Opérations Forestières

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Plus de données pour être plus performant

Il existe une panoplie d’outils technologiques et de formations sur mesure pour améliorer la performance de votre entreprise.

12 octobre, 2017  par Guillaume Roy


Une véritable foresterie 4.0 ne sera pas possible tant qu’Internet ne sera pas disponible en forêt, mais il existe plusieurs outils et formations pour s’améliorer.

En avril dernier, une centaine d’entrepreneurs, de gestionnaires et d’industriels forestiers se sont rassemblés à Québec pour participer à un atelier de travail sur l’avenir de l’entrepreneuriat forestier organisé par FORAC et FPInnovations. Un des objectifs principaux était de sensibiliser les participants au potentiel des nouvelles technologies en forêt. Opérations forestières vous présente quelques pistes de solutions.

Formation sur mesure
Aimeriez-vous augmenwter la productivité de 10 à 50 % tout en diminuant les charges? C’est le tour de force qu’est parvenu à faire l’équipe de l’Aménagement forestier coopératif des Appalaches (AFAA) en misant sur la formation sur mesure.

Pour créer davantage de valeur, l’AFAA a décidé de concentrer ses actions sur l’opérateur de la machinerie, mentionne Nicolas Meagher, directeur général de l’AFAA. C’est au Nouveau-Brunswick que l’AFAA a déniché une équipe de formateurs expérimentés en mesure de faire une évaluation et un suivi des performances en travaillant avec Forest Liaison, une entreprise qui offre des formations sur mesure depuis 15 ans auprès d’entreprises comme Irving, Domtar et Tembec.

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« À l’époque, Irving a remarqué que ses opérateurs n’avaient pas toutes les aptitudes et les habiletés souhaitées, explique Carl Tingley, propriétaire et formateur pour Forest Liaison. Nous sommes venus combler un trou dans la formation des opérateurs. »

Selon plusieurs entrepreneurs présents lors de l’atelier, ce trou de formation existe aussi au Québec. « La formation en DEP n’est pas adaptée à la réalité en forêt, soutient Sarah-Maude Gauthier, une jeune opératrice qui a dû suivre une formation de perfectionnement de huit semaines pour devenir vraiment productive. On n’est pas près en sortant de l’école. »

C’est pourquoi Forest Liaison offre des formations avancées et continues avec des formateurs qui comptent au moins 10 000 heures d’expérience au volant d’une machine forestière. « On analyse d’abord comment travaille l’opérateur, puis on dresse une liste d’opportunités pour s’améliorer en termes de qualité, de production et de sécurité. On présente ensuite les 3 ou 4 opportunités les plus probantes et on commence le processus de coaching », explique Carl Tingley. Par exemple, le formateur évalue le temps de cycle, le temps de récolte par tige, le positionnement du travailleur et de la machine près de piles, le chargement et les entretiens.

En termes de temps, l’évaluation initiale dure trois heures, qui est suivie d’une heure de formation et de quatre heures de coaching par technique à améliorer. « Selon les techniques, on peut avoir des gains impressionnants après 10 heures de formation, mais ça dépend toujours si l’opérateur est ouvert à apprendre », note Carl Tingley, qui offre ce service pour tous les types de machines (abatteuse de bois long ou de bois court, porteur, débardeur, etc.) et de tous les fournisseurs.

Un mois après la visite, le formateur revient visiter l’opérateur pour constater les améliorations, et faire une mise au point. « Nos 20 opérateurs se sont améliorés de façon significative et on pense offrir d’autres formations cette année », soutient Nicolas Meagher, qui a vu la production augmenter de 50 % chez certains opérateurs. « L’environnement de travail stimulant est apprécié des travailleurs parce qu’ils sont désormais plus en confiance ».

Pour réduire les coûts de formation, il est préférable de se regrouper en équipe d’au moins trois entrepreneurs, pour maximiser le temps du formateur et éponger les frais qui s’élèvent à près de 7000 $ par semaine, ajoute ce dernier.

Signe de l’importance et de l’attrait pour ce type de service : Forest Liaison donne des formations partout au Canada, mais aussi en Amérique du Sud et en Afrique du Sud.  « On peut amener les opérateurs à un autre niveau », conclut Carl Tingley.

Des cartes intelligentes dans les machines forestières
L’arrivée de la technologie LiDAR, qui offre des cartes d’une précision inégalée, dans les GPS intégrés dans les machines forestières est en train de transformer le travail en forêt. C’est du moins le point de vue d’André Guay et de Pierre Ouellet, les propriétaires de Forestiers TMB, qui ont essayé cette technologie en 2016.

Avec l’arrivée de ces cartes ultraprécises dans les machines, plus besoin de se promener inutilement ou de marcher la parcelle, car toutes les informations sont accessibles bien assis dans la cabine. « Les contremaitres n’ont même plus besoin de rubaner le bloc », lance André. Sur un écran de 8 x 10 pouces, l’opérateur peut rapidement voir le contour du bloc en bleu, tout en sachant rapidement les difficultés de terrain; en vert, le terrain est facile, en jaune, on retrouve quelques obstacles et en rouge, le bois n’est pas accessible. « On sait d’avance ce qui nous attend, ce qui permet d’évaluer si on ira bucher de jour ou de nuit dans un secteur », ajoute Pierre.

Si l’opérateur sort du bloc, une alarme sonore retentit. Un code de couleur apparaît également le long des bandes riveraines, là ou un traitement particulier, comme une coupe partielle, est requis. Un zoom automatique survient également lorsqu’il y a un traitement à effectuer. « C’est comme si j’avais le contremaitre assis avec moi dans la machine », lance André.

De plus, les données sont transférées d’une machine à l’autre. Et comme le GPS conserve le tracé de l’abatteuse, le transporteur n’a qu’à suivre son chemin pour aller ramasser le bois, tout en s’assurant qu’il ne laisse aucun arbre derrière, note Pierre Ouellet. « L’année prochaine, on voudrait ajouter une tablette de plus dans le camion de service pour savoir où sont les machines en temps réel, dit-il. Ça va nous permettre de perdre moins de temps. »

Transport optimisé
Le transport est un des enjeux majeurs de rentabilité dans le secteur forestier, estime André Gravel, directeur de l’approvisionnement en fibre pour Domtar, qui s’approvisionne dans 350 municipalités du Québec. « On veut consommer moins de carburant pour réduire les coûts et l’impact sur l’environnement », dit-il en ajoutant que 35 % des gaz à effets de serre produits au Québec proviennent du secteur du transport.

Pour y arriver, Domtar a implanté des capteurs RFID, d’un coût de 5 $, sur la flotte de camions qui approvisionne l’usine. « Chaque capteur, placé sur les tracteurs et sur les remorques de nos fournisseurs, a un NIP unique », explique André Gravel. Résultat : Domtar peut savoir en temps réel où sont les remorques, leur configuration, leur poids et le bruit produit. « Ça nous permet de savoir la performance des transporteurs et de mieux saisir les opportunités », estime ce dernier.

Pour l’instant, 675 équipements sont dotés de capteurs RFID, soit 75 % de la flotte totale. Les données recueillies permettent de faire un bilan de flotte et de présenter un rapport de performance aux fournisseurs pour qu’ils puissent se comparer aux autres (tout en gardant les données confidentielles).

Les capteurs ont aussi permis de réduire le niveau de bruit et l’utilisation des freins Jacob, qui a chuté de 9 % à 4 %. « On sait exactement qui fait trop de bruit, ce qui nous permet de mieux cibler notre travail au lieu de dire que tous les camionneurs sont trop bruyants », ajoute André Gravel. « Les changements économiques et climatiques sont très rapides. On doit s’adapter et la technologie peut nous aider », conclut-il. 


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