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Granules LG : leader québécois de la granule

Vingt ans après sa fondation, Granules LG opère la plus grosse usine de production de granules de bois de la province.

16 juin, 2016  par Guillaume Roy


L'usine de Granules LG vue des airs à St-Félicien.

« Il y a 20 ans, on produisait 4700 tonnes de granules. On en produit aujourd’hui autant en seulement deux semaines », lance fièrement Ken St-Gelais, directeur général de Granules LG. Les investissements récents dans les systèmes de contrôle et d’automatisation de l’usine de Saint-Félicien ont permis d’augmenter la cadence faisant passer la production annuelle de  109 000 à 120 000 tonnes en 2015. En 2016, la production devrait même atteindre 125 000 tonnes.

« Nous avons amélioré la productivité de 8 % en utilisant les mêmes équipements », explique M. St-Gelais. Avec des investissements de 400 000 $, plusieurs automates, câbles et systèmes de contrôles électriques, qui étaient en place depuis plus de 20 ans, ont été changés, améliorant ainsi la fiabilité et la productivité des opérations. « Ces investissements nous ont permis de faire passer la production de 2000 à 2350 tonnes par semaine », note Carl Paul, le gérant de l’usine. Et toutes ces améliorations ont été effectuées à l’interne. « Nous produisons maintenant à pleine capacité. Ça sera difficile d’en faire plus sans ajouter de nouveaux équipements », ajoute Ken St-Gelais.

Récupération de bois brulé
L’an dernier, Granules LG a aussi installé de nouveaux convoyeurs pour amener de nouveaux types de matériaux jusqu’au broyeur, qui était d’abord utilisé pour broyer des arbres brulés. Il y a quelques années, Granules LG misait sur la récupération de bois brulé pour augmenter l’approvisionnement de l’usine. En 2009-2010, l’entreprise a d’ailleurs a récolté 50 000 m3 de bois incendié. « Mais le prix de la granule a baissé et on a jamais atteint les sommets depuis », remarque le directeur général. Alors que le prix de la granule est 10 % plus faible qu’à la fin des années 2000, la récolte et la transformation de bois brulé ne sont plus profitables.

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Pour stabiliser son approvisionnement, Granules LG a choisi d’acheter des copeaux et de les broyer à l’usine. « Maintenir nos approvisionnements est toujours un défi. Nous avons peu de fournisseurs, car quelques grosses entreprises contrôlent les scieries de la région », souligne Ken St-Gelais.

Granules LG utilise donc des matériaux secs (planures) et verts (copeaux, sciure) pour produire ses granules. « Pour faire un produit de grande qualité, on s’assure que les matériaux ont atteint 9 % d’humidité avant de les rentrer dans les machines », explique Mathieu Lamontagne, le contremaître de production. Pour atteindre cette cible, les sciures et les copeaux qui arrivent avec un taux d’humidité de 45 % sont d’abord séchés avant d’être mélangés aux planures sèches.

Être situé près de la matière première, dans la plus grosse région forestière du Québec, est certes un avantage pour l’entreprise de transformation de granules. Mais selon Ken St-Gelais, il n’est pas rentable d’aller chercher des matières à plus de 125 km, car les sciures ne sont pas assez denses, ce qui rend le transport trop onéreux. Dans le futur, il sera donc difficile d’augmenter l’approvisionnement de l’usine.

C’est d’ailleurs ce qui a causé la faillite de LG International, une entreprise lancée conjointement par Granules LG, Groupe ADL (propriétaire de Granules LG) et le conseil de bande de Mashteuiatsh. L’usine de 8 M$, située dans une ancienne manufacture de cigarettes, n’a jamais eu assez d’approvisionnement pour être rentable. Après la faillite, Groupe Rémabec a racheté les équipements dans le but de construire une usine de granules sur la Côte-Nord au cours des prochaines années.

Laboratoire de classe mondiale
Alors que la production de granule à cesser à Mashteuiatsh a fermé, le Groupe ADL opère encore plusieurs opérations dans les mêmes locaux. On y retrouve entre autres un laboratoire pour tester la qualité des granules, supervisé par le directeur de la recherche et du développement, André L’Heureux. « Granules LG a bâti sa réputation sur la qualité de ses granules. Nous avons un laboratoire de classe mondiale pour tester tous les paramètres nous permettant d’atteindre les plus hauts standards de l’industrie », dit-il.

C’est en produisant des granules de qualité supérieure que les portes du marché international se sont ouvertes à Granules LG, commente M. St-Gelais. « Nous avons toujours produits des granules dépassant les normes internationales », dit-il.

Marché instable
Diversifier les marchés est l’autre défi principal de l’entreprise jeannoise. « La demande est bonne, mais le marché varie toujours en fonction des conditions climatiques », explique Ken St-Gelais. Les températures exceptionnellement chaudes de l’hiver dernier ont fait baisser la demande dans le sud du Québec et dans le nord-est des États-Unis. Cette situation a généré un surplus de granules et pour la première fois depuis 2013, Granules LG compte relancer les exportations vers l’Europe. « C’est toujours un bon plan B pour vendre nos produits, mais nos bénéfices chutent quand les coûts de transport augmentent », ajoute ce dernier.

C’est pourquoi Granules LG préfère vendre ses granules en Amérique du Nord, dont 70 % au Canada et le 30 % restant aux États-Unis. L’entreprise exporte ses produits seulement lorsqu’elle a des surplus. Selon les besoins des clients, Granules LG vend ses produits maison, des sacs de granules à l’image du client ou encore des granules en vrac. Une partie des granules est aussi vendue à des clients américains pour le marché de la litière à chevaux.

Alors que les granules sont le marché principal de l’usine de Saint-Félicien qui emploie 50 personnes, une partie des installations est dédiée à la production de 6000 tonnes de buches de bois franc densifiées, fabriquées principalement avec des résidus de bouleau provenant d’usines de la région. Ce petit marché est destiné à la vente au Québec seulement. L’usine peut aussi fabriquer des granules de bois franc lorsque la demande le justifie.

Une fière entreprise autochtone
Propulsée par la vision de Laurent Lamontagne, Granules LG a commencé à produire des granules dès 1995, alors que le marché était presque inexistant. « Laurent Lamontagne était un visionnaire. Il a vu tout le potentiel de marché de cette forme d’énergie verte », remarque M. St-Gelais.

En 2009, le Groupe ADL, une entreprise ilnu de Mashteuiatsh, est devenu un partenaire majeur en faisant l’achat de 50 % des parts de Granules LG. Puis en 2012, le Groupe ADL est devenu l’unique propriétaire de la plus grande usine de production de granules de la province. Pour Alain Paul, président du Groupe ADL, cette acquisition allait de pair avec les valeurs de son entreprise, car Granules LG crée des emplois dans le secteur forestier et produit de l’énergie verte. « Notre mission est de créer de la richesse dans notre communauté et dans la région, dit-il. Après 20 ans, Granules LG est encore une entreprise en développement, mais nous voulons maintenant développer des partenariats avec des entreprises américaines ou sur la Côte-Nord, pour développer de nouvelles opportunités. Dans le futur, Granules LG gardera ses racines dans la région, mais elle aura une forme plus éclatée. »

Selon Mélanie Paul, vice-présidente du Groupe ADL, les granules de bois représentent un excellent marché de niche à exploiter, afin de produire des retombées pour la communauté de Mashteuiatsh et pour la région. De nouveaux projets de devraient être annoncés au cours de l’été, assure cette dernière.

Alors que Granules LG pourrait s’implanter dans d’autres régions, l’entreprise explore aussi de nouveaux marchés, comme la production de granules industrielles pour des clients européens. « Nous sommes très fiers de transformer des résidus en énergie verte pour en faire un levier économique pour la région et toute l’industrie forestière québécoise », conclut Ken St-Gelais.


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