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Les multientrepreneurs forestiers

Pour récolter 700 000 mètres cubes par an, le Groupe Val n’hésite pas à soutenir des entrepreneurs pour lancer des filiales.

30 septembre, 2020  par Guillaume Roy


La création de la filiale Chargement 2ML a permis d’améliorer les opérations de chargement. Sur la photo, la chargeuse Liebherr LH30 est à l’œuvre.

Dans un secteur forestier à la limite entre le Lac-Saint-Jean et la Mauricie, une chargeuse Liebherr LH30 dépose du bois dans un camion entre deux énormes piles de billots. Après avoir terminé le chargement d’un camion, la chargeuse en entame un second sans même avoir à se déplacer. « La chargeuse peut remplir un camion sans lever les pattes », explique Stéphane Roux, un des trois propriétaires du Groupe Val, un entrepreneur forestier général, avec Sébastien Dufour et Frédéric Bonneau.

Il y a un peu plus d’un an, le Groupe Val a conclu un partenariat avec trois associés, dont les deux camionneurs Mathieu Bouchard et Luc Simard, en plus de Maxime Simard, pour lancer la filiale Chargement 2 ML. « Ce partenariat a permis de régler la majorité des problèmes qu’on avait avec les camionneurs, parce que les entrepreneurs, qui possèdent aussi des camions, savent exactement combien d’argent ils font avec le transport », explique Frédéric Bonneau. C’est ainsi qu’ils sont en mesure de mobiliser davantage de camions sur place, pour optimiser le chargement et éviter les temps morts, ce qui augmente la rentabilité de l’équipement.

Quand le Groupe Val opérait sa propre chargeuse, entre 22 et 25 camions étaient chargés par quart de travail. Depuis que Chargement 2 ML a été créé, de 30 à 35 camions sont chargés pendant la même période. Maxime Simard, un des propriétaires de 21 ans, arrive par moment à remplir 40 voyages par quart de travail. « Je ne pensais même pas que ça se pouvait en faire autant », remarque Sébastien Dufour, qui est très content d’avoir des jeunes d’avenir au sein de son équipe.

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Au départ, le Groupe Val ne cherchait pas à investir dans une entreprise de chargement. Mais, étant donné que les banques ne voulaient pas investir dans un projet en dehors de l’expertise des entrepreneurs, le camionnage, l’entrepreneur général a décidé de se lancer dans le partenariat, qui s’est avéré gagnant pour tous.

D’un côté, le Groupe Val s’occupe de l’administration et des exigences légales. De l’autre, les trois entrepreneurs-opérateurs s’occupent de la machinerie et des opérations. Tout le monde y gagne, estime Sébastien Dufour. « Je ne pensais pas qu’il y avait autant d’avantages », dit-il.

En plus de la filiale de chargement, le Groupe Val a aussi investi dans deux filiales de récolte, Forestiers Dary Lalancette et Forestiers SDR.

Selon les désirs des entrepreneurs, le Groupe Val est ouvert à ce qu’ils deviennent 100% autonome au fil des ans, en rachetant les parts. Et si d’autres opportunités se présentent dans le futur, le Groupe Val n’hésitera pas à soutenir les entrepreneurs pour lancer de nouvelles filiales. « On ne veut pas se limiter, soutient Sébastien Dufour. Si les entrepreneurs ont le goût de grandir, on ne va pas les empêcher, parce que s’ils ne le font pas avec nous, ils vont le faire avec d’autres. »

Stéphane Roux, Sébastien Dufour et Frédéric Bonneau sont maintenant propriétaires du Groupe Val à 100% depuis 2 ans.

Récolter 700 000 m3 par an
Pour la récolte, le Groupe Val travaille avec sept entrepreneurs forestiers (bientôt 8), il est partenaire dans deux filiales et il opère trois abatteuses, deux Eltec et une Direct équipées de têtes Ponsse, et deux transporteurs Elephant King. C’est Stéphane Roux qui est responsable de cette équipe de récolte.

En tout et partout, une quinzaine de bûcheuses travaillent pour l’entrepreneur général récolte un peu plus de 700 000 mètres cubes de bois par an, dont les garanties d’approvisionnement de Scierie Lac-Saint-Jean et de la Scierie Martel (420 000 m3). En plus de ce volume, le Groupe Val récolte des lots gagnés au BMMB, en plus de faire des contrats de récolte, notamment pour Produits forestiers Résolu (PFR), Arbec et Industrie TLT.

Lors de la visite d’Opérations forestières, le Groupe Val récoltait un lot de 90 000 mètres cubes pour PFR. De ce nombre, 20 000 m3 de feuillu était destiné à Westrock, à La Tuque, car Industries TLT n’achetait pas de bouleau cet été.

Un nouveau rapport de force
L’arrivée des enchères a transformé le rapport de force entre les entrepreneurs et les transformateurs, soutien Frédéric Bonneau. « Avant, il fallait accepter le prix offert, mais les entreprises s’habituent à travailler avec des soumissions », dit-il. « Ça nous permet d’avoir le juste prix en respectant les coûts d’opération », ajoute Sébastien Dufour.

Pour faire baisser les coûts d’opération, la clé est de faire les chemins forestiers à l’avance, soutient Frédéric Bonneau. « Quand on fait les chemins un an d’avance, on peut mettre seulement six pouces de gravelle sur le chemin, mais quand on doit sortir le bois la même année, on doit en mettre trois fois plus », dit-il. Résultat : il en coûte 10 000 dollars de plus par kilomètre de chemin. Avec plus de 50 km de chemin à graveler par an, ça fait une différence de 500 000 dollars par année. « Ça fait la différence en crever et rester en vie », remarque Sébastien Dufour.

Construire des chemins d’avance est en quelque sorte devenu le cheval de bataille du Groupe Val pour rentabiliser les opérations, car c’est avec la construction de chemins que l’entreprise réalise un maigre profit de 1 à 3 %. Il y a quatre ans, il était difficile d’avoir des secteurs à l’avance avec les détenteurs de garantie d’approvisionnement, mais le message passe tranquillement, si bien qu’aujourd’hui, l’entreprise a presque toujours 80 km de chemins faits à l’avance. « C’est la clé pour demeurer compétitif », lance Frédéric Bonneau.

En ce qui a trait aux chemins forestiers, le Groupe Val réalise 100% des opérations à l’interne grâce à une flotte de 25 équipements, dont plusieurs tracteurs, des pelles (Cat, Komatsu, Doosan, Linkbelt), des chargeuses sur roue (Komatsu), des niveleuses (John Deere). Récemment, une pelle Linkbelt s’est ajoutée à la flotte, un modèle de plus en plus populaire selon Stéphane Taillon, propriétaire d’Équipement JYL, qui a vendu 70 machines du genre au cours des trois dernières années.

Le Groupe Val compte 45 employés. En comptant les sous-traitants, ce sont 170 personnes qui travaillent pour l’entreprise fondée en 1972 par Paul-Émile Morin. « On est fier du travail réalisé par toute l’équipe, soutien Sébastien Dufour. Pour garder notre monde heureux, on mise sur le travail d’équipe, sur une bonne communication et on prêche par l’exemple en étant présent sur le terrain ».

Depuis deux ans, Sébastien Dufour, Frédéric Bonneau et Stéphane Roux possèdent désormais 100% du Groupe Val, après avoir fait le rachat progressif de l’entreprise avec Mario Pelletier. En bons entrepreneurs, ils ont aussi su saisir les opportunités lorsqu’elles se sont présentées. Ils ont notamment intégré un service de vente de carburant à même le Groupe Val, puis ils ont fait l’acquisition d’Industrie L. Lapierre, un fournisseur de pièces forestières. Ils achètent ainsi leur carburant et leurs pièces à eux même, question de rentabiliser encore davantage les opérations. Avec une moyenne d’âge de moins de 40 ans, le Groupe Val a le vent dans les voiles.


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