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Éditorial: Tendre la main aux caribous

Si l’industrie veut miser sur l’aspect environnemental du bois pour se développer, elle devra participer activement au rétablissement du caribou forestier.

28 juin, 2018  par Guillaume Roy


Je crois que les forêts font partie de la solution pour l’avenir de la planète. Je suis aussi un adepte du bois, notamment car c’est le seul matériau qui permet de produire un bilan carbone négatif. En d’autres termes, le bois ne permet pas seulement de réduire notre impact sur la planète, mais il a un impact positif en captant le carbone de l’atmosphère. Sans compter que c’est un matériau recyclable.

Mais si on veut sauver la planète, on doit aussi prendre en compte la biodiversité. D’après une étude de la publication scientifique Nature, les espèces disparaissent mille fois plus vite qu’avant l’arrivée des humains. Résultat : entre 150 et 200 espèces disparaitraient chaque jour selon le programme des Nations Unies pour l’environnement !

Tout ça m’amène à vous parler du caribou forestier, considéré par plusieurs comme étant l’épine dans le pied de l’industrie forestière. Le caribou amène certes des embuches notables pour les forestières, mais c’est une erreur d’exiger d’abaisser les normes de protection de l’espèce.

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« Oui, on va travailler à sauvegarder le caribou forestier parce que c’est important, mais il n’est pas question de sacrifier des jobs en foresterie! », a lancé le premier ministre Philippe Couillard lors d’une allocution présentée dans le cadre du Congrès du Conseil de l’industrie forestière du Québec.

Alors que l’industrie veut verdir son image, ces propos mettent l’emphase sur la confrontation avec les méchants environnementalistes qui veulent sauvegarder le caribou. Dans les man-
chettes du lendemain, on parlera évidemment de caribous, donnant du carburant aux détracteurs de l’industrie. C’est une question de sémantique, mais les mots sont importants quand on veut être rassembleur et inspirer la confiance du grand public.

Étant donné que la protection du caribou affectera la possibilité forestière, la seule manière de ne pas affecter les emplois est d’enclencher rapidement une intensification de l’aménagement pour produire plus de bois, tout en préparant un plan de transition pour faire rouler les usines.

Pendant ce temps, l’entreprise Énergir (anciennement Gaz Métro), une entreprise qui  exploite principalement des carburants fossiles (même si elle a verdi son approvisionnement énergétique), jouit d’une image de marque enviable, beaucoup plus favorable que l’image de l’industrie fo-
restière, pouvait-on entendre dans les coulisses du congrès du CIFQ. Mais pourquoi l’industrie forestière n’avait pas encore réussi à conquérir le cœur des Québécois, alors que la même industrie fait la fierté des pays scandinaves, par exemple ?

Selon Stéphanie Trudeau, vice-présidente d’Énergir, aussi présente au congrès du CIFQ, une des clés du succès repose sur l’ouverture et sur le dialogue. « On a décidé d’aborder la transition énergétique d’une manière proactive, sous l’angle progrès et en voulant saisir les opportunités qui s’offrent à nous, dit-elle. Et pour y arriver, on a décidé de tendre la main à certains groupes qui ne pensent pas toujours comme nous ».

Revenons à nos caribous. Pour convaincre le grand public que l’industrie forestière fait par-
tie de la solution pour l’avenir de la planète, elle devra faire partie de la solution pour protéger le caribou forestier. Elle devra tendre la main.

D’un point de vue très rationnel, deux lois protègent le caribou forestier et son habitat. Comme nous sommes dans une société de droit, il faut respecter les lois… ou les changer. D’un point de vue sociétal, je doute toutefois qu’abroger une loi pour éviter de protéger les espèces en péril soit une idée fort populaire.

Si l’industrie veut séduire le grand public, elle doit miser sur l’aspect écologique du bois tout en faisant partie de la solution pour protéger le ca-
ribou forestier.

Dans 100 ans, ce seront vos descendants qui vous remercieront, car comme le dit le dicton : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».


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