Opérations Forestières

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Optimiser la chaine de valeur en forêt

4 octobre, 2018  par Guillaume Roy


Les Forestiers Gamax ont investi 1,2 million de dollars depuis 2 ans.

Pas besoin de bucher d’énormes quantités de bois pour faire de bons profits quand on contrôle les activités de récolte, de transport et de vente de bois.

« Pourquoi s’éloigner de la maison pour aller bucher quand il y a du bois partout autour de nous ? » Telle est la question que se sont posée Gabriel Gagné et Maxim Morin, deux forestiers dans la trentaine basés natifs de Pohénégamook en tournant des années 2010, alors qu’ils devaient travailler à plus de trois heures de la maison pour récolter du bois.

Et quand Jean-Paul Ouellet, un propriétaire de 100 lots à bois au Nouveau-Brunswick, leur a proposé de se lancer en affaires pour récolter son bois et développer une entreprise de récolte, les deux jeunes hommes ont sauté sur l’occasion.

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« Jean-Paul ne voyait pas le bout de bucher ses lots, raconte Maxim. Il avait de la job et il nous a offert de devenir partenaires et de nous financer pour lancer les opérations. On n’avait rien à perdre. » C’est ainsi que Forestiers Gamax a vu le jour en 2011, en faisant l’acquisition d’une abatteuse John Deere 1270D et d’un porteur 1010D.

Rapidement, les entrepreneurs se rendent compte que le travail sur les lots à bois de Jean-Paul Ouellet ne suffira pas pour travailler à l’année. « On avait pas mal d’ouvrage sur les lots au Nouveau-Brunswick, mais on est toujours venu Québec pour se faire connaître et développer la business », remarque Maxim.

Dès le départ, les entrepreneurs forestiers veulent se démarquer en misant sur la qualité. « On voit la récolte d’un autre angle que plusieurs autres producteurs, parce qu’on ne parle pas juste de production, ajoute ce dernier. Quand on engage un employé, on lui dit plutôt qu’il peut récolter 10 à 15 % moins d’arbres, mais le travail doit être bien fait ». Selon Maxim et Gabriel, ça peut aussi être payant de prendre son temps, en réduisant les bris de machine, le temps de maintenance et les temps d’arrêt.

« On est tous les deux propriétaires de lots forestiers, remarque Maxim. Quand on rentre sur un chantier, on travaille comme si ça serait chez nous et comme ça, on ne peut pas se tromper. »

Et c’est ce travail de qualité qui a permis à l’entreprise de se bâtir une solide réputation auprès des propriétaires forestiers et des moulins.

Mieux contrôler la chaine de valeur
Lors de la première année d’opération, Forestiers Gamax a connu leur lot de difficulté. « On n’a pas été chanceux avec la machinerie et on a mangé quelques centaines de milliers de dollars », se souvient Maxim.

De plus, les entrepreneurs n’avaient aucun contrôle sur les paiements de bois, qui tardaient parfois à rentrer. « Le bois ne sortait pas assez vite et ça nous causait tout le temps des problèmes », remarque Gabriel. C’est alors qu’ils ont décidé de prendre en charge les opérations de transport et de vente du bois aux moulins. « Ça fait un peu plus d’ouvrage, mais je suis sûr de voir mon argent, je m’assure de ne pas travailler pour rien, et je peux payer les propriétaires forestiers plus rapidement », note Maxim, qui opère exclusivement sur des terrains privés.

La gestion du transport peut aussi augmenter les revenus, car le bois sèche rapidement en été. « Comme on est payé à la tonne, on s’assure que le bois ne reste pas plus de dix jours sur le bord du chemin, ajoute le forestier. C’est payant, parce que le bois sèche de presque 10 % par semaine en été. » Et ces gains sont partagés avec le propriétaire privé et l’entrepreneur en transport, Éric Michaud Trucking, qui travaille avec Forestiers Gamax depuis trois ans.  « Ensemble, on forme une équipe du tonnerre », soutient Maxim.

Selon Maxim Morin, ce mode de gestion permet d’offrir un meilleur prix aux propriétaires de lots privés pour le bois que ce qu’offrent la compétition. « Et le propriétaire n’a pas besoin de s’occuper de rien parce qu’on lui offre un service clé en main », dit-il.

Pour continuer à s’améliorer, l’entreprise a investi 1,2 million de dollars dans de la machinerie neuve depuis deux ans. En 2016, ils ont fait l’acquisition d’un porteur John Deere 1210 et d’une tête d’abattage Waratah 414, avant d’acheter une abatteuse JD 803 munie d’une tête Waratah 270 en février 2018, fournit par Équipement Nortrax.

« On a toujours travaillé avec des machines John Deere et c’est ça qu’on connaît le plus. Pourquoi changer quand ça va bien », soutient Maxim, qui ne pensait pas s’acheter une machine sur chenilles.

Malgré les termes à payer, ces investissements en valaient le coup. « Au lieu de payer des morceaux, on paye des termes et la machinerie roule tout le temps », ajoute l’homme qui souhaite toutefois conserver son abbateuse 1270D, en misant sur maintenance préventive. « On va la garder tant qu’elle va avancer ».

Ces nouveaux équipements ont permis de faire passer le rendement de récolte de 800 m3 à 1200 m3 par semaine. « On ne cherche pas à faire des chiffres à tout casser », rappelle Maxim.

Le bois récolté provient à 30 % d’éclaircies commerciales, alors que 70 % provient de récolte en coupe partielle ou totale. Près de 50 % des opérations se font au Nouveau-Brunswick et  l’autre moitié au Bas-Saint-Laurent, où l’on retrouve une proportion égale de feuillus et de résineux. Le bois prend ensuite le chemin des multiples scieries de la région, comme Groupe Lebel, Matériau Blanchet, Bégin et Bégin, NDG et Irving. Et quand les entrepreneurs peuvent vendre le bois de pâte, il prend le chemin du Maine. En négociant avec plusieurs scieries, Maxim Morin s’assure d’obtenir le meilleur prix possible.

En plus des deux propriétaires-opérateurs, Forestiers Gamax embauche deux autres opérateurs, Christopher Gagné, 29 ans, et Yvan Bossé, 36 ans. Trois personnes travaillent de jour et un employé complète la tache de nuit, principalement avec le transporteur.

« On ne fait pas une fortune avec notre entreprise, mais on est très fier de l’entreprise qu’on a bâtie », remarque Maxim Morin, qui, comme Gabriel, est bien content de rentrer à la maison tous les soirs pour passer du temps avec sa femme et ses enfants. Comme quoi c’est possible d’être forestier et d’avoir une belle qualité de vie en famille.


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