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Éditorial: La potion magique des changements climatiques

L’industrie forestière est tombée dans la potion magique des changements climatiques. Et c’est la planche de salut pour l’avenir de l’industrie.

10 juillet, 2019  par Guillaume Roy



Lors du Carrefour Forêts 2019, le directeur exécutif de Chantiers Chibougamau, Frédéric Verrealt a fait une analogie fort intéressante entre Obélix et l’industrie forestière. « Sans le vouloir, on s’est rendu compte il y a quelques années que notre produit était un puits de carbone, a-t-il dit. C’est un peu comme si on était tombé dans la potion magique des changements climatiques. Auj-ourd’hui, partout aux États-Unis et en Europe, on nous appelle pour nous demander s’il est possible de bénéficier de nos produits, car ils répondent à un besoin contemporain. »

Cette citation devrait être reprise ad nauseam pour faire la promotion de l’industrie forestière, car le potentiel du bois et de nos forêts pour lutter contre les changements climatiques est encore trop peu connu.

Quand vient le temps de parler de mesures pour limiter la hausse des températures, la grande majorité de la population pensera aux éoliennes et aux panneaux solaires. Ces solutions énergétiques seront nécessaires pour déplacer les carburants fossiles, mais elles ne seront pas suffisantes, car le défi climatique est immense.

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De plus, même si ces énergies renouvelables permettent de diminuer les émissions des gaz à effet de serre, elles ne permettent pas de capter le carbone. Bien que quelques technologies émergent pour capter le carbone, le mécanisme le plus efficace et le moins cher demeure la photosynthèse.

Selon les calculs du Forestier en chef, on retrouve présentement 2,3 milliards de mètres cubes de bois sur pied au Québec. L’intensification fo-restière permettrait d’augmenter la quantité de carbone stocké dans les forêts québécoises et ce potentiel doit faire partie de la stratégie québécoise de lutte aux changements climatiques.

Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat estime qu’il faudrait reboiser 5 millions de km2 par an, soit trois fois la superficie du Québec, pour absorber 11 milliards de tonnes de CO2 chaque année d’ici 2050 si on veut limiter la hausse des températures. Alors que plusieurs pays misent sur leur forêt pour améliorer leur bilan carbone, il est grand temps que la société québécoise en fasse de même.  

Au-delà des arbres sur pied, la transformation du bois offre également un énorme potentiel pour stocker le carbone. Bien sûr, la foresterie engendre des impacts, qui ne faut surtout pas nier, comme le mentionne Frédéric Verreault. « Le pari audacieux que l’on fait chez nous, c’est de dire au monde : on coupe des arbres. Ça génère des impacts. Mais on fait du mieux qu’on peut pour les limiter ou les compenser. » C’est en parlant à l’intelligence des gens, avec franchise, que l’on pourra réellement entamer un dialogue avec la population, dit-il.

La foresterie génère donc des impacts. Mais ces impacts sur l’environnement sont, la plupart du temps, beaucoup moins grands que n’importe quel autre matériau disponible. Dans un monde idéal, l’homme n’aurait qu’un très faible impact sur l’environnement, mais la population mondiale, qui s’élève à plus de 7,5 milliards d’habitants, nous force à faire des choix. Pour juger de la place du bois, il faut donc le comparer aux autres matériaux de construction, comme le béton et l’acier, qui sont beaucoup plus nocifs pour l’environnement.

Idem pour les biocarburants. Pour atteindre un monde sans carbone, il faudra utiliser davantage de résidus du bois pour déplacer les carburants fossiles. Bien que les résidus agricoles ou les algues offrent des potentiels de production intéressants, c’est l’industrie forestière qui peut se targuer d’offrir de très grandes quantités de matière première.

Les forêts et le bois québécois pourraient même devenir la pierre d’assise d’un grand projet de société. Êtes-vous prêt à partager votre potion magique ?


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