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Portrait économique des entrepreneurs forestiers du Québec

À la demande de l’Association québécoise des entrepreneurs forestiers (AQEF), l’auteur a réalisé une étude afin de brosser le portrait économique des entrepreneurs forestiers du Québec.

13 avril, 2023  par Louis Dupuis, économiste forestier et ancien banquier


Il resterait aujourd’hui environ 500 entrepreneurs forestiers, ce qui est préoccupant pour l’avenir de l’industrie .

Cette étude a été établie initialement grâce à une base de données obtenue en décembre 2021 de la société Dun & Bradstreet, qui rend compte des entreprises enregistrées dans le secteur d’activité Exploitation forestière, primaire ou secondaire, code SCIAN 113 ( Système de Classification des Industries de l’Amérique du Nord). 

La base de données a été nettoyée et analysée. Trois  autres bases de données privées ont ensuite été intégrées à la première, ainsi qu’un sondage par courriel. Afin de valider les informations, des appels téléphoniques ont été effectués à des entrepreneurs forestiers directement, ainsi que de très nombreuses vérifications au Registraire des entreprises du Québec (REQ).

Au terme de cette démarche, voici les principaux chiffres clés de cette étude :

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  • +/- 500 entrepreneurs forestiers actifs au Québec
  • +/- 3500 emplois directs incluant les dirigeants opérants
  • +/- 1500 machineries forestières en opération
  • +/- 850 M$ les revenus annuels générés directs
  • +/- 280 M$ la masse salariale incluant les retenues à la source et les contributions de l’employeur
  • L’étude nous révèle que l’âge moyen de fondation de ces entreprises est de 22 ans, avec la médiane de l’année de fondation en 1994.

Sur le graphique des Années de fondation des entreprises, on peut constater plusieurs vagues de démarrage et de contraction des entreprises forestières.

Ainsi, dans les années 1980, nous avons assisté à une consolidation des équipes de récolte (ce qui inclut la coupe, le débardage et l’ébranchage exécuté dans une seule entreprise). Dans les années 1990, ce fut la vague de création des équipes de bois tronçonné (une abatteuse façonneuse et un transporteur forestier) qui s’est poursuivie au début des années 2000. À la fin des années 2010 et au début des années 2020, nous avons enregistré une nouvelle vague de démarrage, encouragée par de meilleurs résultats financiers du côté des industriels et par une demande accrue des volumes de la forêt privée. Pour cette nouvelle vague, plusieurs démarrages d’entreprises ont bénéficié d’une aide des industriels ou d’autres sources, sous forme de prêts directs ou de cautionnements d’emprunt. Nous ne pouvons pas quantifier cette aide, mais ce phénomène est bien réel, et sans celui-ci plusieurs entreprises n’auraient pas vu le jour.

À ces vagues de création d’entreprises se sont succédé des creux de fermetures. Il y a eu la crise économique de 1990-1992, très visible; la réduction des volumes récoltés dans la province en 2003-2004 à la suite du Rapport Coulombe; mais surtout la crise financière des années 2008-2009, dont une crise « forestière » sans précédent, précurseur de la crise financière, dès 2007 qui s’est prolongée jusqu’en 2014, voir 2015.

Pendant cette période, un très grand nombre d’entrepreneurs forestiers sont disparus. Certains ont quitté le domaine, d’autres ont pris leur retraite, et plusieurs ont été forcés à abandonner (faillites, radiations plus ou moins volontaires, etc.). Ce nombre est si impor-
tant que, dans l’une des bases de données dont nous disposions pour cette étude, soit celle qui datait de la fin des années 2000 et du début des années 2010, il ne reste que 21% de ces entreprises encore en opération aujourd’hui. La grande majorité ont été radiée au REQ.

En outre, selon notre estimation non scientifique, il devait y avoir au Québec de 1000 à 1200 entrepreneurs forestiers au milieu des années 1990. Il n’en resterait aujourd’hui qu’en environ 500, ce qui est extrêmement préoccupant pour l’avenir de l’industrie forestière.

En effet, nous pouvons constater depuis quelques années une pénurie d’entrepreneurs forestiers. Leur nombre est déjà insuffisant pour récolter tous les volumes des garanties d’approvisionnement (GA), des lots attribués par le BMMB, et les volumes disponibles en forêt privée.

Par ailleurs, l’étude nous a permis de démontrer la répartition géographique des entrepreneurs forestiers dans les différentes régions administratives du Québec (voir graphique ci-dessous).

Sans grande surprise, la région ayant le plus grand nombre d’entrepreneurs forestiers sur son territoire est le Saguenay—Lac-St-Jean (02) avec 26,1% de ceux-ci, suivi de l’Abitibi-Témiscamingue (08) à 15,2%, la région de Chaudière-Appalaches (12) à 11,4%, et le Bas-St-Laurent (01) à 10,7%. Ces quatre (4) régions regroupent 63,4% des entrepreneurs forestiers de la province.

De plus, l’étude met en évidence que l’entrepreneur forestier moyen au Québec génère des revenus annuels moyens de 1,7M$, avec cependant une médiane à 975 000$, qu’il opère 3 machines forestières, et emploie 7 personnes, incluant le(s) dirigeant(s) opérant(s).

Ce type d’entreprise correspond à la catégorie des TPE (très petites entreprises), avec moins de 10 employés et un chiffre d’affaires annuel inférieur à 2 millions $. Il s’agit souvent d’une entreprise familiale, où la conjointe veille aux tâches administratives dans bien des cas. Occasionnellement on retrouve un enfant, généralement un fils, qui travaille aussi dans l’entreprise.

L’auteur est économiste de formation, associé et consultant depuis deux ans à la firme S. Guy Gauthier Évaluateur Inc., et possède plus de 30 ans d’expérience en financement commercial auprès de trois importantes institutions financières, où il était un spécialiste en financement de machinerie lourde, notamment pour l’industrie forestière. 

Un an après ses débuts, l’AQEF représentait déjà; 26% des entrepreneurs forestiers du Québec, 30,9% des revenus annuels générés, 36,9% de la masse salariale, et cette association professionnelle était présente dans 13 régions administratives, dont toutes les plus importantes régions forestières du Québec. 

Dans une prochaine édition du magazine Opérations forestière, nous vous présenterons les résultats d’un sondage réalisé auprès des membres de l’AQEF qui vous permettra d’en apprendre davantage sur le profil de ceux-ci. 


L’auteur est économiste de formation, associé et consultant depuis deux ans à la firme S. Guy Gauthier Évaluateur Inc., et possède plus de 30 ans d’expérience en financement commercial où il était un spécialiste en financement de machinerie lourde, notamment pour l’industrie forestière. 


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