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Rassembler les forces pour des gains de productivité

Un transporteur de bois court réalise des gains de 25% en travaillant avec une entreprise d’abattage.

6 avril, 2023  par Émilie Parent-Bouchard


Philippe Lecomte, propriétaire de deux transporteurs enregistre un gain de productivité de l’ordre de 25 %.

 C’est la mi-journée sur le chantier enneigé situé à une soixantaine de kilomètres au nord d’Amos, en Abitibi, en bordure de la route 109 menant à Matagami, puis à la Baie-James. Dans une parenthèse entre deux journées de grands froids, l’oncle de Philippe Lecomte, Germain, dort paisiblement dans le campement temporaire érigé par son neveu. 

Le deuxième transporteur de Philippe Lecomte, qui s’est lancé à son compte en 2016 en faisant l’acquisition du transporteur TimberPro TF840B de son ancien patron, prend exceptionnellement une pause pour accueillir Opérations forestières. 

«Ça travaille 24 heures sur 24. On arrête cinq minutes, on mange notre sandwich et on repart. C’est un 12 heures pas mal sans arrêter», laisse tomber l’entrepreneur de 34 ans, reconnaissant à son ancien patron de lui «avoir donné sa chance» en finançant l’acquisition de son premier transporteur. 

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L’acquisition juste avant les fêtes d’un deuxième transporteur de bois court tout neuf, de la série D du modèle TF840 de TimberPro, lui permet de travailler sur un horaire de semaine, alors qu’il devait manœuvrer les samedis, dimanches et lundis pour optimiser le travail avec un seul transporteur. 

Raccourcir le délai entre l’abattage et le transport
«Je faisais ma semaine en trois jours pendant la fin de semaine, précise celui qui a fait ses débuts dans la forêt à l’âge de 17 ans, après une formation professionnelle en abattage et façonnage des bois. Je faisais ma maintenance et puis la semaine je retournais chez nous le mardi, je faisais les commissions à l’épicerie pour revenir ici le samedi pour être capable d’avoir la production pour ne pas que le retard s’accumule. Il faut suivre quand même de proche.»

Quand il parle de suivre, il parle de l’équipe de Foresterie DP et fils, une équipe dotée d’une abatteuse et de deux processeurs de bois court. Alors qu’il accusait le plus souvent un retard d’une semaine sur les travaux d’abattage, Philippe Lecomte maintient désormais la cadence à 12 ou 24 heures derrière ses collègues grâce à son deuxième transporteur.  

Alors qu’il a commencé en suivant une abatteuse multifonctionnelle, il se dit maintenant de plus en plus à l’aise avec procédé mis en place avec l’équipe de Foresterie DP et fils. 

«C’est un 25% [d’efficacité supplémentaire] pour tout le procédé, comparé à une multifonctionnelle et un transporteur. Parce que la multi en pogne un, elle l’abat et le processe. C’est plus long. Tandis que lui, il fait une sélection, un tri. L’autre derrière, il fait juste processer du bois, il n’a pas à se casser la tête et à trier ce qui est bon et ce qui ne l’est pas», illustre-t-il. 

L’acquisition d’un transporteur tout neuf permet aussi certains gains de productivité, assure le sous-contractant de Matériaux Blanchet, qui transforme à son usine d’Amos les billots de 9 et 16 pieds de diverses essences en planches pour le secteur de la construction. 

Une personnalisation made in Québec…

Philippe Lecomte (à droite) et son employé Mathieu Thivierge, tous deux opérateurs de transporteur de bois courts.

Philippe Lecomte a effectivement pu profiter de l’expertise de Machineries Tanguay, une entreprise basée au Saguenay-Lac-St-Jean, pour personnaliser sa nouvelle acquisition. Un peu avant les fêtes, il s’est rendu à Roberval pour superviser les dernières modifications à apporter à son nouveau transporteur. 

«C’est ce que j’aime avec TimberPro, tu la commandes et il y a comme 250 options. À Roberval, ils commandent le frame d’en bas, ils font mettre le haut d’une abatteuse dessus — les booms et le stick, l’extension, c’est fait à Roberval, tu le commandes de la longueur que tu veux. Il y a plein de spécifications que j’ai faites faire», explique-t-il. 

Pour Philippe Lecomte, l’investissement d’environ un million de dollars en vaut la chandelle. «Le moteur est plus gros, plus performant, plus de HP. Les pompes hydrauliques sont plus grosses, la vitesse de déplacement est plus rapide. J’ai gagné en production pas mal. Le grappin est plus gros, une bonne demie de plus. J’ai rallongé le mat de deux pieds pour avoir une plus longue portée, ça va mieux», illustre-t-il, estimant entre 15 et 20% son gain de productivité, soit «une couple de voyages par quart de travail». 

Veut-il encore grossir, par exemple en faisant l’acquisition d’encore plus de machinerie? Une chose à la fois, philosophe-t-il. «Ce n’était pas dans mes plans d’avoir plus que une machine. Mais là j’ai comme pas eu le choix de suivre la cadence, parce une machine ce n’était pas assez pour la production que Foresterie DP font», dit-il, en référence à une production entre 3000 et 4000 mètres cubes de bois par semaine. 

…et un traitement aux petits oignons

Ce transporteur TimberPro TF840B a permis à l’entrepreneur forestier Philippe Lecomte de se lancer à son compte en 2016.

D’autant que plus grand le parc de machinerie, plus importante la maintenance. Tous les printemps, Philippe Lecomte doit en effet rentrer sa machinerie au garage, le temps d’une grande opération de maintenance annuelle — vidange d’huiles, changement de pièces, le tout consciencieusement noté dans un fichier de suivi au fil de l’année. Autrement, le touche-à-tout s’adonne aussi à beaucoup de maintenance préventive directement sur le chantier, explique-t-il en faisant visiter sa remorque de services où il garde pièces de rechange et outils. 

«J’ai un bon système D. En étant entrepreneur, t’as pas vraiment le choix. Il faut que tu sois bon dans à peu près tout, en hydraulique, en électricité, le moteur. Dans la forêt tu fais le minimum et quand tu arrives au garage, là tu fais tout d’une shot. Il faut que tu te mettes de l’argent de côté pour quand tu arrives au printemps, en plus de planifier les achats d’huile et de pièces environ un mois à l’avance», mentionne Philippe Lecomte, précisant que le fait d’acheter à neuf lui achète aussi la paix d’esprit quant aux gros bris pendant un bon deux ans. 

Et dans une région où l’appel des sirènes de l’industrie minière est constant, Philippe Lecomte réfléchit-il à troquer ces tracas quotidiens pour un emploi mieux rémunéré? «Il y en a qui vont essayer les mines. Moi je sais que je n’aimerais pas ça. Tout ce que ça engendre, la sécurité de la mine, je n’aime pas ça. J’aime mieux la forêt, on est plus libres, il y a moins de restrictions. J’ai été élevé sur une terre dans le fond d’un rang, dans le bois — à Saint-Maurice-de-Dalquier. Être en forêt, c’est en moi. Je suis ben, j’aime ça», conclut-il. 


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