
En vedette
Abattage
Récolte
De la puissance
Le nouveau transporteur Cat 584 de 18 tonnes au Lac St-Jean.
9 avril, 2013 par Opérations Forestiéres

Pascal Bouchard, 35 ans, dirige l’entreprise Coupe forestière GPB inc., mise sur pied par son père il y a 40 ans. Pascal a débuté avec son père à l’âge de 15 ans et il a travaillé à ses côtés jusqu’au décès de ce dernier en 2006. L’entreprise approvisionnait en arbres entiers les usines de sciage d’AbitibiBowater à La Doré, à partir de peuplements d’épinette et de sapin autour du Lac St-Jean. Il y a environ deux ans, AbitibiBowater a demandé à l’entrepreneur de lui fournir des tiges tronçonnées en longueurs de 8 et 16 pieds.
La conversion à ce type de récolte signifiait également un changement d’équipements : il s’est donc départi de son abatteuse et de son ébrancheuse, et il a fait l’acquisition d’une abatteuse Cat TK721 munie d’une tête Waratah HTH616.
Au cours de l’été 2008, Hewitt Équipement, le distributeur Ca-terpillar au Québec, a proposé à Pascal Bouchard d’effectuer des tests sur un prototype pour une nouvelle gamme de transporteurs. L’entrepreneur s’avérait être un candidat idéal pour ce type d’essai car il travaillerait de très nombreuses heures avec une machine et cela, sur une courte période de temps et dans des conditions difficiles. Hewitt avait également besoin d’un opérateur sérieux quant à la compilation de données et n’ayant pas peur de formuler des commentaires.
Mise au point du prototype
Durant cinq semaines, Pascal Bouchard a travaillé avec le prototype d’un transporteur de 18 tonnes, enregistrant environ 450 heures. Il fit face à trois principaux problèmes avec ce prototype : le vérin hydraulique de la flèche principale brisait sans cesse; la manette de commande faisait obstacle lorsqu’il faisait pivoter son siège pour faire fonctionner la chargeuse de billes; et les groupes de soupapes de la chargeuse n’étaient pas facilement accessibles pour les mesures d’entretien.
Pascal Bouchard savait que Caterpillar avait pris au sérieux ses commentaires. Un an plus tard, il achetait le premier transporteur Cat 584 à sortir des lignes de production, et il constatait les changements apportés par rapport au prototype dont il avait fait l’essai. « Je n’ai eu aucun problème avec le vérin hydraulique. La manette de commande a été déplacée si bien que, maintenant, je dispose de plein d’espace pour faire pivoter mon siège et manipuler la chargeuse. Le fabricant aussi a déplacé les groupes de soupapes sous la fenêtre arrière où ils sont faciles d’accès avec un grand espace pour effectuer le travail. »
De grosses machines
Les préférences de l’entrepreneur vont vers les grosses machines parce qu’il est assuré de leur construction solide et de leur plus grande stabilité. « Le modèle Cat 584 a été renforcé d’un bout à l’autre, précise-t-il. Ainsi, il est beaucoup moins effrayant d’affronter les terrains escarpés qui sont monnaie courante dans les forêts québécoises! » Face aux conditions de sols et de neige qu’on connaît chez-nous, Pascal Bouchard ajoute qu’il a également besoin de puissance réelle, de traction, pas nécessairement de vitesse : « Lorsque je suis dans une zone marécageuse et que le transporteur est chargé à plein, je sais que je ne resterai pas embourbé. »
La capacité de 18 tonnes est un autre avantage. « Je peux faire un seul voyage, plutôt que deux ou trois, de dire l’entrepreneur. » De plus, la lame à l’avant de la machine est bien utile. « Quand nous allons sur un nouveau site en forêt, il y a habituellement beaucoup de débris sur les sentiers. À l’aide de la lame, je peux déplacer ce matériel. Je n’ai pas besoin de l’abatteuse pour pousser les débris. Elle protège également le radiateur à l’avant. »
L’entrepreneur fait affaire avec la succursale Hewitt de Chicoutimi. Il est persuadé d’y être entre bonne main pour le service après-vente, l’aide ou le suivi. Hewitt l’a d’ailleurs aidé au moment de l’achat du nouveau transporteur en reprenant certains de ses équipements pour récolte par arbres entiers.
Pascal Bouchard croit qu’il faut avoir « les reins solides » pour passer à travers cette grave récession. Il précise cependant que pour survivre, il ne fait rien de très compliqué. « Il s’agit de porter une attention très particulière aux dépenses, déclare-t-il. Nous avons plus de 300 km à parcourir en forêt pour nous rendre au camp, je suis donc plus attentif aux coûts de transport : les véhicules et le carburant. Je coupe où je peux. »
Partage de postes
La main-d’œuvre ne fait pas partie des postes où il effectue des coupures. L’entreprise compte cinq autres opérateurs de machines, en plus de la sœur de Pascal Bouchard qui s’occupe de la comptabilité et de la gestion du bureau. À partir de 7 heures le lundi matin, jusqu’à midi le vendredi, les équipes sont en opération 24 heures par jour selon des quarts de travail de 12 heures. Il n’y a là rien de nouveau, l’entreprise a toujours fonctionné 24 heures par jour depuis 20 ans.
Au cours d’un quart, un opérateur s’occupe de l’abatteuse multi pendant qu’un autre se charge du transporteur. Après 6 heures d’opération, ils échangent leur poste de travail. « Je fais ça dans le but de maintenir la productivité, d’expliquer l’entrepreneur. Avec tout ce que ça prend de concentration pour faire fonctionner une abatteuse, avec les déplacements incessants vers l’avant et vers l’arrière, après 6 heures, l’opérateur est fatigué et la production en souffre. L’opérateur du transporteur a encore plein d’entrain, il peut prendre la relève et maintenir la production à un bon rythme. »
Pascal Bouchard affirme qu’il n’a aucun problème à passer plus de 12 heures dans la cabine du transporteur. « On y est très confortable. La suspension est excellente. Dans la cabine, on se sent comme si on était à bord d’une Cadillac. La visibilité est bonne, le niveau de bruit est faible; c’est donc agréable à conduire et de voir tout autour. »
Après 12 heures, l’opérateur est au repos mais les machines, elles, restent en action. « Chacune des machines fonctionnent plus de 100 heures par semaine, affirme-t-il. » Lorsqu’on lui demande s’il suit les recommandations du livre d’entretien, il éclate de rire : « Je ne suis pas du tout le manuel du propriétaire. Au cours des huit mois de l’année où nous sommes en forêt, on a le temps d’exécuter seulement les réparations rapides afin de nous remettre à pied d’œuvre et continuer aussi vite que possible. »
Les machines font relâche deux semaines en été et deux semaines à Noël ainsi que durant les trois mois, de mars à mai, où les parterres sont trop boueux pour travailler. C’est à ces moments que l’entrepreneur réalise une révision minutieuse de ses machines. Lorsque l’une d’elles n’est plus sous garantie, il compte sur les conseils techniques du distributeur mais il effectue lui-même la plupart des travaux.
En plus des réparations, Pascal Bouchard peut apporter quelques modifications aux machines, comme l’ajout de plaques de protection et d’autres types de renforcement pour travailler dans les régions difficiles. Le transporteur Cat fait exception, il n’a pas eu à y ajouter quelque plaque de protection que ce soit.
L’entrepreneur utilise des pièces et produits de qualité dans ses machines de récolte, il prévoit qu’elles dureront au moins dix ans. « Tout dépend de la façon dont vous entretenez vos machines. L’exploitation par arbres entiers est définitivement plus dure sur la machinerie que l’exploitation par tiges tronçonnées en longueur, et j’ai conservé mon abatteuse-groupeuse neuf ans, précise-t-il. »
Pascal Bouchard est père de trois enfants dont un fils de 6 ans. Sans aucune hésitation, il rejette la possibilité de faire éventuellement participer son fils à l’entreprise. Il explique que c’est en partie en raison de l’expérience qu’il a lui-même connue avec son père : « Sur semaine, votre père est votre patron; les des fins de semaines, il redevient votre père. C’est une situation difficile à vivre. »
Il ajoute également qu’il est devenu très difficile de travailler en forêt de nos jours. « Auparavant, travailler en forêt, c’était très agréable et c’était rentable À l’heure actuelle, il est très difficile de ne pas être confronté à des volumes accrus pour le même tarif. Comme entrepreneur forestier, on a plus de souvenirs que d’avenir, admet-t-il tristement. » Mais travailler dans un autre secteur, il n’y pense même pas : « Non, c’est ma passion! »
Imprimer cette page