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Investir 20M$ dans le merisier blanc

Bois Francs Bio Serra souhaite investir 20 millions de dollars dans son usine de bouleau blanc de Sainte-Monique, en misant notamment sur l’automatisation.

9 février, 2023  par Guillaume Roy


L’usine de sciage transforme 140 000 mètres cubes en ce moment.

Merisier blanc. Telle est le terme utilisé pour vendre les planchers de bouleau blanc produits par Bois Francs Bio Serra. Après tout, pourquoi le bouleau blanc ne mériterait-il pas le même sort que le bouleau jaune en gagnant de la notoriété avec un nom de bois noble. 

L’an prochain, c’est toute l’usine de sciage de Sainte-Monique qui subira une cure de rajeunissement avec un plan d’investissement de 20 millions de dollars qui sera réalisé en 2023.

À l’heure actuelle, l’usine transforme seulement 150 000 mètres cubes de bois, alors qu’elle détient un approvisionnement de 250 000 mètres cubes, dont 30% sont en peuplier faux-tremble. Bois Francs Bio Serra a demandé au ministère de conserver sa garantie d’approvisionnement, mais totalement en bouleau, grâce aux investissements qui permettront de valoriser davantage le « merisier blanc », explique Mario Lemay, le directeur de l’usine de Sainte-Monique, au Lac-Saint-Jean.

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Rénovation majeure à venir en 2023
Tous les équipements à la sortie de l’usine seront remplacés, car c’est à cet endroit que l’on retrouve le goulot d’étranglement à l’heure actuelle. « On ne peut pas aller par étape parce que l’usine n’est pas conçue pour ça », soutient Mario Lemay.

Le Groupe Mono Serra est une entreprise intégrée verticalement de la forêt à la maison, vendant ses produits directement aux clients.

Une nouvelle ligne d’éboutage de JAMEC sera donc installée avec un optimiseur TrimExpert de Comact, spécialisé pour le bois franc. Un chargeur, fence et ébouteur 3 en 1, le Smart Trim de SmartMill, sera aussi installé. « Ça permet de faire de la coupe en deux et de l’éboutage de précision pour optimiser chaque pièce de bois », remarque Mario Lemay. Par exemple, une partie d’une planche pourrait être débitée pour le plancher alors que l’autre irait pour la production de palettes. 

Ces équipements permettront de faire un pré-tri avant d’entrer le bois dans l’usine de plancher, car à l’heure actuelle près de 50 % du bois est rejeté à l’entrée. « On sèche 50% de bois pour rien, parce qu’on débite les billes à l’ancienne et on ne détecte pas les défauts », ajoute l’homme qui espère couper les pertes de 60%. Ce gain permettra de réduire les coûts au séchage, qui prend 12 jours, de manière drastique. Bois Francs Bio Serra travaille aussi avec FPInnovations pour améliorer la recette de séchage.

De plus, un classeur à double panier de 30 cases de Novilco sera installé pour optimiser l’espace et le nombre produit. Finalement, une empileuse FP Machine et une attacheuse Signode seront aussi ajoutées.

À l’entrée, une deuxième tronçonneuse sera aussi ajoutée pour couper les belles billes de 16 à 17 pieds en deux, soit 30 à 40% de l’approvisionnement. Pendant ce temps, un opérateur optimisera la coupe de longueurs de 4 à 8 pieds pour récupérer un maximum de fibre avec une deuxième scie indépendante. « Le bouleau est souvent croche, alors plus on coupe court plus on récupère de la fibre », souligne Mario Lemay, avant d’ajouter qu’il n’y a pas de longueur spécifique à produire dans le monde du plancher. 

Une deuxième ligne de sciage, une Sawquip achetée à Irving en Nouvelle-Écosse, sera aussi ajoutée pour scier le bois de petit diamètre, de 3 à 8 pouces. L’autre ligne Forano continuera de scier le bois de diamètre moyen et gros, allant jusqu’à 27 pouces. Pour scier le bois franc, différents outils de coupe sont utilisés. L’angle d’attaque et la vitesse de sciage sont aussi différents du résineux. 

Un profileur en continu Sicam system sera ajouté sur la ligne Sawquip pour mesurer en continu ce qui vient du canter pour faire de la rétroaction de positionnement.

Aller chercher plus de bouleau en forêt
Ces ajouts transformeront le travail en forêt, car les nouveaux équipements pourront transformer du bois croche qui était jadis considéré comme du « bois de pâte », explique Mario Lemay. « Ça va nous donner l’opportunité aller chercher inventaire qui allait copeaux 100% pour créer davantage de valeur », dit-il.

À l’heure actuelle, 45% du bouleau en forêt fait 16 cm et moins, alors l’usine doit s’adapter à cette réalité.

Investir dans le sciage 4.0

Mario Lemay (au centre) entouré de son équipe de superviseurs.

« On va avancer de 30 ans en un pas », lance Mario Lemay. Avec le projet de modernisation, Bois Francs Bio Serra mise sur le suivi de données en continu partout dans l’usine avec les produits et services de PMP Solutions. Des cadrans de suivis seront installés partout dans l’usine de sciage comme outil d’aide à la prise de décision.

Un système de planification logistique, avec la gestion des inventaires, est en train d’être mis en place. « Ça va nous permettre de planifier toute la chaîne logistique jusqu’à Montréal », note Mario Lemay. 

Le système PMP WeDry, pour la gestion de l’humidité au séchage sera aussi mis en place.

Faire moins de sous-produits

Bois Francs Bio Serra envisage de redémarrer la production de bûches écologiques avec les sous-produits.

À l’heure actuelle, 24% du bois qui rentre à l’usine de Sainte-Monique est scié alors que 76% deviennent des sous-produits. Ces chiffres peuvent paraître incroyables pour les scieurs de bois résineux, mais il faut savoir que le bouleau est souvent croche et il génère un taux plus élevé de sous-produits. Avec le plan d’investissement majeur qui sera fait l’an prochain, l’usine compte atteindre un taux de sciage de 40%. « Ça permettra d’assurer la pérennité de l’usine », note Mario Lemay. Quand le plan d’investissement sera complété, la production passera de 12 à 25 millions de pieds carrés de bois.

Fait à noter, près de 60% du bois de l’usine est transformé en bois de palette. Pour valoriser ses propres résidus, l’entreprise compte redémarrer la production de bûches écologiques.

En plus de l’usine de sciage, on retrouve aussi une usine de production de plancher à Sainte-Monique. L’an dernier, 4,2 millions de dollars ont été investis dans cette installation, notamment pour l’ajout d’un scanneur Inspector B de EBI Electric ainsi qu’une moulurière Powermat 2400 de Weinig.

Tous ces investissements permettront de produire plus de bois de plancher Mono Serra, en forte demande et disponibles dans un vaste réseau de distribution. « Notre problème ce n’est pas la vente, c’est la production », soutient Mario Lemay.

Le manque de main-d’œuvre limite aussi la productivité à l’heure actuelle. C’est pourquoi Bois Francs Bio Serra mise sur le recrutement international pour combler ses besoins. Sept employés tunisiens font déjà partie de l’équipe de travail et sept autres s’ajouteront au cours des prochains mois. L’entreprise a notamment acheté le gîte du village pour les loger. Fait à noter, les projets de modernisation n’ajouteront pas de nouveaux emplois, mais il manque encore de la main-d’œuvre pour combler tous les besoins, notamment avec les départs à la retraite. 


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