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Le sciage du gros bois résineux en Europe

22 octobre, 2015  par Maurice Chalayer Observatoire du métier de la scierie



À partir du constat de la transformation des gros bois résineux au cœur des scieries françaises, l’Observatoire du métier de la scierie évoque les atouts qu’ils représentent en termes de substitution aux bois de petits et moyens diamètres en voie de raréfaction.

Remettre la transformation du gros bois à sa juste place

Alors que nos cousins québécois, parlent de mettre en valeur « le filet mignon en allant chercher la qualité du bois autour du cœur pour faire de grosses poutres » de Fibois Alsace de 2002, « le rendement matière ».

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La scierie industrielle allemande s’équipe en ruban

Cette volonté de transformer les gros bois a même gagné l’Allemagne puisque, en 2008, la scierie bavaroise Pröbstl installait un outil de production, afin que « l’outil permettre de valoriser les gros bois d’un diamètre supérieur à 45 cm et jusqu’à 6 m de long » explicite les problématiques présentes et surtout celles à venir concernant le rétrécissement des surfaces boisées et, par extension, l’appauvrissement des approvisionnements des scieries allemandes. Celles-ci sont, championnes européennes de la production de sciages résineux, culminant autour de 19 millions de m3, alors qu’en France, nous sommes à un peu moins de 7 millions de m3.

Le gros bois aussi valorisé en sciage palette

La transformation du gros bois se pratique aussi dans le sciage destiné à la palette-caisserie. Car faut-il le rappeler, trois m3 de sciages résineux sur dix sont destinés à l’emballage. Le fabricant allemand EWD a proposé sur ce thème, au salon Expobois de Paris en novembre 2014, la scierie du futur à un seul opérateur à base de ruban et de centre de reprise.

La cantérisation aussi dans les gros bois dans un futur proche

Demain, la cantérisation pourrait aussi investir la transformation des gros bois. Le projet « Profi-log 360° de MEM » de 2012 va en effet dans ce sens. Transformer un gros bois en concentrant l’outillage sur une même machine, tel est le concept de ce projet associant optimisation, sciage circulaire et fraisage. Une idée qui prend tout son sens avec les besoins exponentiels de sciures et de plaquettes pour les marchés du panneau, de la pâte à papier, du bois énergie et de la chimie verte.

Le gros bois en substitution au petit et moyen bois

Cette dernière décennie, les chaînes industrielles ont fait la part belle à la transformation des petits et moyens diamètres. Elles se sont engouffrées dans le « facile à faire » en massifiant des productions standardisées alimentant le grand négoce, le marché de la fermette et des bois de structure destinés au marché de la maison ossature bois.

Mais, devant la précarité (en volume et en coûts) des approvisionnements, très convoités par les scieries industrielles françaises et allemandes, qui viennent aussi de plus en plus « faire leur marché » au sein des massifs de résineux français, des questions se posent.

Certains sylviculteurs s’élèvent, en effet, contre le fait d’exploiter des bois trop jeunes, « pas encore mûrs », alors que d’autres déplorent les coupes à blanc, donnant des aspects « champs de bataille » aux parcelles exploitées. D’autres encore s’interrogent sur la rentabilité de « rouler du bois » sur des distances de plusieurs centaines de kilomètres, surtout à l’heure où le bilan carbone s’affiche sur les produits finis, ce n’est pas vraiment un exemple de transformation responsable…

La ressource étant là au cœur des massifs forestiers, lesdits « gros bois et très gros bois » n’ont peut-être pas dit leur dernier mot. On leur reproche souvent leur nodosité excessive, leur nervosité, leur cœur fendu, mais qui vante « leur résistance à la flexion, au cisaillement ? Leur meilleur résultat aux tests sur l’élasticité, la possibilité de produire des débits hors cœur et des débits de qualité supérieure en menuiserie et en ébénisterie ».

Au final, ne pas se pencher sérieusement et rapidement sur les potentialités de ce stock de matière ligneuse sur pied en vue d’une valorisation par  sciage  pourrait conduire à une exploitation massive vers le bois énergie.    

En effet, avec les moyens de déchiquetage de plus en plus développés, la solution pourrait être toute trouvée. Il reste aux détenteurs de la ressource, aux exploitants, aux transformateurs, aux utilisateurs finaux et aux décideurs politiques de faire des choix. Soit choisir la voie noble, mais compliquée, il ne faut pas le cacher, de la valorisation par le sciage, soit la voie plus facile du broyage ou encore celle du « laisser-sur-place » et d’en faire des monuments historiques, à moins qu’une tempête historique, la foudre ou des parasites ne les terrassent pour de bon…

Aux acteurs d’en décider, ensemble si possible dans un véritable débat ouvrant sur la poursuite du développement local et sur la valorisation d’une matière première de proximité abondante et prête à être utilisée !


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