Opérations Forestières

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Sondage pancanadien sur les entrepreneurs forestiers : la perspective québécoise

29 novembre, 2018  par Maria Church



Avec de plus petites opérations et des coûts d’opération moins élevés, les entrepreneurs forestiers québécois ont généré de meilleurs profits que dans le reste du Canada. Résultat : plus de jeunes se lancent en affaires. 

Il y a deux ans, les magazines Opérations forestièreset Canadian Forest Industriesont réalisé un important sondage pour en savoir plus sur la réalité des opérateurs forestiers au pays. À l’époque, les résultats démontraient que les entrepreneurs québécois travaillaient moins et faisaient moins d’argent que dans le reste du pays, mais ils étaient aussi beaucoup plus jeunes. Nous avons refait le sondage cette année et les résultats sont encore plus positifs. 

Tarifs et profits

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Les entrepreneurs québécois sont de bons négociateurs ou ils sont chanceux, car 34 % des entrepreneurs ont vu leur tarif croitre au cours de cinq dernières années. En 2016, seulement 17 % de ces derniers avaient connu une hausse de tarif. Les tarifs en hausse font en sorte que le Québec n’est plus au bas de l’échelle en ce qui a trait aux négociations de tarifs, car ce titre peu enviable appartient désormais aux entrepreneurs de l’Atlantique, avec 28 %. N’empêche que 34 % d’augmentation est encore loin du 64 % d’augmentation chez nos voisins ontariens.

Alors que les profits diminuent pour l’entrepreneur canadien moyen – un inquiétant 28 % d’entre eux ne recense aucun profit – la situation est beaucoup plus positive au Québec. En fait, le Québec et l’Alberta sont les deux régions ou le plus d’entrepreneurs ont réalisé des profits, avec respectivement 22 et 21 % d’entrepreneurs présentant des marges de profits de 11 % ou plus. En tout et partout, 87 % des entrepreneurs forestiers québécois ont fait des profits d’au moins 1 % en 2017, alors que 39 % d’entre eux ont fait un profit de 6 % ou plus.

Les plus faibles coûts d’exploitation expliquent en partie les marges de profits plus élevées au Québec. Seulement 38 % des entrepreneurs soutiennent que le coût de la machinerie a augmenté significativement, comparativement à la moyenne nationale de 62 %. Au Québec, l’augmentation la plus notée était le coût du carburant.

Sans titre
 

Salaire des opérateurs

C’est sans surprise, avec les différences économiques régionales, que les opérateurs québécois ont un salaire plus bas que leurs comparses de l’Ouest canadien, mais ces salaires sont toutefois comparables à ce que l’on retrouve en Ontario. La paye diminue de manière significative dans les maritimes.

Au Québec, 44 % des entrepreneurs paient un salaire de 26 à 30 $ de l’heure, alors qu’un autre 30 % paie entre 21 et 25 $. Seulement 9 % d’entre eux octroient entre 16 et 20 $ de l’heure. À titre comparatif, 55 % des opérateurs des maritimes gagnent 20 $/h ou moins, et aucun entrepreneur ne paie plus de 25 $/h. N’empêche que la moyenne salariale québécoise, à 25 $/h, est plus faible que la moyenne nationale, à 29 $/h, ce qui fait en sorte que certains opérateurs qualifiés décident de migrer vers l’ouest, à la recherche de meilleurs salaires.

Operator rate
 

Les entrepreneurs québécois sont moins nombreux à offrir des avantages sociaux que dans le reste du Canada. Alors que 83 % des entrepreneurs ontariens en offrent, seulement 45 % des entreprises québécoises en font bénéficier leurs employés, une baisse de 5 % par rapport à 2016.

Charge de travail

Mais il n’y a pas que l’argent. Et les entrepreneurs québécois semblent comprendre que la balance entre le travail et la vie personnelle est un facteur important pour la satisfaction de leurs employés, tout comme le révélait notre sondage de 2016. En 2018, 39 % des travailleurs notent travailler 55 heures par semaine ou plus.

C’est aussi au Québec que l’on retrouve le plus grand nombre d’entreprises qui oeuvrent moins de 70 heures par semaine (69 %), ainsi que le plus grand nombre d’entreprises qui roulent moins de 20 semaines par année (17 %).

Taille de l’entreprise

Comparativement à leurs collègues canadiens, les entrepreneurs québécois forment des entreprises plus petites en termes de taille, de revenu et de volume, surtout lorsqu’on les compare aux entreprises de l’ouest.

Les forestiers québécois récoltent en moyenne 110 000 mètres cubes annuellement, et ils sont plutôt bien répartis dans chaque catégorie en deça de 750 000 m3.La plus forte proportion, 23 % d’entre eux récoltent entre 10 000 et 25 000 mètres cubes, alors que 14 % récoltent entre 250 000 et 500 000 m3. À titre comparatif, les entrepreneurs ontariens récoltent en moyenne 181 000 m3, et 66 % d’entre eux récoltent plus de 100 000 m3

Ainsi, les entreprises québécoises génèrent des revenus plus faibles qu’en Ontario, et légèrement plus que dans l’Atlantique. La moyenne des revenus au Québec se situe à 2,3 millions de dollars, alors qu’elle se chiffre à 6,2 millions de dollars en Ontario et à 2 millions de dollars dans les maritimes.

En ce qui a trait à la taille de flotte – toute les machines sauf les pick-up– , c’est au Québec que l’on retrouve le plus faible nombre de machines, alors que 52 % utilisent trois machines et moins. On retrouve ainsi 8 machines dans une opération moyenne dans la belle province. Même les producteurs de l’Atlantique ont une moyenne plus élevée avec neuf. Les forestiers ontariens utilisent le plus de machines avec une moyenne de 46. Sans surprise, les entreprises québécoises embauchent donc moins de personnel en moyenne, avec 44 % d’entre elles qui ont entre un et cinq employés lorsqu’elles roulent à plein régime. Seulement 12 % des entreprises ont plus de 20 employés. 

Ces chiffres peuvent représenter une bonne nouvelle à long terme, car la barrière à l’entrée est donc plus basse pour la relève.

L’âge des entrepreneurs

Les plus petites entreprises, moins de machines et d’employés, et moins de revenus font partie des signes expliquant pourquoi les entrepreneurs québécois sont parmi les plus jeunes au pays. L’âge moyen des entrepreneurs est de 40 ans, comparativement à la moyenne nationale de 49 ans, un bon signe pour la longévité de l’industrie. Au Québec, près de 46 % des forestiers ont entre 36 et 45 ans, et un autre 31 % ont moins de 35 ans. Seule l’Alberta a des nombres comparables, avec 25 % d’entrepreneurs de moins de 35 ans. En Ontario, seulement 6 % ont moins de 35 ans, et plus de 45 % ont plus de 55 ans.

Contractor age

Planification de la relève

Avec une moyenne d’âge plus basse, les forestiers québécois espèrent être en affaire plus longtemps, en moyenne 15 ans. Près du tiers d’entre eux disent qu’ils seront en affaires pour encore 20 ans.

Leur âge explique aussi pourquoi 57 % d’entre eux n’ont pas de plan de succession pour l’entreprise. En Colombie-Britannique, près de la moitié des forestiers estiment qu’ils ne seront plus dans l’industrie d’ici 5 ans.

À peine 9 % des entreprises disent vouloir vendre ou mettre aux enchères leurs équipements, une bonne nouvelle pour le Québec. En Alberta ou en Colombie-Britannique, les réponses indiquent plutôt une proportion de plus de 20 % voulant faire de même.

Le futur

Alors que les forestiers québécois cherchent à améliorer leur industrie – citant les inquiétudes sur le recrutement de la main-d’œuvre et sur la négociation de meilleurs tarifs – les chiffres semblent démontrer que les forestiers de la belle province font mieux que leurs homologues du reste du Canada. Les choses peuvent bien sûr s’améliorer, mais les autres régions devraient prendre bonne note des actions faites au Québec, particulièrement en ce qui a trait à l’arrivée de plus jeunes entrepreneurs.


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