’attendent que le signal pour commencer les épandages d’insecticide biologique Bt pour protéger les forêts contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

Dans les laboratoires, les auxilières de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.Dans les laboratoires, les auxilières de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.

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En ce 12 juin, les opérations ont pris une dizaine de jours de retard, causés par le printemps tardif. Sur une grande carte, le chef de base Jacques Bergeron présente tous les secteurs qui devront être traités au Saguenay–Lac-Saint-Jean cet été. Il explique que trois avions de surveillance patrouillent en ce moment ces secteurs pour dire si les conditions sont propices pour l’épandage, car pour qu’il soit efficace, les vents doivent être de moins de 15 km/h et aucun épandage n’est fait moins de quatre heures après la pluie. Pour éviter les vents forts, tous les vols se font très tôt le matin ou en soirée. 

« 1-3-1 et 1-3-2, Go », entend-on alors dans le radio, alors que les avions de surveillance viennent d’approuver les premiers vols de la saison dans les zones 131 et 132. Un soulagement pour l’équipe qui prépare le travail pendant toute une année avant de réaliser le blitz de trois semaines sur le terrain au mois de juin. Avec le retard pris en début de saison, il était grand temps que les opérations démarrent, souligne Jacques Bergeron, car la plupart des pilotes doivent repartir le 4 juillet pour d’autres contrats de pulvérisation agricole dans les Prairies. Ainsi, chaque minute est comptée et toute la logistique doit être minutieusement calculée pour permettre d’optimiser les périodes de vols. 

Dans les laboratoires, les auxilières de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.Dans les laboratoires, les auxilières de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.

Étant donné que la SOPFIM ne possède pas d’avions spécialisés pour de telles pulvérisations, elle doit les louer à différents fournisseurs en plus d’embaucher des pilotes spécialisés dans le domaine, pour voler à moins de 20 mètres de la cime des arbres. Si quelques-uns d’entre eux viennent du Québec, la majorité provient de l’Ouest canadien, comme Steve Toth, un pilote de WestJet basé en Saskatchewan, qui vient piloter des avions d’épandage au Québec pendant ses vacances pour vivre des sensations fortes. « Au lieu de piloter des avions complètement automatisés, on peut avoir le vrai feeling du pilotage, souligne ce dernier. Le terrain et les montagnes sont stimulants, surtout quand tu es habitué de voler dans les prairies. »

Pulvérisation record

En 2019, la SOPFIM réalisera le plus important programme de pulvérisation de son histoire, en traitant 1350 secteurs d’une superficie totale de 447 000 hectares. Cette opération, d’un coût de 37 millions de dollars, permettra de protéger 5 % des superficies infestées par la tordeuse. 

Dans les laboratoires, les auxiliaires de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.Dans les laboratoires, les auxiliaires de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, ce sont cinq équipes de deux travailleurs qui sillonnent les forêts afin de déceler le meilleur moment pour donner le feu vert aux pilotes pour l’épandage du bioinsecticide. « Les équipes évaluent le développement des pousses d’arbres et ils ramènent des échantillons au laboratoire pour évaluer le stade de développement et les niveaux de population de l’insecte », explique Alain Dupont, le directeur de la foresterie et de l’environnement pour la SOPFIM. 

Ainsi, ce sont 13 auxiliaires de laboratoire qui examinent minutieusement les échantillons de branche de 45 cm avec des loupes pour déceler les larves présentes, ainsi que leur stade de développement, explique Marie-France Aubé, la responsable du laboratoire temporaire installé au-dessus de la Crèmerie du Nord à Dolbeau-Mistassini. « Sur une seule branche, on a déjà trouvé 197 larves », dit-elle. 

Dans les laboratoires, les auxilières de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.Dans les laboratoires, les auxilières de recherche doivent compter toutes les larves qu’ils trouvent sur une branche de 45 cm.

C’est donc en compilant les données sur les stades larvaires des tordeuses en laboratoire et les données sur l’état du feuillage des arbres dans les différents secteurs que les responsables peuvent permettre de lancer les opérations d’épandage avec une efficacité optimale. 

Lors des opérations, 1,5 litre d’insecticide, qui contient plusieurs milliards de bactéries, est épandu sur un hectare de forêt, ce qui représente une pinte de lait sur une superficie couvrant deux terrains de football, remarque Alain Dupont. Au total, plus d’un million de litres, d’un coût de 15 $/L, seront épandus sur les forêts québécoises cette année. 

Des loupes sont utlisées pour déceler toutes les larves de tordeuse sur les branches.Des loupes sont utlisées pour déceler toutes les larves de tordeuse sur les branches.

Le but des opérations est de protéger 50 % de la pousse annuelle sur 70 % des superficies traitées. Au cours des dernières années, le taux de succès a atteint entre 77 % et 98 % des superficies traitées. 

5 des 6 stades de développement des larves de tordeuses des bourgeons de l’épinette, avant qu’elle ne se transforme en chrysalide, puis en papillon.5 des 6 stades de développement des larves de tordeuses des bourgeons de l’épinette, avant qu’elle ne se transforme en chrysalide, puis en papillon.

Une douzaine d’avions travaillant pour la SOPFIM sont basées à l’aéroport de Saint-Méthode.Une douzaine d’avions travaillant pour la SOPFIM sont basées à l’aéroport de Saint-Méthode.

Les premiers épandages ont eu lieu le 12 juin dans le nord de la région, alors que les opérations débutent habituellement le 2 juin.Les premiers épandages ont eu lieu le 12 juin dans le nord de la région, alors que les opérations débutent habituellement le 2 juin.

Des Micronaires sont utilisés pour diffuser 1,5 litre d’insecticide sur un hectare de forêt, ce qui équivaut à une pinte de lait sur deux terrains de football. Des Micronaires sont utilisés pour diffuser 1,5 litre d’insecticide sur un hectare de forêt, ce qui équivaut à une pinte de lait sur deux terrains de football. 

Les épandages de la SOPFIM se font très tôt le matin ou en soirée, car les vents doivent être de moins de 15 km/h pour faire ce type d’opération.Les épandages de la SOPFIM se font très tôt le matin ou en soirée, car les vents doivent être de moins de 15 km/h pour faire ce type d’opération.

Le chef de base Jacques Bergeron montre tous les secteurs à traiter pour la saison 2019.Le chef de base Jacques Bergeron montre tous les secteurs à traiter pour la saison 2019.

Un pilote se prépare à décoller pour son premier épandage de la saison.Un pilote se prépare à décoller pour son premier épandage de la saison.

Un pilote se prépare à décoller pour son premier épandage de la saison.Un pilote se prépare à décoller pour son premier épandage de la saison.

La plupart des pilotes embauchés par la SOPFIM viennent de l’ouest canadien, car ce type d’application y est grandement répandu en agriculture. Sur la photo, on peut voir les pilotes Steve Toth, Rick Reimer.
Ted Anderson et
James Goertzen.La plupart des pilotes embauchés par la SOPFIM viennent de l’ouest canadien, car ce type d’application y est grandement répandu en agriculture. Sur la photo, on peut voir les pilotes Steve Toth, Rick Reimer. Ted Anderson et James Goertzen.


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