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Penser la foresterie différemment

Une nouvelle chaire à l’Université Laval

24 janvier, 2018  par Helin Dura


Par Helin Dura, Étudiante en aménagement et environnement forestier à l'Université Laval

Fruit d’une démarche entreprise il y a plusieurs années, l’Université Laval lançait en septembre dernier la nouvelle Chaire de leadership en enseignement (CLE) en foresterie autochtone, une démonstration convaincante que les réalités autochtones sont une composante incontournable du développement fo­restier durable au Québec.

L’événement se tenait au musée amérindien de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, en présence de partenaires clés du milieu forestier : les Premières Nations d’Essipit, de Pessamit, de Mashteuiatsh et de Wemotaci, le CIFQ, FPInnovations, l’APFC, Forchemex, l’AETSQ, la FQCF ainsi que des gouvernement du Québec et du Canada.  

À travers le pays, plus de 80 % des communautés autochtones vivent en territoire forestier et leurs besoins sont étroitement liés aux ressources qui s’y trouvent. Pour soutenir leurs efforts de développement, il faut mieux comprendre les particularités locales, car chaque communauté évolue dans un contexte unique et possède des besoins et intérêts distincts.

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Une implication accrue des communautés autochtones est essentielle à l’aménagement du territoire et à la mise en place de modèles de gestion adéquats, se­lon la Stratégie d’aménagement durable des forêts. Elle permettrait aussi de répondre à un urgent besoin en travailleurs et entrepreneurs dans le secteur fo­restier.

Cela dit, il faudra miser sur les jeunes pour renouveler nos modèles de développement forestier. Selon Serge Simard, représentant de Mashteuiatsh, la vision autochtone se distingue de celle du modèle industriel québécois en ce qui concerne la valorisation des ressources. En effet, il ne s’agit pas d’un intérêt centré uniquement sur la valeur bois de la forêt, mais plutôt sur l’ensemble des ressources qu’elle contient.

Robert Beauregard, vice-recteur exécutif et vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes de l’Université Laval, croit que « la chaire de leadership va créer un pont entre les univers des communautés et de l’industrie du secteur forestier. Elle va permettre de catalyser plusieurs forces ». En effet, l’initiative s’insère dans un contexte où de nombreux acteurs dépendent du territoire forestier.

Il s’agit d’une occasion intéressante de tisser des liens de partenariats entre les communautés autochtones, l’industrie et le gouvernement. À travers les activités de la CLE, ces différents acteurs ont un espace pour exprimer leurs visions de la forêt. Le dialogue est une étape importante vers une meilleure compréhension mutuelle et une meilleure capacité à concilier les différentes préoccupations d’ordres économiques, sociaux et environnementaux.

L’Université Laval est la seule université au Québec offrant un programme menant au titre d’ingénieur forestier. L’un des objectifs de la CLE est donc d’améliorer la formation des futurs ingénieurs forestiers du Québec. En ce sens, un nouveau cours a été créé en janvier 2017, afin d’exposer les étudiants aux réalités autochtones. Pour ce faire, une série de conférenciers possédant une solide expérience du milieu socioéconomique autochtone ont présenté différentes initiatives mises en place au cours des dernières années. Ce cours deviendra obligatoire à partir de janvier 2019. En outre, la CLE offre désormais des possibilités de stages dans les communautés afin de mieux intégrer le savoir-faire et le savoir-être du domaine forestier, principaux thèmes du cours. À plus long terme, la chaire souhaite mettre en place un programme de formation continue destiné aux professionnels qui travaillent déjà dans le milieu.

Selon Luc Bouthillier, professeur titulaire à l’Université Laval et spécialiste des questions concernant l’environnement et les politiques forestières, il s’agit de l’occasion rêvée de développer une approche d’enseignement multidimensionnelle. C’est pourquoi la relève doit recevoir une formation adéquate lui permettant de collaborer avec les différents acteurs du milieu.

Dans le même ordre d’idées Simard considère qu’avec la CLE en foresterie autochtone « nous sommes en train de planter des graines » pour repenser nos façons de faire. Comme quoi, il nous faut apprendre à penser la foresterie différemment.


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