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La récupération d’arbres matures

Fabrication artisanale de planchers haut de gamme à partir de gros feuillus laissés pour compte.

16 avril, 2013  par Martine Frigon


David Gilbert récupère les feuillus matures dont personne ne veut pour faire des planchers haut de gamme dans des dimensions introuvables sur les marchés conventionnels.

En 2003, David Gilbert se retrouve à la croisée des chemins. Sous-traitant pour une entreprise de câblodistribution diffusant dans la région de Sherbrooke, il doit se réorienter car il n’obtient plus de contrats. Il décide alors de réaliser un rêve qu’il avait jusque-là mis en veilleuse : la récupération d’arbres matures.

Il s’agit de feuillus rejetés par l’industrie du sciage en raison de la présence de métal dans les billes tels les clous, crochets et chalumeaux d’érables. Des arbres qui ne proviennent pas des coupes forestières habituelles, mais plutôt de milieux citadins où ils ont été coupés en raison du développement ou encore à la suite à de catastrophes naturelles. Ce sont des arbres qui peuvent avoir une centaine d’années avec une taille imposante, qui aboutissent dans les sites d’enfouissement ou encore sont utilisés comme bois de chauffage.

Le jeune entrepreneur de 33 ans a donc décidé de les récupérer et de leur donner une deuxième vie. Ils serviront à la fabrication de bois de planchers de catégorie haut de gamme, en raison des longueurs et des largeurs introuvables sur les marchés conventionnels, car certaines planches peuvent mesurer jusqu’à 10 pieds de longueur et plus de 12 pouces de largeur.

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C’est à Tring-Jonction, non loin de St-Joseph-de-Beauce, que David Gilbert a établi les quartiers généraux de son entreprise Dava,  dans des bâtiments abandonnés par la compagnie minière Carey Canadian Mines, puis achetés par la municipalité. L’entrepreneur a acquis une superficie de 32 000 pieds carrés dans ce complexe pour y fabriquer ses planchers avec une équipe formée de sept personnes.

Une fabrication artisanale
« Je qualifie notre production d’artisanale. Présentement, je produis environ 5000 pieds de planches par semaine et j’ai évalué que ma capacité maximale ne pourrait pas dépasser 20 000 pieds par semaine! Il y a trop de temps de main-d’œuvre à planifier sur une bille et il n’y a pas d’équipement de série qui puisse faire le travail, précise-t-il. » Il ajoute que, malgré le fait que sa matière première lui coûte peu, ses coûts de production sont proportionnellement les mêmes qu’une scierie conventionnelle en raison du temps de main-d’œuvre.

Le sciage des billots est effectué dans l’usine de Tring-Jonction. La production est ensuite transportée à Saint-Tite en Mauricie, chez Finition UV Cristal, pour la phase de vernissage, puis chez St-Cyr pour les moulures. « En raison de problèmes dans le secteur forestier, il y a beaucoup de temps de sous-traitance disponible. Je préfère travailler ainsi que d’acheter de l’équipement pour le moment. » Sa technique? Il ne veut pas en parler; un secret à garder : « Je n’utilise même pas d’équipements de scierie…. Ce sont des outils que j’ai modifiés ».

Plus de 90 % de sa production va à la fabrication de planchers. Elle est destinée essentiellement aux architectes spécialisés dans la construction et la rénovation haut de gamme ou encore pour des projets visant à remplir les critères requis à l’obtention d’une certification LEED. « Mes atouts majeurs, ce sont les grosseurs et les largeurs impressionnantes des planches, mais également le fait que ces arbres aient été récupérés. »

Ces arbres proviennent principalement de la Nouvelle-Angleterre. « Mes fournisseurs sont des émondeurs, des municipalités et des scieries. Au début, les fournisseurs que je contactais me trouvaient étrange…rechercher du bois que personne ne voulait! Maintenant ils me connaissent et me font confiance dans mon projet. » Ces billots sont majoritairement du chêne rouge ou blanc et, en proportion moindre, de l’érable, du cerisier, du frêne et du noyer noir.
David Gilbert croit fermement qu’il détient un marché pointu et il souhaite agrandir ce marché de niche aux États-Unis et même en Europe. Il poursuit son développement de marché et saisit toutes les occasions pour faire connaître son produit : magazines de décoration, grands quotidiens, émissions télévisées. Il a le sens du marketing et de la promotion; une qualité qui lui servira grandement à développer son entreprise.  


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