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Éditorial: Plus de bois, plus d’aires protégées et moins de carbone

La création de nouvelles aires protégées et l’intensification forestière sont nécessaires pour favoriser l’acceptabilité sociale, pour créer de la richesse et pour lutter contre les changements climatiques.

26 avril, 2018  par Guillaume Roy



Et je ne suis pas le seul à le penser. Récemment, c’est le Forestier en chef qui proposait d’augmenter la production de bois de 50 % d’ici 2050. Comment ? En intensifiant la production de bois dans certaines zones clés.

En augmentant la production de bois, on pourra ainsi capter plus de carbone et transformer davantage de bois pour remplacer les carburants fossiles ou déplacer des matériaux qui ont une plus grosse empreinte carbone. Que ce soit pour utiliser plus de bois dans la construction ou pour produire des biocarburants, le bois fait partie de la solution.

Selon le Groupe intergouvernemental sur le changement du climat, la foresterie, incluant la biomasse forestière et la bioénergie, a un potentiel d’atténuation des changements climatiques plus grand que tout autre technique, parce que c’est lié au territoire et aux communautés. C’est pourquoi la chercheuse Évelyne Thiffault estime que les forestiers ne sont rien de moins que des superhéros de la lutte aux changements climatiques.

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Le potentiel est si grand que plusieurs entreprises planchent sur des investissements majeurs dans le domaine de la bioénergie. Mis à part le Bioénergie AE Côte-Nord, qui commencera à produire du biomazout en 2018, il y a aussi le projet de construction d’une bioraffinerie d’un milliard de dollars qui pourrait voir le jour à La Tuque et même Énergir (anciennement Gaz Métro), qui s’intéresse aussi au potentiel de transformation de la biomasse forestière résiduelle pour produire du gaz naturel renouvelable.

Si ce potentiel semble clair pour les forestiers et les promoteurs d’énergie renouvelable, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour convaincre la population en général d’adhérer à cette idée, car plusieurs personnes croient que l’on doit conserver toutes les forêts intégralement. Pourtant, le bois est une des seules ressources renouvelables qui nous permet de bâtir des maisons, faire des meubles, nous chauffer et produire du carburant ! Et avec les défis climatiques qui nous pendent sous le nez, ce n’est pas vrai que l’énergie solaire et l’éolien peuvent nous permettre de freiner les changements climatiques.

Selon les experts, il ne faudra pas seulement réduire notre consommation, mais aussi créer des puits de carbone pour limiter la hausse du climat à 1,5 ou 2°C. Et encore une fois, les forêts sont là pour ça. Selon Claude Villeneuve, professeur de l’Université du Québec à Chicoutimi et expert international sur les changements climatiques, il est d’ailleurs possible de capter 448 millions de tonnes de CO2 en reboisant les territoires improductifs de la forêt boréale québécoise ! Un potentiel énorme qu’il faut saisir le plus rapidement possible.

Selon André Gravel, directeur de l’approvisionnement en bois chez Domtar, il est désormais indispensable de protéger plus de territoires forestiers pour favoriser l’acceptabilité sociale. Mais ce n’est pas une raison pour fermer les usines de transformation du bois. Au contraire, c’est une opportunité pour produire davantage de bois dans le but de réconcilier les besoins des citoyens, des utilisateurs de la forêt et des industriels en aménageant la forêt différemment. Par exemple, à chaque fois que l’on décide de protéger un hectare de forêt, il faudrait dédier 0,5 hectare de forêt à la production intensive de bois. Ainsi, tout le monde gagne, autant d’un point de vue écologique, économique que social, car il ne faut pas oublier que l’industrie forestière génère plus de 60 000 emplois et  des retombées de 15,8 milliards de dollars par année.

L’avenir de la forêt, des produits forestiers et de la planète passe par un aménagement durable de la forêt qui permettra de produire plus de bois, de créer plus de richesse, de protéger davantage de territoire et de capter plus de carbone. On serait fou de s’en passer !


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