Opérations Forestières

Nouvelles Nouvelles de l’industrie
L’arbre ou la forêt (Halak ou Price)

17 Décembre, 2020  par Jean-François Samray est Président-directeur général au Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ).



Durant les dernières semaines, certains demandent à François Legault de choisir entre les positions de ses ministres Pierre Dufour ou Benoît Charrette, développement durable de la forêt ou protection de l’environnement.

Pourtant, la forêt est cet outil qui permet de faire les deux simultanément. Ce faisant, ils placent le premier ministre dans la même situation que Jacques Martin qui, au printemps 2009, se devait de choisir entre Price ou Halak. Rappelons-nous que malgré les belles émotions vécues, le Canadien n’a pas gagné la coupe cette année-là, car l’équipe avait également d’autres défis.

Plusieurs défis à attaquer de front

Il en va de même pour notre premier ministre. Les aires protégées ne sont pas le seul enjeu sur sa table de travail. Il doit, avec son équipe, gérer la crise sanitaire sans précédent que nous vivons tout en travaillant sur le plan de relance économique qui aidera à payer la dette contractée pour passer au travers de la COVID. Ce faisant, il doit aussi permettre au Québec de faire face à l’autre grande crise dans laquelle nous sommes progressivement entrés, la crise climatique. Comme si ce n’était pas assez, il doit aussi gouverner le Québec afin de faire face à la crise démographique, déjà à nos portes et les départs à la retraite massifs qui s’annoncent. Et ce, tout en atteignant les 17 objectifs de développement durable de l’ONU (l’épinglette arc-en-ciel portée par le Dr Arruda).

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Avec le processus menant à l’atteinte de la cible de 17 % d’aires protégées, enclenché depuis des années, arrive l’heure des choix difficiles. Ces choix se font afin de rencontrer des engagements et des objectifs planétaires.

L’industrie forestière, une équipe en transition

Comme toute équipe sportive, l’industrie forestière traverse une phase de transition. Le joueur ayant fait d’elle une championne mondiale, les pâtes et papiers (le Québec est le premier producteur mondial de papier journal et d’impression), doivent se transformer afin de répondre à une demande mondiale croissante pour de nouveaux types d’emballage et pour amener des solutions de remplacement aux plastiques jetables à usage unique, en plus de s’adapter à la baisse de la demande pour le papier journal, entre autres. Pour y arriver, elle doit compter sur deux autres joueurs importants sur le trio, un secteur du sciage fort et un secteur de la 2e et 3e transformation innovant. À regarder aller les prouesses des entreprises québécoises fabricant de produits d’ingénierie et les beautés sans cesse surpassées des architectes et concepteurs d’ouvrage en bois massif, le Québec est sur la bonne voie de se rebâtir un premier trio d’impact dans le secteur forestier. Comme toute bonne équipe, l’industrie doit compter sur son duo de défenseurs, la sylviculture et la planification forestière qui sont essentiels à sa réussite. Et tout ça, en étant compétitifs, car on sait que les équipes s’arrachent les meilleurs joueurs : une chance que l’industrie forestière offre des salaires moyens de plus de 60 000 $ par année (okay, on est loin des millions de Price ou Halak, mais continuons dans notre analogie !)

La forêt, une étoile verte de l’économie et du développement régional

C’est une bonne nouvelle pour notre économie puisque le secteur forestier supporte plus de 140 000 emplois au Québec, rapporte plus de 4 milliards de dollars et revenus de taxes et impôts aux gouvernements. De plus, elle est un moteur de développement économique et social dans l’ensemble des régions du Québec. Essayez de trouver une région où il n’y a pas d’opérations forestières, une scierie, un siège social ou des bureaux administratifs. Elles sont rares ! En plus, certaines régions ont déjà pris de l’avance dans la nouvelle économie forestière. Parlez-en aux maires de Chibougamau ou de Lebel-sur-Quévillon, deux municipalités qui vivent une grave pénurie de main-d’œuvre et de logements causée par l’essor de la transformation du bois.

Compte tenu de la très sévère réglementation mise en place depuis 20 ans afin d’encadrer la récolte et la transformation du bois, du travail effectué par les ingénieurs forestiers (une profession très réglementée et encadrée par un ordre professionnel), le gouvernement du Québec contrôle sa forêt et met en vente les volumes de bois qu’il désire, là où il le désire, quand il le désire et au prix qu’il juge optimal. Les arbitres de l’Organisation mondiale du commerce ont d’ailleurs reconnu unanimement que les compagnies québécoises paient le juste prix pour le bois qu’elles achètent au gouvernement, n’en déplaise à l’administration Trump.

Contrairement à Jacques Martin en 2009, François Legault a un troisième choix, celui de reconnaître la contribution des milliers de kilomètres carrés sur lesquelles s’appliquent déjà des mesures de conservation spécifiques tout en permettant la récolte durable d’une ressource renouvelable (il y en a pour plus de 189 000 km2). Ce choix permet également à son trio forestier de poursuivre sa transformation tout en contribuant à la feuille de pointage. La forêt du Québec peut le faire et bien plus encore. Elle peut créer plus de richesse en créant moins de GES et atteindre la cible de 17 % d’aires protégées. Car au bout du compte, ce qui importe vraiment, c’est de remporter la coupe grâce à une équipe gagnante !


CIFQ JF Samray portrait

Jean-François Samray est Président-directeur général au Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ).


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