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Protection du caribou: 759 800 mètres cubes à trouver

17 octobre, 2019  par Guillaume Roy



Si aucun aménagement n’était fait, la possibilité forestière du Québec serait amputée de 759 800 mètres cubes, dont 184 000 m3 au Saguenay–Lac-Saint-Jean, pour protéger l’habitat du caribou forestier. Pour éviter les pertes de possibilité forestière, Québec a mis sur pied les Groupes opérationnels régionaux (GOR) pour trouver des mesures d’atténuation afin de maintenir le niveau de récolte actuel. Pour les industriels, il reste à voir si les mètres cubes à trouver pourront être récoltés de manière rentable.

Selon l’analyse faite par le Forestier en chef, il faudrait réduire la possibilité forestière de 759 800 mètres cubes dans la province pour protéger le caribou forestier, selon le scénario de récolte actuel, une baisse de 6 % de la possibilité forestière en moyenne pour les quatre régions touchées. De ce nombre, la réduction toucherait 184 000 mètres cubes (-3 %) au Saguenay–Lac-Saint-Jean, 299 000 m3 (-8 %) sur la Côte-Nord et 284 800 m3 (-10 %) dans le Nord-du-Québec. Dans la région de Québec, la possibilité augmenterait de 8000 m3 (+3 %).

Telles sont les données dévoilées par le Forestier en chef lors de la première rencontre du Groupe opérationnel régional, tenue devant une quarantaine de participants, dont des industriels, des membres des Premières Nations, des élus municipaux et des membres du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), mardi à l’hôtel Le Montagnais, à Chicoutimi. 

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« Le Forestier en chef a fait son analyse d’impact en prenant le scénario de protection envisagé par le ministère avec les modalités et les paramètres sans aucune mesure de mitigation, a expliqué Francis Forcier, directeur général des mandats stratégiques au MFFP, et responsable du dossier du caribou forestier, après la rencontre. Ça appartient aux groupes opérationnels régionaux d’imaginer un scénario d’aménagement qui va permettre à la fois d’assurer la conservation du caribou et de favoriser un développement économique stable. »

Pour éviter les politiques mur à mur, un GOR sera formé pour chaque unité d’aménagement.

Selon leurs besoins et particularités, les GOR devront faire des propositions de mesures d’atténuation pour parvenir à compenser les superficies de récolte qui seront dédiées à la protection du caribou forestier. Tous les outils sylvicoles seront à l’étude, dont l’augmentation de la coupe partielle, la réduction des contraintes à la récolte, l’augmentation du reboisement et autres. 

« Quand les GOR auront développé un scénario avec quelques options, ils vont le soumettre au Forestier en chef qui va réévaluer l’impact sur la possibilité forestière, en indiquant quelles mesures ont le plus d’impact », ajoute Francis Forcier. 

Lors des prochaines rencontres, les GOR recevront les analyses de sensibilité réalisées par le Forestier en chef, explique Frédéric Perron, directeur général du secteur nord-est par intérim. « Ces analyses présenteront des variables qui peuvent amener une certaine variabilité positive quant aux volumes que l’on peut aller récolter », a-t-il dit, sans préciser les détails des mesures, lesquelles seront différentes pour chaque unité d’aménagement. Selon ce dernier, il ne devrait pas y avoir de problème pour aller chercher les volumes nécessaires dans la région. « Des mesures pour aller chercher 180 000 mètres cubes, ce n’est quand même pas énorme sur une possibilité de plus de 6,4 millions de mètres cubes », a-t-il ajouté.

Trouver du bois, mais à quel prix ?

Alain Paradis, le directeur général de la Coopérative forestière Petit-Paris, se réjouit de voir que le MFFP veut maintenir la possibilité forestière, mais il se demande à quel prix se fera une telle opération. « Le diable est dans les détails, a-t-il dit à la sortie de la rencontre du GOR. Il reste à voir si ça va être rentable de récolter ce bois-là. »

Le ministère soutient qu’il a compris les préoccupations des industriels et que ces questions devront être discutées dans les GOR pour trouver les solutions offrant le meilleur coût de revient. 

Scène 1, prise 2

Le 10 septembre dernier, la rencontre du GOR avait été reportée parce que les industriels avaient alors posé certaines conditions, dont celle de retirer certaines mesures intérimaires qui restreignaient l’accès à des secteurs de coupe. 

Francis Forcier explique que 75 % des mesures intérimaires existaient déjà avant 2018, et que certaines zones névralgiques ont été ajoutées par principe de précaution. « Il faudra considérer davantage le volet caribou dans la stratégie sylvicole pour contrôler le taux de perturbation », renchérit Frédéric Perron, en ajoutant que la plupart de ces secteurs se trouvent très loin des usines. 

Rappelons que la stratégie québécoise de protection du caribou forestier vise à maintenir un taux de perturbation de 35 % sur 80 % des habitats préférentiels. Un certain niveau de récolte sera encore toléré dans ces zones. 

Lors de la rencontre, le MFFP a également rappelé le cheminement qui a mené à la détermination des territoires à protéger pour la protection du caribou forestier. « On est parti des habitats les plus intéressants pour l’espèce, où la présence a été confirmée depuis 10 ans, puis contrevérifié au cours des deux dernières années lors des inventaires », a soutenu Francis Forcier. Pour y parvenir, plus de 250 colliers télémétriques ont été installés sur la population de cervidés, estimée à 7000 individus. « Ces données nous ont permis d’identifier les habitats préférentiels, là où on a 75 % de chances de retrouver un caribou en tout temps », ajoute-t-il. 

Les détails de l’analyse du Forestier en chef sur l’impact de la protection du caribou forestier sur la possibilité forestière se trouvent ici : www.bit.ly/35D8zI3.


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