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Le caribou menace l’industrie

27 août, 2015  par Institut économique de Montréal


Est-il raisonnable de sacrifier 2931 emplois et 367 millions de dollars d’activité économique pour la sauvegarde, par ailleurs incertaine, de 96 caribous par année au Québec? C’est pourtant ce qui risque de se produire si le gouvernement freine davantage l’exploitation forestière pour protéger cet animal, selon une Note économique publiée aujourd’hui par l’IEDM.

Depuis l’ajout du caribou forestier à la liste des espèces menacées, le gouvernement du Québec a fait des efforts considérables pour protéger son habitat, notamment en limitant l’accès des entreprises forestières à la forêt publique. Mais certaines organisations gouvernementales et groupes écologistes en réclament toujours plus.

Le nouveau Plan de rétablissement du caribou forestier, dont l’entrée en vigueur est prévue en 2018, vise à accroître et à maintenir la population québécoise de caribou forestier à 11 000 individus sur son aire de répartition actuelle, en imposant notamment de nouvelles restrictions sur l’exploitation forestière.

Si le gouvernement va de l’avant, des milliers d’emplois seront perdus, alors que le secteur se remet à peine d’une crise. Ce sera particulièrement le cas au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où le secteur forestier comptait en 2013 pour 10 % des emplois totaux et 14 % du PIB régional. Les auteurs de la Note estiment les pertes qui découleraient de la mise en œuvre du Plan de rétablissement à 2701 emplois et 339 millions $ pour la région. Ces pertes seraient moindres pour la Côte-Nord et les autres régions administratives.

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Si l’on répartit le coût total pour toutes les régions au nombre de caribous sauvegardés par année, on parle de 31 emplois et 3,8 millions de dollars perdus pour chaque caribou potentiellement sauvegardé. 

« Des mesures de conservation pour protéger la biodiversité sont certes nécessaires, mais elles doivent avoir des effets positifs concrets et des coûts qui ne sont pas disproportionnés par rapport aux objectifs. Or, ces deux critères ne semblent pas respectés lorsqu’il est question du caribou forestier », dit Alexandre Moreau, coauteur et analyste en politiques publiques à l’IEDM.

En plus des coûts socioéconomiques liés à ces restrictions, il demeurera hasardeux pour le gouvernement de bien mesurer l’atteinte des objectifs de conservation. D’une part, l’absence d’inventaire du caribou forestier mené de façon systématique et le manque de précision lié aux méthodes d’évaluation font en sorte qu’on peut difficilement connaître l’état exact des populations. D’autre part, on peut difficilement expliquer les causes des variations de populations, qui incluent la mobilité des troupeaux.

Ainsi, entre 1999 et 2012, la population a plus que doublé sur le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean en dépit d’un fort taux de perturbation, passant de 115 à 247 bêtes, sans que des conclusions claires sur les causes ne puissent en être tirées.

« Même si l’on arrêtait complètement l’exploitation forestière dans l’aire de répartition du caribou, il est tout à fait possible que la tendance à la baisse des populations se poursuive à cause de facteurs comme les changements climatiques, les feux de forêt, les épidémies d’insectes et la chasse. Bref, l’exploitation forestière n’est qu’un facteur parmi plusieurs autres », note Jasmin Guénette, coauteur de la publication et vice-président de l’IEDM.

À ce jour, à part l’estimation proposée dans cette Note, aucune analyse chiffrée des coûts n’a été rendue publique, que ce soit de la part du gouvernement ou des groupes écologistes. « Le public et les décideurs doivent avoir une idée des impacts réels d’une politique avant qu’elle soit adoptée. Et dans ce cas, il faudrait s’assurer que les coûts socioéconomiques des Plans de redressement du caribou forestier ne soient pas disproportionnés avant d’imposer davantage de restrictions sur l’exploitation forestière », conclut M. Guénette.

La Note économique intitulée « Les coûts économiques du plan de rétablissement du caribou forestier» est signée par Jasmin Guénette et Alexandre Moreau, respectivement vice-président et analyste en politiques publiques à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.


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