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Biomasse: le modèle finlandais

22 novembre, 2018  par Guillaume Roy



La Finlande est passée maître dans l’art de valoriser la biomasse forestière à travers d’énormes réseaux de chaleur dans les villes, dans l’industrie papetière et dans les petites PME qui misent sur de petites bouilloires pour leurs procédés industriels. Plongeon dans le monde scandinave de la biomasse, à l’occasion d’un séjour dans ce pays.

Alors que le Québec misait sur l’hydroélectricité pour son développement énergétique dans les années 60, la Finlande se tournait plutôt vers l’utilisation de la biomasse forestière. À l’époque, la foresterie était vue comme un moyen de stimuler l’économie d’après-guerre, notamment pour payer l’énorme dette à l’Union soviétique (la Finlande a appuyé les Allemands au début de la guerre).

Cette tradition s’est perpétuée, si bien que la moitié de la population finlandaise est désormais chauffée par un réseau de chaleur à la biomasse. De plus, les centrales de cogénération génèrent près du tiers de l’électricité au pays.

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Par exemple, la ville de Jyväskylä, qui compte près de 135 000 habitants au centre-sud de la Finlande, détient Jyväskylän Energia, une société publique qui opère un réseau de chaleur de 469 kilomètres pour chauffer les maisons, les commerces et les industries. 

Pour fournir de la chaleur nécessaire, Jyväskylän Energia a investi dans une nouvelle bouilloire Amec Foster Wheeler d’une puissance de 495 MW à la centrale de Keljinhatu en 2010. Alors que la chaleur est vendue directement aux clients, selon leur consommation, l’énergie électrique est vendue sur le réseau national. Comme les clients peuvent choisir leur fournisseur énergétique, Jyväskylän Energia est condamnée à être performante. « Nous pouvons atteindre un taux d’efficacité de 90 % avec le réseau de chaleur, remarque Saila Pekkarinen, directrice des approvisionnements. Si nous produisions seulement de l’électricité, notre efficacité serait d’environ 45 %. »

Pour fournir de la chaleur nécessaire, Jyväskylän Energia a investi dans une nouvelle bouilloire Amec Foster Wheeler d’une puissance de 495 MW à la centrale de Keljinhatu en 2010. 

En moyenne, 70 camions par jour sont nécessaires pour fournir suffisamment de biomasse. Cette biomasse est récoltée à une distance maximale de 120 km, ajoute Mme Pekkarinen. 

Pour optimiser les opérations et pour éviter des bris de service, la société publique exploite également une deuxième centrale de cogénération, qui produit 85 MW, qui est utilisée en été, lorsque la consommation est plus faible. 

« Après avoir chauffé les bâtiments en ville, la chaleur résiduelle passe dans des tuyaux sous les routes pour faire fondre la neige, ce qui nous permet de refroidir l’eau que nous utilisons à nouveau », ajoute Saila Pekkarinen.

Malgré l’image idyllique de l’utilisation de la biomasse, tout n’est pas parfait, car près de 40 % de l’énergie est produite en brûlant de la tourbe, une matière renouvelable qui prend beaucoup de temps à se renouveler. « D’ici 2025, nous voulons faire passer la proportion de biomasse à 70 % », note cette dernière. 

Alors qu’Hikinoro a utilisé de l’huile pendant 20 ans, l’entreprise a fait le virage vers la biomasse en 2015. Alors qu’Hikinoro a utilisé de l’huile pendant 20 ans, l’entreprise a fait le virage vers la biomasse en 2015. 

Biomasse pour les PME 

À une quinzaine de kilomètres de la centrale Keljinhatu, l’entreprise Hikinoro, qui fabrique un milliard de semelles de chaussures à base de cellulose par année, a décidé de miser sur une bouilloire à la biomasse de 4 MW de KPA Unicon pour produire de la vapeur et de la chaleur dans son procédé industriel. « Nous avons installé une centaine de bouilloires comme celle-là pour produire de l’énergie et pour chauffer des petits villages d’environ 2000 habitants », souligne Olli-Pekka Aarnio, directeur des ventes de KPA Unicon. 

Alors qu’Hikinoro a utilisé de l’huile pendant 20 ans, l’entreprise a fait le virage vers la biomasse en 2015. « Nous avons baissé les coûts de production tout en réduisant notre empreinte carbone », soutient Jari Mäkelä, directeur général de l’entreprise qui exporte ses produits dans une cinquantaine de pays. 

Il faut dire que les consommateurs de biomasse peuvent se fier sur un solide réseau de distribution offrant plusieurs options en termes de sources et de qualité. On peut acheter des résidus de scierie, des résidus forestiers, des résidus de bois de construction, de la tourbe, et chaque produit a son prix. Par ailleurs, le prix n’est pas fixé par le poids, mais plutôt par sa capacité énergétique. Lors de la livraison de la biomasse, un échantillon est pris, avant d’être envoyé en laboratoire pour connaître son contenu énergétique, ce qui affectera le prix final versé par le consommateur.

Mais les bouilloires doivent aussi être conçues pour utiliser une telle variété de sources de biomasse. « On peut utiliser n’importe quelle sorte de biomasse qui a entre 30 et 65 % d’humidité », se réjouit Jari Mäkelä, qui a préféré payer plus cher, environ 3 millions d’euros, pour une bouilloire offrant plus de flexibilité.

« Avec une bouilloire plus flexible, les consommateurs peuvent choisir le type de biomasse qui leur convient le mieux », ajoute Olli-Pekka Aarnio.



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