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10,3 M $ pour le caribou forestier

Le Québec a signé une entente de 4 ans avec le fédéral sur la protection du caribou forestier.

9 octobre, 2019  par Guillaume Roy



Ottawa versera 10,3 millions $ sur quatre ans au Québec pour financer diverses études menant à la mise en place de la stratégie québécoise de rétablissement du caribou forestier. Aucune restriction de coupe supplémentaire n’est imposée dans le cadre de cette entente pluriannuelle et Québec demeure le maître d’œuvre de la stratégie qui sera flexible au fil du temps.

Le Québec recevra 10,3 millions $ sur quatre ans pour financer plusieurs activités de sa stratégie de rétablissement du caribou forestier. « C’est un montant trois fois plus élevé que ce que les autres provinces ont reçu dans le cadre d’ententes similaires », s’est réjoui Francis Forcier, directeur général des mandats stratégiques au ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP), et responsable du dossier du caribou forestier. Selon ce dernier, ce montant représente une reconnaissance de la crédibilité et du contenu de la stratégie québécoise pour le rétablissement du caribou forestier.

Ces sommes serviront notamment à réaliser des essais terrain pour contrôler le taux de perturbation, pour favoriser le maintien de massifs forestiers de 30 km2 et plus, pour démanteler d’anciens chemins forestiers, pour favoriser la régénération dans certains secteurs et pour favoriser la connectivité. 

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« Le caribou préfère les peuplements de résineux matures et fermés, car ils offrent une protection contre ses principaux prédateurs, l’ours et le loup », mentionne Francis Forcier. Les travaux visent donc à réduire la quantité de feuillus et à augmenter la densité des résineux. Des projets pourraient même être réalisés dans les aires protégées, telle la réserve de biodiversité Caribous-Forestiers-de-Manouane-Manicouagan. Ces travaux permettront de parfaire les connaissances pour ajuster la stratégie qui sera mise en place en 2023, ajoute ce dernier. 

De plus, Québec regarde la possibilité d’augmenter la survie du caribou en faisant une meilleure gestion des prédateurs. Le MFFP envisage notamment de réduire le nombre de proies alternatives, comme l’orignal et le cerf en augmentant le niveau de chasse ou en créant des conditions non propices à l’original, en testant l’impact des coupes partielles sur l’espèce. « On veut avoir tout le coffre d’outils », remarque Francis Forcier. 

Avec les sommes investies par Ottawa, le MFFP souhaite développer une plus grande implication des autochtones dans le dossier caribou. « Les communautés autochtones ont une relation culturelle très serrée avec le caribou, dit-il. On souhaite développer la capacité et l’expertise d’équipes plus constantes et permanentes dans certaines communautés pour la mise en œuvre de notre stratégie. »

Où en est la protection du caribou ?
Lors de la diffusion du rapport d’étape sur la protection de l’habitat essentiel du caribou forestier, présenté en avril 2018, on apprenait que 80 % de l’habitat préférentiel du caribou forestier devait comprendre un taux de perturbation d’un maximum de 35 %. Une étude est en cours pour évaluer si une plus grande récolte permettrait tout de même de maintenir les populations de caribous forestiers, explique Francis Forcier. « En attendant les résultats de l’étude, on travaille avec le taux de perturbation de 35 % », a-t-il dit, tout en laissant la porte ouverte à des ajustements. 

Dans l’entente signée avec le gouvernement fédéral, Québec conserve son leadership dans la réalisation des activités de rétablissement du caribou. Ainsi, le MFFP peut maintenir les particularités du programme québécois, soit l’instauration de vastes espaces propices, des zones d’habitat en restauration et de connectivité. « Ces éléments ne se retrouvent pas dans la stratégie fédérale », mentionne ce dernier, content de voir que les compétences du Québec, qui détient son propre cadre de protection des espèces menacées ou vulnérables, sont respectées dans ce dossier. 

« Cette entente n’est pas contraignante pour le Québec, dit-il. Si on veut faire des ajustements sur le choix des mesures à mettre en place ou sur les territoires à protéger, on peut le faire. » Autrement dit, cet accord permet une certaine flexibilité, mais les deux paliers de gouvernement ont l’obligation de s’entendre pour assurer la protection du cervidé. 

Québec avait également soustrait 34 000 km2 à la récolte forestière en 2018, mais aucune autre restriction ne vient s’ajouter à ces mesures. « Ces mesures intérimaires permettent de protéger les habitats les plus intéressants au sud de la limite des forêts attribuables », explique le fonctionnaire. L’instauration de cette protection administrative ne veut pas dire que ces forêts ne seront pas récoltées, mais le MFFP veut se donner le temps de bien analyser la situation avant de faire la sélection finale des territoires à préserver. 

Francis Forcier convient que l’imposition des mesures intérimaires vient en conflit avec les planifications forestières, causant des soucis aux industriels forestiers, mais cette décision était nécessaire pour ne pas hypothéquer des habitats favorables au rétablissement de l’espèce.


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