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L’AQEF, une nouvelle association d’entrepreneurs forestiers pour se faire entendre

3 novembre, 2021  par Guillaume Roy



Les entrepreneurs forestiers du Québec veulent être consultés, reconnus et entendus lors des négociations entre les gouvernements et les donneurs d’ouvrage. Pour y arriver, dix membres fondateurs viennent de créer l’Association québécoise des entrepreneurs forestiers (AQEF) et ils partent maintenant recruter des membres aux quatre coins du Québec.

«Les entrepreneurs forestiers sont les grands oubliés de l’industrie, lance d’emblée Étienne Boucher, propriétaire de l’entreprise Les Sapins Verts et président de l’AQEF. Que ce soit le gouvernement ou les donneurs d’ouvrage, personne ne nous consulte. Pourtant, les entrepreneurs sont à la base de l’industrie.»

Selon lui, un nouveau rapport de force doit être négocié afin de travailler dans un esprit de partenariat pour faire face aux défis de l’industrie, notamment la pénurie de main-d’œuvre. Il estime, par exemple, que les entrepreneurs forestiers auraient dû bénéficier des prix records obtenus pour la vente du bois d’œuvre au cours de la dernière année.

Pour intéresser les jeunes au métier de forestier, il faut être en mesure de bien payer les opérateurs, tout en s’assurant que les entrepreneurs forestiers engrangent eux aussi une bonne marge de profit. «On brasse beaucoup d’argent, mais on ne fait pas d’argent à la fin de l’année», note Étienne Boucher. Ainsi, malgré un chiffre d’affaires de quelques millions de dollars, les profits demeurent infimes.

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Ce dernier souligne que tous les coûts augmentent, dont ceux de la machinerie, le carburant, les pièces, les salaires, alors que prix offert pour chaque mètre cube de bois demeure pratiquement le même.

«Les salaires augmentent partout, mais nous, on ne peut plus suivre parce qu’on ne peut pas offrir ce qu’on n’a pas, note Étienne Boucher. S’il manque de gars pour récolter les arbres, on va avoir des problèmes.»

Le président de l’AQEF souligne que l’association ne veut pas partir en guerre contre les donneurs d’ouvrage et qu’elle ne veut pas jouer le rôle d’un syndicat. «On est des entrepreneurs qui font de la business et on veut être consultés, reconnus et entendus», dit-il.

À l’heure actuelle, les entrepreneurs n’ont pas de recours lorsqu’ils ont des revendications. «On ne sait pas à qui parler», ajoute-t-il.

Bien que des associations d’entrepreneurs forestiers aient existé par le passé, ces derniers n’avaient pas de regroupement depuis que l’Association québécoise des entrepreneurs en travaux d’aménagement forestier (AQETAF) avait fermé ses portes en 2016. À l’époque, l’association a eu des problèmes de représentativité dans les régions et l’organisation se faisait notamment reprocher d’être trop centrée sur les besoins de certains membres.

Pour bâtir une association forte, dix membres fondateurs ont décidé de bâtir l’organisation à partir de la base en recrutant un représentant dans chaque région du Québec, sauf en Abitibi-Témiscamingue. Dans cette région, des membres sont intéressés à joindre l’association, mais pas à être représentant, notamment parce que des donneurs d’ouvrages auraient déjà menacé de couper les liens d’affaires avec de tels représentants.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Marc-André Gagnon sera le représentant pour le Saguenay et Donald Fortin pour le Lac-Saint-Jean.

Ces représentants aideront notamment à recruter des membres dans toutes les régions.

Marc-André Gagnon, propriétaire de Multi Tiges à La Baie, fait par ailleurs partie des membres fondateurs de l’AQEF. « On n’est jamais consulté, même si on est un des maillons les plus importants, dit-il. On souhaite être reconnus comme partenaires dans le domaine, parce qu’on n’a pas de voix pour parler de nos problématiques. »

Ce dernier espère que les forestiers de la région répondront à l’appel en grand nombre.

À terme, l’AQEF espère recruter près de 500 membres pour avoir une voix forte auprès des instances gouvernementales et des donneurs d’ouvrage.

Louis Dupuis, un consultant-économiste basé à Saguenay, a accompagné les fondateurs de l’AQEF dans leurs démarches, tout comme Jacques Verrier, l’ancien directeur général de la coopérative forestière de Girardville, comme consultant en organisation. «Les entrepreneurs forestiers doivent être reconnus à leur juste valeur, note Louis Dupuis. Par exemple, ce n’est pas normal que les coûts d’opération des entrepreneurs forestiers ne soient pas considérés par le Bureau de mise en marché des bois, quand vient le temps de fixer un prix plancher.»


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