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L’épidémie de tordeuse poursuit ses ravages

Des arrosages sur près de 100 000 ha de plus qu’en 2015.

24 mai, 2016  par Alain Castonguay



L’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) poursuit ses ravages au Québec. La SOPFIM prévoit arroser l’insecticide biologique BTk sur des superficies totalisant 275 000 hectares en 2016, une hausse de 58 % comparativement à l’an passé (177 000 ha).

Le directeur général de la Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies (SOPFIM), Jean-Yves Arsenault, était le conférencier invité lors d’un récent colloque au Centre de foresterie des Laurentides. Les coûts d’arrosage sont estimés à 22 millions de dollars, établis à partir d’une moyenne de 1,75 application de l’insecticide Bacillus Thuringiensis variété Kurstaki (BTk) par secteur à arroser. En 2015, le coût moyen de l’arrosage était de 43,52 $ à l’hectare. L’insecticide ne s’attaque qu’aux lépidoptères et est sans danger pour les autres espèces.

L’arrosage ne vise pas à éliminer l’épidémie, mais de contrôler les impacts des dommages causés aux arbres qui sont convoités par l’industrie de la transformation. L’objectif annuel de protection est de conserver 50 % du feuillage annuel des arbres frappés par l’épidémie. Au-delà de ce seuil, la défoliation cumulative sur plusieurs années fait grimper rapidement le risque de mortalité des arbres.

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La SOPFIM est chargée de protéger la forêt commerciale, incluant la grande forêt privée. Pour déterminer les aires admissibles à la protection, on exclut les terrains où des travaux de récolte sont déjà prévus dans les prochaines cinq années. On privilégie la forêt naturelle en excluant les plantations et la forêt sous aménagement. « Les études nous montrent que les peuplements où des travaux d’éclaircie ont été réalisés résistent mieux à la TBE. On exclut donc ces superficies du territoire admissible aux arrosages », explique M. Arsenault. Pour les régions de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, les plantations sont admissibles.

Les arrosages sont aussi réalisés sur des terrains ayant une pente inférieure à 40 %. On sélectionne les territoires où la composition de sapin baumier et d’épinette blanche dépasse 38 %, âgés d’au moins 30 ans. Pour optimiser l’arrosage, on choisit des aires d’au moins 150 ha où la défoliation a commencé l’année précédente. Les aires admissibles totalisent 1 736 071 ha, soit 4,7 % du territoire des aires susceptibles d’être protégées par la SOPFIM.

Lors de la planification des missions de vols, on évite les aires protégées, les plans d’eau et les territoires où la récolte est prévue. En Côte-Nord, on se limite à un rayon de 100 km de l’aéroport de Baie-Comeau. On tient compte de la topographie et de la présence d’obstacles (lignes électriques, tours de télécommunications, éoliennes, etc.), en essayant de regrouper les prescriptions pour optimiser l’utilisation des aéronefs. La précision des arrosages est requise, car on épand 1,5 litre de BTk à l’hectare, soit l’équivalent d’une pinte de lait sur un terrain de football.

En 2014 et 2015, le survol aérien a permis de montrer que le succès des arrosages a été de 96 et 97 %. Entre 2011 et 2013, ce taux était de succès était descendu à 80 % ou moins. Sans fournir de raisons précises sur cet écart, M. Arsenault mentionne les populations élevées de chenilles dans les secteurs visés. Selon lui, on ne peut réduire de manière draconienne un nombre important de chenilles avec l’insecticide biologique.


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