Opérations Forestières

Nouvelles Nouvelles de l’industrie
De Comact à EACOM: c’est la main-d’œuvre qualifiée qui compte!

22 mars, 2013  par Éric Michaud ingénieur Premier Vice-Président Opérations chez EACOM Timber Corporation


Vendre des équipements ou vendre des concepts d’opérations, y a-t-il vraiment quelque chose de différent dans l’acte même? Je peux vous confirmer qu’il n’y en a pas dans l’action, mais plutôt dans ce qui doit être vendu, c’est là que ça se complique. 

Le domaine du sciage n’est pas le secteur le plus « glamour ». Il a toujours été assez difficile de recruter ou de retenir la main-d’œuvre qualifiée. Il y a eu des années où tous les intervenants du secteur ne s’en tiraient pas si mal, mais je dois avouer que tout s’est complexifié durant les dernières années, principalement à cause de la crise du bois d’œuvre qui a sévi et qui sévit toujours. Les nombreuses fermetures, mises à pied et l’image ternie de l’industrie ont repoussé les jeunes, qui démontraient un tantinet d’intérêt, vers d’autres domaines d’études. Ces fermetures ont aidé certains fabricants/équipementiers à rebâtir leurs équipes avec des candidats d’expérience qui quittaient les scieries, mais reste que ces temps difficiles ont aussi fait tort aux fournisseurs d’équipements qui ont dû à leur tour faire de nombreuses mises à pied. Heureusement, comme les équipementiers sont situés près des grands centres, ça facilite le recrutement de la main-d’œuvre qualifiée. 

Les bonnes années de l’industrie ont permis aux fabricants d’ici de développer une expertise maintenant exportable dans d’autres régions du monde. Mais le travail chez un équipementier est devenu plus exigeant, avec les nombreux déplacements à l’extérieur du pays et parfois même sur un autre continent. Cette réalité est loin d’attirer tous les candidats qui sont peu nombreux dans les domaines techniques pertinents. D’ailleurs, on peut rapidement constater que nos jeunes ont réagi rapidement à cette crise du bois d’œuvre. La preuve :

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presque plus d’inscriptions en génie du bois à l’Université Laval. Même constatation pour les techniques du même domaine au CÉGEP.

Cette réalité me frappe comme responsable des opérations d’une compagnie forestière au Québec et en Ontario. L’Est du Canada a su développer une expertise incontestable au cours des années dans le secteur du bois d’œuvre, autant dans fabrication d’équipements que dans la fabrication de bois d’œuvre. Cependant, malgré toute cette technologie disponible et les ressources naturelles à nos portes, les dernières années nous ont poussées à négliger la ressource la plus importante de nos entreprises : nos employés et leurs connaissances acquises au fil des années.  

Dans un milieu aussi compétitif, il est primordial de miser sur la main-d’œuvre, car elle peut faire la différence d’une installation à l’autre. Les marchés, la technologie et la ressource sont à peu près les mêmes pour tous les joueurs de l’industrie. Le seul aspect où l’on peut faire la différence réside dans la main-d’œuvre et ses connaissances, dans sa formation et sa reconnaissance. On peut dire qu’on a manqué le bateau. Je me permets de comparer ça à la Formule 1.

On a beau se doter de la meilleure voiture du circuit, si on n’a pas de pilote, les chances sont minces de remporter la course.   Bref, notre industrie roule sur une piste aussi compétitive que la F1 et ça prend tous les éléments pour décrocher la victoire. À ce moment-ci, on a peut-être négligé le pilote et son équipe. Plus on se modernise, plus on acquiert des équipements de pointe, plus il est important d’avoir des gens qui ont une compétence pour l’utilisation optimale de ces technologies.

Il ne faut pas négliger que plusieurs de nos installations sont en région. Si on se fie aux sondages, nos jeunes n’ont pas tendance à y rester. Et ceux qui y restent sont fortement attirés par les mines. Doit-on leur en vouloir? Non! Ils ont fait un choix, celui d’aller vers ce qui rapporte le plus, même si ce secteur est aussi cyclique et connaîtra ses années sombres bientôt, le passé en fait foi. L’industrie du sciage n’a pas su les charmer, les convaincre et les attirer.

Que devons-nous faire, me demanderez-vous? Je crois qu’on aura à prendre nos responsabilités en tant qu’employeur important dans ces régions pour promouvoir ce magnifique secteur qu’est le bois d’œuvre. Les autres industries font de la publicité en grandes pompes dans les journaux et à la télévision, et nous? Rien? Cette industrie a été la locomotive de plusieurs villages environnant les scieries. C’est le temps de troquer notre locomotive pour un bolide de F1. En plus, la F1 attire beaucoup plus les foules que les trains ces jours-ci et c’est ce dont on a besoin, le retour des compétences!    


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