Opérations Forestières

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La chimie verte à la rescousse

La reprise restera lente, mais la chimie verte peut sauver l’industrie

28 juillet, 2015  par Alain Castonguay


Les membres du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) sont réunis en congrès au Hilton Québec, les 13 et 14 mai dernier. Trois conférenciers ont parlé de l’état des marchés, de l’innovation et de la compétitivité des scieries du Québec.

L’économiste Paul Jannke, de la firme américaine Forest Economic Advisors (FEA), a fait le point sur la situation du marché nord-américain du bois d’œuvre. Depuis le plafond des prix atteint au dernier trimestre de 2012 et au premier de 2013, à près de 500 $US les 1000 pieds mesure de planche (pmp), le prix du bois a chuté a environ 350 $ au premier trimestre de 2015. « Ça ne devrait plus baisser », lance M. Jannke, ajoutant qu’il avait prédit cette baisse du prix il y a 18 mois.

La demande de bois sur le marché nord-américain est plus faible que prévu, sur une base équivalente à environ 900 000 unités par année au premier trimestre. Les prévisionnistes s’attendent à ce que le marché de la construction se rapproche de la moyenne historique, à environ 1,5 million d’unités, d’ici trois à quatre ans.

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La production nord-américaine de bois d’œuvre, qui est passée de 75 milliards de pmp à un peu plus de 40 milliards en une décennie, devrait remonter. La demande devrait atteindre de 65 à 70 milliards d’ici 2020, prévoit l’économiste.

Analyse comparative
Russell Taylor, professionnel forestier de la Colombie-Britannique, dirige le groupe International Wood Markets depuis 1992. À la demande du CIFQ, M. Taylor mène une analyse de la compétitivité des usines du Québec comparativement aux producteurs d’autres provinces, États ou pays (29 au total).

Au début des années 2000, le Québec était l’endroit où les redevances (droits de coupe) payées par l’industrie étaient les plus basses. En 2012, il se trouvait au 7e rang. Il n’y a pas de quoi se réjouir, poursuit-il. Les arbres prélevés au Québec sont parmi les plus petits, avec un diamètre moyen d’à peine 12 cm. Les distances de transport sont parmi les plus longues, et la taille des usines contribue à limiter la rentabilité des installations. Si l’on inclut l’ensemble des coûts de production, le Québec ne se classe qu’au 26e rang.

En décomposant tous les intrants, le Québec se classe parfois au milieu, mais plus souvent en queue de peloton. Les résultats finaux de son analyse seront remis au Conseil en août 2015.

Nouveaux produits et innovation
Jean Hamel, chercheur chez FPInnovations, constate que si l’industrie des pâtes et papiers a su développer de nouveaux outils et procédés au fil des décennies, elle n’a pas su réagir à temps au changement de son environnement d’affaires. La demande pour le papier journal a été coupée par trois en 20 ans. « Ça a été pire qu’on le pensait, et ça s’est passé plus vite qu’on le croyait », dit-il. Pourtant, des signaux étaient visibles il y a 20 ans.

La recherche et le développement (R&D) permet toutefois de créer de nouveaux produits afin de valoriser les propriétés du matériau bois. Chez FPInnovations au Québec, on a collaboré avec Domtar pour lancer la première usine de production de nanocellulose cristalline (NCC). Avec Kruger, elle a œuvré au démarrage de l’usine de production de filaments de cellulose (FC), moins de cinq années après la découverte de ses propriétés. FPInnovations a aussi un brevet exclusif sur le procédé de séparation de la lignine avec West Fraser.

L’utilisation des composés du bois comme substituts à la pétrochimie est un marché prometteur, assure M. Hamel. Il a énuméré une série d’applications possibles. La plupart des nouveaux produits que l’on tirera du bois serviront à combler des marchés plus petits, calculés en centaines de milliers de tonnes, et pas en dizaines de millions, mais l’industrie forestière a déjà tous les atouts pour se lancer, conclut-il.


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