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Modernisation et intelligence artificielle

Clermond Hamel a donné un grand coup afin de moderniser ses installations, tout en misant sur le développement de l’intelligence artificielle.

28 juillet, 2022  par Maxime Bilodeau


David Hamel, directeur d’usine pour Clermond Hamel, la 5e génération au sein de l’entreprise familiale.

« C’est propre quand c’est flambant neuf, hein? », lance David Hamel, une pointe de fierté dans la voix, en désignant du coin de l’œil le nouveau séchoir à bois Deltech de la scierie Clermond Hamel, à Saint-Éphrem-de-Beauce. Érigé l’année dernière, le bâtiment d’aluminium, d’acier et d’inox est à la fine pointe de la technologie, a pu constater Opérations forestières à la fin avril dernier. Grâce à lui, l’entreprise familiale de 5e génération a augmenté sa capacité de séchage. « Nous étions satisfaits des résultats observés chez celui de Busque & Laflamme, une de nos divisions », raconte le directeur d’usine et fils de Carmin Hamel, actuel président de l’entreprise.

Clermond Hamel a investi 30 millions de dollars dans les dernières années pour moderniser ses opérations de transformation de sapin et épinette en bois de construction de qualité. Outre Deltech, la PME a fait affaire avec Comact, Piché, EBI Electric, Autolog et Nicholson, tous des partenaires de longue date. « Pourquoi changer une formule gagnante? Quand tu agrandis, que tu es coincé sur le bord d’une rivière et que tu dois composer avec un vieux bâtiment, tu espères être bien accompagné! », s’exclame David Hamel, qui n’hésite d’ailleurs pas à lancer des fleurs à Groupe Fabmec, qui a chapeauté les projets du plan d’aménagement, d’amélioration mécanique et des convoyeurs, notamment. 

Pluie de nouveautés
Tout commence en 2018 avec l’ajout d’un classeur de billes et d’un tourneur de billes à l’entrée de la ligne de sciage. Dans la foulée, Clermond Hamel investit dans une écorceuse à haute vitesse, optimise le chariot de triage et de tronçonnage, rajeunit la scie à doubles lames circulaire et change l’ébouteur à scies multiples. Résultat : moins de goulots d’étranglement synonymes de pertes de temps et de productivité. Puis, arrive l’étape de la DDM. « Auparavant, notre petit bois passait intégralement dans une twin, ce qui était plutôt inefficace. Il se dirige dorénavant dans la DDM, ce qui a augmenté considérablement notre production », indique David Hamel.

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Cela a néanmoins forcé l’entreprise a agrandir son tamis. « On en a profité pour faire des stations de chargement de copeaux de bois et d’écorces modernes. Notre salle de tamisage, l’ancienne salle à copeaux, est désormais énorme », affirme-t-il. Clermond Hamel a aussi changé son classeur automatique C-Bar pour un modèle de type drag chains. Lors de notre passage, un autre classeur, similaire, était en cours d’installation. Dans les prochains mois, Combustion Expert Énergie pilotera le projet d’installation et d’entretien de la chaufferie à base de biomasse, avec l’installation d’une bouilloire à écorce Wellons d’une puissance de 600 chevaux-vapeur. 

La scierie Clermond Hamel jongle aussi avec l’idée d’ajouter un troisième écorceur. Mais, il n’y a rien d’officiel pour l’instant à ce chapitre. « Le projet de bouilloire va de toute manière nous maintenir bien occupés en 2022 », pense David Hamel. La centaine d’employés, répartis sur deux quarts de travail, doivent par ailleurs se familiariser avec les nouvelles installations. « Dans les prochains temps, on veut travailler notre cours pour faciliter la vie de notre chauffeur de chargeuse sur pneus. Pas le choix : je sors plus de paquets! Même chose à l’entrée : nous recevons plus de bois, ce qui implique d’en décharger plus », analyse celui qui estime avoir beaucoup « tiré du fusil » lors de la pandémie.

Du séchage plus intelligent
Cela ne constitue toutefois pas un frein à l’innovation. La preuve : quelques jours avant notre passage, l’entreprise qui fête ses 132 ans en 2022 annonçait un important partenariat avec FPInnovations et SPN Consultants, qui se spécialise dans les projets de valorisation des données. Cette initiative financée par le ministère de l’Économie et de l’Innovation servira à « sensibiliser et démontrer le potentiel de la transformation numérique aux scieurs québécois en créant un nouveau système de suivi du procédé de séchage » chez Clermond Hamel, lit-on dans un communiqué. 

Concrètement, une intelligence artificielle (IA) développée par SPN Consultants récoltera des données de l’ensemble des départements de la scierie. Puis, elle les croisera avec des relevés météorologiques dans le but d’optimiser le taux d’humidité des produits finis. Un paquet de bois qui a passé plus de temps dans la cour pourrait ainsi ne plus être livré en même temps qu’un autre qui vient d’y atterrir. Autrement dit, c’est comme s’il y avait un employé qui guettait en temps réel et en permanence la production dans le but d’en améliorer la qualité. « Là où l’œil humain est incapable de voir des tendances, l’IA en est capable », spécifie David Hamel. 

Entre la théorie et la pratique, il y a toutefois un pas. « Je prends le risque d’être le premier à adopter cette technologie, expose le directeur d’usine. Si ça marche, je profiterai d’un retour sur investissement plus qu’intéressant. » Et sinon? « Je vais avoir perdu du temps et un peu d’argent. » De fait, le projet est déjà démarré depuis plusieurs mois et devrait en principe se conclure d’ici la fin de l’année. « Nous en sommes encore à l’étape de la collecte de données et de leur analyse », révèle celui qui a embarqué dans l’aventure parce qu’il est au courant de ce qui se passe sur le terrain, sur « sa » ligne. « Je vois le bois croche qui passe dans le planeur, et ça me frustre. »

Peu importe le résultat final, David Hamel estime que ce genre de projet-pilote est nécessaire pour paver la voie à l’avènement d’usines réellement 4.0. « Nos machines, aussi automatisées soient-elles, ne se parlent pas. Je rêve du jour où mon contremaître recevra une notification par texto pour l’aviser qu’il y a un problème avec la scie gauche de la twin et qu’il devrait poser tel geste pour le régler », lance David Hamel. En attendant, Clermond Hamel peut se vanter de produire annuellement 150 millions de PMP. L’entreprise produit dorénavant autant en une semaine (3 millions de PMP) qu’elle le faisait en une année complète lors de la décennie 70! 


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