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La grande séduction

Produits forestiers Résolu mise sur une vision à long terme pour faciliter l’intégration de plus de 130 travailleurs étrangers, en misant sur le soutien des communautés.

14 septembre, 2022  par Guillaume Roy



Au mois de juin, six travailleurs marocains sont arrivés à Saint-Thomas-Didyme, dans le nord du lac Saint-Jean, pour travailler à la scierie de Produits forestiers Résolu.

Du nombre, il y a Aimad Salmi, 35 ans, Soufyane Jdair, 29 ans, Rachid Derrouich, 34 ans Mohamed Dahmani, 29 ans, Yassine Zarroudi, 28 ans et Nassim Driuche, 37 ans. Deux autres compatriotes se sont joints à ce groupe au cours des derniers mois.

Certains viennent de la ville, d’autres de la campagne et ils ont des expériences variées. Par exemple, Aimad Salmi a travaillé dans la culture d’olivier, en peinture industrielle et dans le monde de la sécurité. Pour PFR, il occupera un poste de manœuvre à l’usine de rabotage. Nassim Driuche, qui travaillera à la scierie, a pour sa part de l’expérience comme électricien ainsi que dans le monde de la photo et du cinéma. Agriculture, biologie, tourisme, électromécanique font aussi partie des champs d’expertise des nouveaux arrivants.

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« Il y a une pénurie de chance, d’opportunités pour trouver du travail au Maroc », remarque Aimad Salmi. Je suis ici pour travailler et j’espère que ma copine pourra venir me rejoindre dès que possible ». Les cinq autres travailleurs marocains sont célibataires.

Soufyane Jdair rêve pour sa part de s’établir au Canada depuis sa tendre enfance. « Je veux développer ma carrière ici », dit-il. Yassine Zarroudi souligne qu’il veut améliorer son mode de vie tout en découvrant la culture québécoise, alors que Nassim Driuche veut faire de nouvelles expériences tout en faisant progresser sa carrière.

Pour Rachid Derrouich, c’est la stabilité de l’emploi qui l’attire au pays. « Je suis ouvert à découvrir un autre monde, à d’autres activités », souligne-t-il. « Je veux développer mes compétences et ma carrière, pour éventuellement rester ici et redonner à la communauté qui m’a ouvert les bras », note pour sa part Mohamed Dahmani.

Le désir d’émigrer et de bâtir une carrière outre-mer faisait d’ailleurs partie des critères recherchés à l’embauche, afin de maximiser les chances d’établissement à long terme au Canada.

« Pour eux, le plan numéro un c’est de rester, lance Janic Gaudreault, le responsable des ressources humaines chez PFR, avec aplomb. Si ça ne fonctionne pas comme prévu, le plan B est de retourner à la maison », ajoute-t-il devant les nouveaux arrivants, qui approuvent en hochant la tête.

Et pour s’assurer que l’intégration fonctionne, PFR a tout mis en place le programme mosaïque, en incluant la communauté, les organisations locales et les collègues de travail dans sa stratégie.

« Le programme mosaïque est le fruit d’un travail d’équipe où la communauté est au centre de l’accueil, explique Janic Gaudreault. On a fait des présentations sur le Maroc à tous les résidents pour mieux connaître les gens avant qu’ils arrivent. La municipalité et le syndicat de l’usine se sont impliqués. On a formé tous nos gestionnaires et nos employés de sites. C’est un processus global ou chacun à un rôle à jouer pour faciliter la meilleure intégration possible ».

Un départ réussi
Dès leur arrivée, ils ont pu s’installer dans une maison aménagée pour eux, en plein cœur du village par un promoteur local. Lors de la visite d’Opérations forestières, Janic Gaudreault, Alexandra Lavoie, superviseure des ressources humaines et Steeve Tremblay, surintendant général de l’usine Saint-Thomas étaient aussi présents.

Les organismes locaux, comme Portes ouvertes sur le lac, ont été mis à profit pour faciliter l’intégration des travailleurs, notamment pour gérer la paperasse et pour faciliter l’intégration dans la communauté, pendant les premières semaines.

Chez PFR, tous les gestionnaires ont reçu une formation sur la dualité des valeurs pour assurer une meilleure intégration. En usine, chaque travailleur marocain est jumelé avec un mentor, en plus de recevoir une formation portant notamment sur les normes de santé et de sécurité au travail.

« On apprend tous les jours », note Aimad Salmi. « Résolu ne nous laisse pas tout seul. Si j’ai un problème, je peux utiliser ma radio FM pour « caller » quelqu’un poru avoir de l’aide », renchérit Mohamed en utilisant déjà une expression québécoise teintée d’anglais.

En quelques semaines seulement, les nouveaux arrivants ont réussi à se tisser un réseau au sein de la communauté de Saint-Thomas-Didyme, qui compte 679 âmes. À l’invitation de la mairesse, Sylvie Coulombe, ils ont fait du bénévolat dans le cadre du marathon de nage en eau libre du Lac-à-Jim.

« On a formé un comité d’accueil pour les nouveaux arrivants dans notre communauté », souligne la mairesse. « On veut leur donner le goût de rester pour qu’ils participent à la revitalisation de la communauté ». Grâce à ce groupe, ils ont aussi fait du kayak et de la pêche. Ils sont aussi allés à la plage avec des résidents, qui tranquillement deviennent des amis. Ils sont allés danser à l’aréna. Ils ont goûté aux mets locaux, comme la tourtière et la poutine. Et au passage, ils souhaitent aussi faire connaître leur culture, en offrant le thé et des mets typiques marocains.

Pour se déplacer au village et à l’usine, on leur a fourni des vélos. Pour faire des courses, ils utilisent les services de transport en commun de Maria Express et ils font parfois appel aux citoyens du village.

En retour, pour aller à la rencontre des gens, le groupe de marocain a même lancé une page d’aide sur Facebook, pour offrir leur service à la population. « L’accueil des gens est extraordinaire, note Yassine Zarroudi. Tout le monde est sympathique ». « On veut organiser un tournoi de soccer à Saint-Thomas pour créer des liens », renchérit Mohamed Dahmani.

« On veut vraiment que ces employés s’intègrent dans leur communauté et qu’ils s’installent au Québec à long terme », note Janic Gaudreault, avant d’ajouter que le travail d’intégration se poursuivra aussi longtemps qu’il le faudra. Pour optimiser les chances de réussite, l’entreprise a choisi d’adopter les meilleures pratiques d’intégration. « On a un intérêt commun à ce que ça fonctionne », dit-il.

Paperasse et logistique
Il faut compter un montant de près de 10 000 dollars pour accueillir un travailleur étranger temporaire, d’abord pour un contrat de 24 ou de 36 mois. « Ces permis de travail peuvent être renouvelés, explique Janic Gaudreault. Il est possible de demander la résidence permanente après avoir passé 24 mois au pays et le processus dure un autre 24 mois. »

Pour plusieurs entreprises, comme c’est le cas pour PFR, l’objectif est toutefois d’intégrer les travailleurs dans leurs équipes à long terme, et de favoriser l’intégration dans la communauté d’accueil.

Pour y parvenir, PFR a travaillé avec des firmes spécialisées, qui « répondent à des normes de classe mondiales », dans le cadre du processus de recrutement international.

Par exemple, PFR a travaillé avec AIPEO Canada pour recruter de la main-d’œuvre au Maroc. Œuvrant dans le domaine du recrutement international depuis 3 ans, AIPEO Canada offre un service clé en main, du recrutement, à l’accueil jusqu’à l’intégration, en plus de s’occuper de la paperasse, en travaillant avec des partenaires du Centre RIRE 2000 et la firme MS Avocats.

La force du service vient du fait que le Centre RIRE est une organisation de solidarité internationale qui travaille en Afrique francophone depuis 26 ans. « On est bien implanté sur le terrain parce que nous sommes un partenaire du milieu, explique Benoit Songa, le directeur général. Nous connaissons les familles, alors si un jeune homme postule, on peut appeler ses parents pour en savoir plus à son sujet ».

Le volet de recrutement international permet aussi de financer d’autres actions de solidarité internationale. Par exemple, le mandat avec Résolu finance la francisation des femmes au Maroc pour leur permettre de profiter de l’industrie touristique. L’initiative finance aussi des projets pour soutenir les femmes et les jeunes, notamment avec des projets entrepreneuriaux, en République démocratique du Congo.

Selon Benoit Songa, PFR travaille de manière exemplaire pour accueillir les nouveaux arrivants. « Ils ont une vision globale à long terme, dit-il. Ils mobili-
sent tous les acteurs pour que l’accueil et l’intégration soient réussis. »

Maximiser la diversité
En 2022, ce sont 133 travailleurs étran-gers qui intégreront les différentes usines de PFR. De ce nombre, 43 travailleurs ont été déployés au Lac-Saint-Jean, dans les scieries de Girardville (10), de Saint-Thomas-Didyme (8), de La Doré (20) et de Saint-Prime (5). D’autres travailleurs étrangers sont allés à Senneterre, à Maniwaki, Comtois, à La Tuque et à Baie-Comeau.

Et ce n’est qu’un début, car en 2023, près d’une centaine de travailleurs de plus sont attendus. Au mois de juillet, l’entreprise a notamment réalisé une mission de recrutement au Maroc pour pourvoir 74 postes de mécaniciens, d’électromécaniciens, et d’opérateurs pour les scieries et les usines de pâtes et papiers.

Pour PFR, il est important de miser sur la diversité des employés, en incluant davantage de femmes et de minorité visible, mais aussi en misant sur une diversité de la provenance des travailleurs étrangers. « On voulait s’assurer d’avoir des histoires à succès même s’il y a des problèmes dans un pays », lance Janic Gaudreault, en notant que le Maroc a fermé ses frontières pendant quelques mois pendant la pandémie. « Chacun amène une plus-value en fonction de sa culture. On croit beaucoup en la diversité à tous les niveaux », ajoute-t-il.

Étant donné que les firmes de recrutement international se spécialisent dans certains secteurs géographiques, PFR a travaillé avec plusieurs partenaires. Du nombre, on compte RM Recrutement, une firme lancée il y a près de cinq ans par Régis Michaud, un spécialiste des ressources humaines. L’entreprise s’est spécialisée dans le recrutement aux Philippines. « On a recruté près de 1000 travailleurs depuis 2018 et près de 1500 autres sont en processus pour venir travailler ici », dit-il, soulignant que ces derniers viennent au Canada pour améliorer leur qualité de vie.

Avec 45 employés, sa firme offre aussi un service clé en main de recrutement, d’accompagnement juridique, d’accueil et d’intégration. Et comme les Philippins parlent anglais, 10 employés travaillent à plein temps sur la francisation des nouveaux arrivants. « Les travailleurs recrutés pour Résolu reçoivent 200 heures de francisation avant même d’arriver », note Régis Michaud. Des formations sur la culture québécoise et sur la santé et sécurité au travail ont été offertes à tous les nouveaux arrivants.

Jusqu’à maintenant RM Recrutement a facilité la venue d’une cinquantaine de travailleurs pour PFR et de près de 150 travailleurs pour Chantiers Chibougamau. « On est rendu à presque 45 familles installées avec Chantiers Chibougamau, souligne ce dernier. On est en train de bâtir une petite communauté ». 


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