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Coupes sur la rivière Péribonka: le MFFP s’explique

24 juin, 2021  par Guillaume Roy


Le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP) estime que la récolte de bois ravagé par la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) sur les rives de la rivière Péribonka, et notamment dans une proposition d’aire protégée, est nécessaire pour préserver la ressource ailleurs sur le territoire. De plus, la récolte et le reboisement, selon les secteurs, permettront à la forêt de se régénérer plus rapidement, souligne le MFFP.

« Si on ne récolte pas le bois affecté par la TBE, qui est déjà mort ou qui va mourir au cours des prochaines années, on devra récolter du bois vivant ailleurs, ce qui fera une perte en double », explique Claude Bélanger, le directeur de la gestion des forêts au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ainsi, la possibilité forestière s’en trouverait réduite, ajoute-t-il, car le stock de bois sur pied diminuerait.

C’est pour éviter de telles pertes que le MFFP déploie des plans spéciaux de récupération dans les superficies infestées par la TBE ou encore dans les forêts brûlées. « Ça permet de transformer le bois avant qu’il ne soit plus utilisable par l’industrie », ajoute ce dernier.

Vue aérienne d'un secteur cinq ans après la récolte.

Selon l’évolution de l’épidémie, les arbres meurent de trois à cinq ans après l’infestation et il faut agir rapidement pour minimiser les pertes. Dans certaines unités d’aménagement, comme ce fut le cas dans le secteur de Chute-des-Passes soit la 024-71, presque la totalité de la possibilité forestière a été récoltée dans le cadre de plans spéciaux de récupération l’an dernier. Sans ces plans spéciaux, au moins un million de mètres cubes de bois vivant auraient dû être récoltés ailleurs.

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Le MFFP souligne que la récolte de bois se fera dans les secteurs à forte concentration d’arbres résineux, où l’on retrouve beaucoup de sapin, l’arbre préféré de la tordeuse. L’âge des peuplements qui seront récoltés varie de 50 à 70 ans.

« C’est un secteur qui a été exploité par le passé et où l’on pratiquait le flottage du bois sur la rivière Péribonka jusqu’en 1996 », remarque Claude Bélanger.

La vue d'un secteur récolté après 10 ans.

Après la coupe, le MFFP évaluera si la régénération naturelle sur place est suffisante afin d’identifier quels secteurs devront être reboisés. « Dans certains endroits, on pourrait mettre plus d’épinettes, pour que la forêt soit plus résiliente lors de la prochaine épidémie de tordeuse », dit-il.

D’ici une dizaine d’années, les secteurs récoltés ressembleront à une jeune forêt, avec des arbres d’environ trois mètres, souligne pour sa part Dominique Déry, chef par intérim de l’unité de gestion 023-71. « Ça sera rendu tout vert avec une jeune forêt en pleine croissance », dit-il.

Jusqu’à maintenant, le secteur de la baie des Gardes a passé le processus d’harmonisation et les impacts visuels sont limités. Sur les images de la modélisation des coupes dans les secteurs Canal sec et Joly, les impacts sur le paysage semblent toutefois beaucoup plus grands. « Aucune discussion n’a encore été faite pour ce secteur, parce que la récolte ne se fera pas cette année », note Dominique Déry, en ajoutant que des ajustements seront apportés après consultations.

Vue d'une forêt infestée par la tordeuse des bourgeons de l'épinette. La régénération sera plus rapide après une récolte, selon le MFFP. 

La récolte se fera d’abord dans le secteur baie des Gardes, car l’infestation y est plus sévère, alors qu’elle est légère à modéré dans le secteur du Canal sec et Joly. Avec la progression de l’épidémie, l’infestation deviendra sévère dans ce dernier secteur au cours des prochaines années.

Selon les prévisions du MFFP, la mortalité due à l’infestation de la tordeuse des bourgeons de l’épinette sera en forte croissance dans le secteur de la rivière Péribonka au cours des prochaines années et cette situation ne fera qu’empirer jusqu’en 2030.

La direction régionale du MFFP n’est pas responsable de la mise en place d’aire protégée, poursuit Claude Bélanger. Son mandat est plutôt de récolter la possibilité forestière sur le territoire. Dans le cadre de la création de nouvelles aires protégées, le MFFP est toutefois consulté par le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.

La défoliation et la mortalité due à la tordeuse des bourgeons de l'épinette augmentera d'ici 2030.

« La proposition d’aire protégée de la Péribonka de 268 km2 ne fait pas l’objet d’un avis favorable du MFFP étant donné les impacts forestiers et économiques importants », a récemment souligné le MFFP par courriel. Le MFFP souligne notamment que « cette proposition a été déposée après que la démarche d’identification d’aires protégées, s’étant échelonnée sur plusieurs années au Saguenay-Lac-Saint-Jean, ait été réalisée » et que « le territoire concerné est localisé à l’extérieur des territoires envisagés pour la stratégie pour les caribous, car le niveau de perturbation du paysage dans lequel il est situé en fait un secteur peu favorable à la protection du caribou».

Le MFFP souligne également que « le couloir de la rivière Péribonka fait déjà l’objet de plusieurs modalités de protection. On y dénombre notamment des refuges biologiques et des écosystèmes forestiers exceptionnels totalisant 8 % de la superficie de la proposition de l’aire protégée de la rivière Péribonka et dans lesquels les activités d’aménagement forestier sont interdites ».

À l’heure actuelle, le plan de récupération du bois affecté par la tordeuse des bourgeons de l’épinette touche 13,7% de la superficie de la proposition d’aire protégée, ce qui représente une superficie de 37,6 km2.


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