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Le marché du bois devrait rebondir en 2024

26 avril, 2023  par Guillaume Roy. Initiative de journalisme local



Le marché du bois a fluctué énormément au cours des dernières années. Après avoir atteint des prix records pendant la pandémie, les prix ont chuté drastiquement, forçant les entreprises à produire à perte, tout en réduisant la quantité de bois transformé. Alors que les taux d’intérêt semblent se stabiliser, les experts prédisent un raffermissement des prix dès 2024.


Après une baisse importante des prix du bois à la fin de 2022, puis en 2023, le marché rebondira en 2024, croit Paul Jannke, directeur, Forest Economic Advisors, une firme spécialisée dans l’analyse du secteur forestier en Amérique du Nord. « Après un déclin de 16% en 2023, le marché devrait croître de 14% en 2024 », a-t-il soutenu dans le cadre du Congrès de Montréal sur le bois.

Cet événement est en quelques sortes la plaque tournante canadienne où près de 1100 producteurs, grossistes et détaillants des produits du bois se sont rassemblés cette semaine à Montréal.

C’est devant une foule avisée que Paul Jannke a présenté ses prévisions optimistes pour l’avenir du secteur, présentant les facteurs qui favoriseront la croissance. « L’inventaire de maison est très bas aux États-Unis et il existe une demande latente accumulée depuis plusieurs années », a-t-il soutenu.

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Paul Jannke, directeur, Forest Economic Advisors, une firme spécialisée dans l’analyse du secteur forestier en Amérique du Nord.

Autrement dit, il n’y a pas eu assez de construction au cours de la dernière décennie et les acheteurs attendent que les conditions soient favorables pour passer à l’action. Alors que les constructions se sont multipliées pendant la pandémie, les récentes hausses des taux d’intérêt ont refroidi les ardeurs de plusieurs.

Cette hausse semble maintenant stabilisée, estime Benjamin Tal, économiste en chef adjoint marchés mondiaux CIBC. « En regardant l’indice des prix à la consommation sur une base mensuelle, on peut voir que l’inflation est déjà sous contrôle au Canada », a-t-il expliqué.

Benjamin Tal, économiste en chef adjoint marchés mondiaux CIBC.

Le Canada doit tout de même suivre le pas de la Fed, sans quoi le dollar canadien pourrait plonger. « Si la Fed arrête de monter les taux d’intérêt, le marché de la construction ira bien et ça sera particulièrement le cas en 2024 et 2025 », dit-il.

Avec l’arrivée prévue de près d’un million de nouveaux Canadiens cette année, la demande sera de plus en plus forte sur marché de la construction. « Les immigrants n’amènent pas leur maison sur leur dos », a-t-il lancé à la blague. Il faudra donc des investissements importants dans la construction pour répondre à la demande.

Dès que les taux d’intérêt seront stabilisés, et encore mieux lorsqu’ils redescendront légèrement, plusieurs personnes seront prêtes à investir, car c’est la stabilité qui incite à l’investissement, estime Paul Jannke.

Vers une autre explosion de la demande?

Les grossistes ont une vision similaire à celles des économistes, selon les informations véhiculées dans un panel sur les défis à court et moyen terme de l’industrie des produits du bois, lors du Congrès de Montréal sur le bois.

Dan Starr, le président de Do it Best, une des 10 plus grosses chaînes de quincaillerie aux États-Unis, croit que la demande explosera quand les taux d’intérêt se stabiliseront. « Il n’y a presque pas d’inventaire de maison et quand on regarde la démographie, il y a beaucoup de jeunes dans la fleur de l’âge qui voudront se construire une maison », a-t-il soutenu. Ce dernier craint que l’on puisse revivre la même situation que celle qui s’est produite pendant la pandémie, alors que la demande a explosé, tout comme les prix. « Au lieu d’avoir des prix en montagne russe, il serait préférable d’avoir une demande et des prix plus stables », remarque-t-il.

Cette année, il croit que la demande demeurera faible, car les détaillants sont conservateurs. « L’année dernière, ils achetaient tout le bois qu’ils pouvaient, sans regarder le prix, mais cette année, ils vont commander selon leur besoin en gardant très peu d’inventaires », dit-il.

Russ Perman, le président directeur général de Taïga building products, une chaîne de quincaillerie canadienne qui a un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars, abonde dans le même sens. « Ça coûte cher de garder de gros inventaires, parce que pour la première fois depuis longtemps, l’argent coûte cher », a-t-il lancé en faisant référence à la hausse des taux d’intérêt.

Ce dernier croit que la demande latente est « imposante » au Canada. « Ça va exploser et on sera de retour au même endroit que lors de la pandémie », dit-il.

Pour l’avenir, Russ Permann croit que l’industrie du bois est mûre pour une petite révolution, afin d’améliorer la chaîne d’approvisionnement. « On doit arrêter de travailler en silo », dit-il, remarquant que les usines de sciages, les grossistes, les détaillants et les entrepreneurs partagent peu d’information et de données.

Les données seront à la base d’une future révolution, estime-t-il. « On doit innover pour attirer les investissements en transformant nous-même notre industrie avant qu’un acteur de l’extérieur vienne le faire à notre place ».


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